Election de Joe Biden/Quelle politique pour l’Afrique !
Élu président des Etats-Unis depuis le week-end dernier, Joe Biden, envisage mener un politique en Afrique. Mais sur quel angle le prochain locataire de la Maison blanche compte utiliser pour satisfaire cette politique ! Pour comprendre cette orientation, le directeur Afrique du National Democratic Institute de Washington, Christopher Fomunyoh, donne s’explique sur ce qu’on peut attendre comme changements significatifs.
L’équipe de Joe Biden affirme vouloir appliquer du respect dans ses relations avec le continent africain. A quel changement peut-on s’attendre ?
Le monde entier s’attend à ce qu’il y ait une modification significative de la politique étrangère des États-Unis, parce que, pendant quatre ans, Trump a passé son temps à casser les alliances qui existaient entre les États-Unis et d’autres parties du monde, y compris l’Afrique. Parce qu’on a vu le mépris qu’il avait pour l’Afrique. Il n’a pas mis pied sur le continent, contrairement à ses prédécesseurs. Donc je crois qu’avec Joe Biden, il y aura une « re-modulation » de la politique américaine, vis à vis de l’Afrique, à commencer par une consolidation pour les pays africains, pour que l’Afrique soit portée dans les instances multinationales.
Dans la pure tradition démocrate, que peut-on s’imaginer concrètement ? Par exemple, que sur le plan économique on observe une continuité dans des programmes, comme l’Agoa ou Power Africa ?
Effectivement, l’Agoa avait été mis en place par Bill Clinton et tous les présidents américains, depuis lors, l’ont gardée en place. J’imagine que l’administration Biden va renforcer cet Agoa Power Africa qui a été mis en place par Barack Obama, car étant vice-président à l’époque, cela risque de rester. Et je me dis qu’il fera davantage pour la consolidation des relations avec des pays démocratiques. Il mettra également beaucoup plus l’accent sur le renforcement de la démocratie et de la transparence dans la gestion des finances publiques et dans la gestion de la chose publique. J’imagine aussi que, par rapport à certains défis auxquels l’Afrique fait face, notamment l’extrémisme violent, il sera beaucoup plus attentif, et surtout, va travailler en étroite collaboration avec des États africains pour combattre ce fléau.
En début d’année, le Pentagone avait, à plusieurs reprises, envisagé de retirer son aide militaire et logistique,- qu’en serait-t-il sous la présidence Biden ? Peut-on imaginer qu’il ait les coudées franches pour pouvoir revenir en arrière sur ce point-là ?
Je crois que oui. Surtout qu’heureusement, le plan envisagé au Pentagone, sous Trump, avait été stoppé – au niveau du Congrès. Je pense que maintenant, avec Biden à la tête de l’exécutif, les gens vont carrément mettre de côté ce genre de stratégie, parce que c’est une stratégie qui ne mène nulle part. Je pense que le nouveau locataire de la Maison blanche aura beaucoup plus de considération pour les armées africaines qui se battent au quotidien contre ce fléau. Il fera tout pour intégrer, aussi, leurs besoins et leurs recommandations dans la façon dont les États-Unis pourraient se battre à leur côté, mais tout cela commencera par une considération (respectueuse) de l’Afrique et des pays africains.
Joe Biden promet de changer radicalement la politique migratoire de son prédécesseur. Il veut, par exemple, annuler le Travel ban appliqué à certains pays, dont le Nigeria. Quel impact cette mesure pourrait-elle avoir ?
Cela aura un impact très – significatif. -N’oublions pas que pour beaucoup d’Africains et beaucoup de minorités vivant aux États-Unis, la politique migratoire de Trump avait vraiment un côté très raciste. On sentait qu’il ne voulait pas que les gens puissent avoir l’opportunité de venir aux États-Unis, (s’ils venaient) de certains continents y compris d’Afrique. Je crois que ce changement envisageable sous l’administration Biden va ouvrir des opportunités aussi aux Africains qui souhaiteraient migrer vers les États-Unis d’Amérique.
Ce volet raciste c’est vraiment ce qui a aussi mobilisé les communautés noires. Il porte l’espoir pour beaucoup d’Africains, qu’ils auront aussi leurs opportunités, comme tous les immigrés, d’ailleurs. Parce que les États-Unis sont un grand pays, mais c’est un pays fait d’immigrés, donc il va falloir que chacun puisse avoir son opportunité, sans tenir compte de sa race d’origine.
Source : rfi.fr avec afriquematin.net