Procès Sankara/La défense charge Jean-Pierre Palm

Le procès des assassins présumés de Thomas Sankara et douze de ses collaborateurs en 1987, se poursuit à Ouagadougou. Après des mois d’auditions des témoins et accusés, l’heure est maintenant aux plaidoiries.

Depuis hier, les avocats des parties civiles ont la parole. Et ce jeudi après-midi, le cas de Jean-Pierre Palm, devenu commandant de la gendarmerie nationale après l’assassinat de Thomas Sankara, a été évoqué. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Lors de sa plaidoirie, Maître Anta Guissé a remonté le fil du temps, plusieurs jours avant l’attaque du Conseil de l’entente et des années après, pour reconstituer ce qu’elle appelle « le puzzle de la culpabilité » de Jean-Pierre Palm.

Un curieux alibi

D’abord ses amitiés, avec Blaise Compaoré, mais aussi le député Cissa Drissé Kennedy de Pô, avec qui selon plusieurs témoins, Jean-Pierre Palm rédigeait des tracts incendiaires contre Thomas Sankara, bien avant son assassinat.

Ensuite son « curieux » alibi le jour de l’attaque : Jean-Pierre Palm avait rendez-vous chez le dentiste. Après avoir entendu des coups de feu, il s’est caché chez une connaissance où il est resté jusqu’au lendemain. « Étonnante attitude de la part d’un gendarme », commente l’avocate.

Et puis il y a ces écoutes du bureau de Blaise Compaoré et du sien, que les services de renseignement de la gendarmerie avaient réalisées et que Jean-Pierre Palm a fait disparaître, accompagné de mystérieux hommes blancs. Enfin son accession au commandement général de la gendarmerie nationale qui vient récompenser, selon Maître Anta Guissé, « le rôle crucial joué par Jean-Pierre Palm dans le complot contre Thomas Sankara ».

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Des cadavres trop abîmés

Quant au général Gilbert Diendéré, deux chefs d’accusation ont été évoqués hier : subornation de témoin et recel de cadavres. Des charges importantes, car selon Maître Séraphin Some, « elles entravent l’action de la justice ». En effet, non seulement dégradantes, les conditions d’inhumation des victimes, ont empêché, trente ans plus tard, les tests ADN ordonnés par l’instruction de les identifier clairement.

Les plaidoiries reprendront lundi matin. Les avocats des parties civiles doivent encore s’exprimer sur les charges d’assassinat et d’attentat à la sûreté de l’État, qui pèsent sur Gilbert Diendéré.

Source : RFI