Création du PPA-CI/ Le discours prononcé au congrès constitutif du Laurent Gbagbo est digne d’intérêt

Par Nazaire Kadia*

L’ancien chef de l’Etat de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo vient créer son parti politique, le PPA-CI. Un analyste politique porte un regard critique sur les ambitions de cette nouvelle formation.  

 Le PPA-CI est également porteur d’une offre politique qui va au-delà des frontières nationales. Ainsi, outre la volonté de reprendre le combat pour la consolidation de la démocratie en Côte d’Ivoire et in fine reconquérir le pouvoir d’Etat, le PPA-CI ambitionne de fédérer tous les partis politiques africains ayant une convergence de vue et d’approche avec lui, à l’effet de rendre plus efficace et plus efficiente la lutte pour la souveraineté de nos états.

A cet effet, le discours prononcé au congrès constitutif du PPA-CI par le président de ce parti, M. Laurent Gbagbo est digne d’intérêt, instructeur et surtout révélateur de son état d’esprit actuel, après dix ans d’incarcération.

Ce dernier a délivré un message « Urbi et Orbi », à la Côte d’Ivoire et à l’Afrique comme le ferait le Pape, à la ville et au monde. Dans l’adresse à la nation ivoirienne, on perçoit la volonté manifeste de l’homme d’aller à une véritable décrispation de l’atmosphère politique ambiante et à une politique « civilisée ».

Cela suppose que toutes les personnalités politiques et militaires, incarcérées dans le cadre de la crise postélectorale, soient élargies. C’est une question de logique. Il est incompréhensible que le principal accusé dont répondent ces hommes politiques et ces militaires, soit jugé, acquitté et libéré, et que ces derniers continuent de croupir dans les prisons ivoiriennes.

LIRE AUSSI :   Gabon : Ali Bongo réapparait officiellement aux côtés du Roi du Maroc à Rabat

Plus rien ne justifie leur présence dans l’univers carcéral. Il a également demandé le retour au bercail et en toute sécurité des exilés, conformément à la constitution ivoirienne, qui stipule qu’aucun ivoirien ne doit être contraint à l’exil. Ceux-ci doivent pouvoir revenir au pays sans craindre de l’Etat. Dans l’adresse du président Gbagbo délivrée au congrès, un message à l’endroit de l’Afrique a retenu l’attention. On y perçoit sa perception et sa vision de ce que doit être l’Afrique et ses rapports au monde. Il est de notoriété publique qu’en ce 21ème siècle, la richesse et la puissance appartiennent à des pays de grande étendue et de forte population : les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

Même les pays européens, certes riches, mais apparaissent comme des puissances de seconde zone, pris individuellement. L’ayant compris, ceux-ci s’évertuent à construire méthodiquement leur unité et parvenir à rivaliser avec les grands pays ci-dessus cités. Face à ces grands ensembles formés ou en formation, que peuvent les micro-états qui sont les nôtres ?

Que peuvent des bandes de terre de quelques milliers de km2, dotées d’un drapeau et d’un hymne national face à ces mastodontes ? La préoccupation des africains aujourd’hui, doit être de se rendre compte que pris individuellement, ils ne représentent rien, et ne peuvent pas rivaliser avec les grands de ce monde.

L’heure doit donc être à bâtir de grands ensembles pour survivre. Écoutons Laurent Gbagbo dans ce morceau choisi : « …quand tu vas à l’Elysée et que tu montes les escaliers, le président français descend les escaliers et la garde est là à droite, et tu la salues, tu te prends pour un grand. Mais est-ce que celui qui t’accueille te prend pour un grand ? Est-ce que la réalité te considère comme un grand ? La réalité des faibles, la réalité politique. Mes frères, tant que nous sommes dans des micro-états comme ça, nous ne sommes rien. C’est de là que part l’idée du panafricanisme… ». Cette vision panafricaniste de M. Laurent Gbagbo, est un grand défi à relever à l’échelle de notre continent et tous les leaders se doivent de se l’approprier.

LIRE AUSSI :   Syrie: l’Occident bizarrement muet face à l’attaque chimique à Alep

A peine né, le PPA-CI est, comme il fallait s’y attendre, attaqué de toutes parts. Des procès d’intention lui sont faits, sans qu’il n’ait eu à poser un seul acte. Un journaliste investigateur et spécialiste de la prospective autoproclamé, a réussi l’exploit de faire naître Mme Agoh Marthe, Présidente du Comité de Contrôle du PPA-CI, dans la région de la Mé, avec pour feuille de route, combattre le premier ministre Patrick Achy.

On peut faire ça ? On retiendra que depuis son retour de Bruxelles, Laurent Gbagbo semble être dans une autre dimension. Il parle peu et ne répond à aucune attaque. Il s’est affranchi de toutes les pesanteurs et de toutes les polémiques inutiles pouvant ralentir sa marche en avant. Demain nous situera. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai. Le navire PPA-CI vient d’être mis à l’eau, il ne reste plus qu’à lui souhaiter bon vent.

 Analyste politique*