Baarak – Alkebulan : Un Rappeur centrafricain émérite.
Par Justin Kassy//Afriquematin.net
Le cercle de la famille du Rap africain s’agrandit. Un nouveau nom vient d’être inscrit sur le fronton de celui-ci. Il s’agit de Baarak- Alkebulan, un jeune centrafricain né d’un père Diplomate en 1978 à Bangui. Son choix pour ce genre musical se justifie par sa volonté farouche de dire la vérité, rien que la vérité. Car, dit-il, « si nous voulons que l’Afrique, la terre de nos ancêtres, connaisse le développement tous azimuts auquel elle aspire, il faut que ses fils qui, souvent conduisent ses rênes, cessent d’être sempiternellement les valets de l’occident. » Tel se présente ce Rappeur centrafricain accueilli par la Guinée avec sa famille, pour des raisons politiques. Exprimant cet caractère qui bouillonnait déjà en lui depuis l’enfance, Baarak- Alkebulan jette son dévolu sur un genre musical qui se veut dur et frappe là où il fait mal : le Hip Hop.
En 1990,Baarak- Alkebulan et des amis : BiggaJhona et Slasha forment « les Black Suns », avant l’avènement du Rap en Guinée en 1991. Baara-K sera un des précurseurs de « Africa Up », le tout premier mouvement Rap qui se disloque quelques temps plus tard.Mais par son courage inébranlable, Baara-K met sur pied son deuxième groupe, les « Rats of Sewer » avec lequel il fait ses premiers concerts. En 1994, Baara-K et ses pairs de l’époque créent le deuxième mouvement « le Rap Koulet ». Après, il crée le groupe « les Syn10K » composé de :Vinny La Testa, Daye AlassaneKing et Big Pappel avec lequel Baara-K connaît ses premiers succès.En 1996, son groupe participe à sa première compilation d’artistes Hip Hop en Guinée du même nom le « Rap Koulet ». Cette compilation regroupe : Pap Soul, Raisonnable Djely, Negros Spirituel, etc. Mais le « Syn 10k », le plus underground et hardcore de l’époque aura maille à aller avec les autorités du pays à cause de ses titres qui ne caressent pas le pouvoir dans le sens du poil, ce,depuis l’ère du défunt Président Condé jusqu’à aujourd’hui. Mais cette interdiction n’entame en rien sa popularité soutenue par une solidarité agissante des artistes à travers des concerts et des featurings à l’actif du groupe. En 1999, c’est la dislocation de « Syn 10K ». Baara-K se retrouve seul, mais son Manager Abdoulaye Diallo l’aide à sortir en solo, un album avec le label « Killpoint- productions ». Il rencontre alors MastaHams. Ensemble, ils sortent « Alkebulan ». (Mot d’origine égyptienne, signifie : les hommes à la peau brûlée.) Selon Cheick Anta Diop, Alkébulan est le premier nom donné au Continent africain. C’est le déclic pour ce duo. D’abord « Alkébulan » sera le titre le plus populaire et avant-gardiste de l’album. Il sera à l’affiche dans tous les événements musicaux. Ensuite, il participe au premier Festival international de Hip Hop en Guinée (1erau niveau de l’Afrique de l’Ouest) auprès de groupes sénégalais : positifs Black Soul, Yattfou, des groupes du Mali et du Burkina et « Troisième Œil », un groupe français avec lequel Alkébulan interprète un titre sur scène au Centre culturel franco-guinéen. Au sortir de cette 2ème édition en 2001, Alkébulansort « Pidji Didi », sa première œuvre musicale. Le talent du groupe est indéniable. Le Centre culturel français par l’entremise du ministère de la culture et l’Ambassade de France permettent à Alkébulan d’organiser en tant que formateurs, des ateliers sur la technique d’écritures sur la musique Hip Hop. Ils sortent de là diplômés par l’Etat guinéen pour cette nouvelle expérience. Ils sont sollicités par Elie Kamano pour un featuring à la faveur de son premier album. Les compilations et projets humanitaires suivront. Alkébulan devient en ce moment précis, le groupe-phare du Rap guinéen des jeunes. « Tribunal Hip Hop » est une compilation dont le succès sera planétaire. Alkébulan enregistre, cette même année, son second album dédié à l’Afrique et à sa jeunesse. Un souci : l’œuvre est bloquée par les institutions musicales qui la jugent « trop avant-gardiste pour la Guinée, leur but étant d’éveiller les consciences ». Mais en 1999, c’est la censure de la Présidence. En dépit de toutes ces difficultés, l’album « Jah Bless Afrika » sort en 2004. Le groupe se frotte les mains au plan commercial. Le groupe est élevé au rang de Star du Hip Hop en Guinée. Ce qui l’ amène à travailler avec des Stars guinéennes : Petit Condé, Junior Fuzza, Joe Djoubaté… Avec le ténor Morry Djelly Dine Kouyaté, ils appâtent le public, grâce à l’apport non négligeable du clip « Nanfoulein » diffusé régulièrement sur Africable. L’école française de Conakry utilise les titres et le concept d’Alkébulan pour motiver la jeunesse. En 2003, il signe sa collaboration sur l’album de Prisse4, Beny complilation1 et 2-2003 et de nombreux autres projets artistiques. Baara-K est sollicité en solo sur l’album d’Elie Kamano, pour la compil « lutte contre le VIH » en fearturing avec le « Kill point » et le groupe sierra léonais « Jungle leaders ». Les cinq années de Baara-K sontpleines. D’abord avec les artistes, ensuite le pays pour des projets humanitaires sur la scolarisation des jeunes filles, l’insalubrité, la sécurité routière par l’organisation de manifestations sportives ou culturelles. Alkébulan initie une formation pour des jeunes en technique d’écriture Rap, grâce à l’aval du ministère des Arts et de la Culture et de l’Ambassade de France. En 2006, l’artiste Baara-K retrouve sa famille en France pour continuer sa carrière solo. Il reviendra en Guinée plus tard à la faveur du Festival Anéné, organisé par l’association d’Admiral Cim, le plus grand festival jamais réalisé en Guinée. Ce festival a accueilli de nombreuses stars étrangères, et nationales, notamment : Daddy Morry, Lyricson, Yaniss Odoua, Mc Janick, Alkébulan, Takana Zion.
En France, Baara-K découvre rencontre des difficultés. Mais en 2008, encouragé par ses amis, il se lance dans la conception de son premier album solo plus moderne avec un mélange de styles, pour un besoin, sans nul doute, commercial. Pour cet album, il a travaillé avec DJ Redeyes qui, a laissé en son temps, des marques sur l’album de Maître Gim’s, MHD et tant d’autres, et fait un featuring avec Takana Zion, Lyricson et Kamosis, en qualité de choristes.
En 2010 Alkébulan participe à la compilation « Unité en Guinée » sur le titre « Tous ensemble », avec toutes les stars guinéennes du moment. L’année suivante, Baara-K sort« Uranium appauvri » en indépendant enFrance mais pas en Afrique avec l’aide de Majesty et Prince Kintaro. La promo ne prend pas. Le succès ne suit pasbien que l’œuvre caracole sur YouTube. Le découragement semble avoir quelque peu raison de Baara-K. En 2017, il rencontre en France Moukby, un pair, pour une collaboration.Il le conseille de travailler avec une structure qui œuvre pour la promotion des artistes Africains en France. Il en profite pour relancer « Uranium appauvri » et organiser des spectacles en Guinée et en France. Dans sa foulée, Baara-K annonce la réalisation d’un nouvel album avec de nouveaux titres chocs. L’artiste renaît à la vie après cette traversée du désert. Pour Baara-K, « l’histoire s’écrit sur le terrain en direct ». Et il est en train d’en écrire une,la sienne.