Pourquoi la chauve-souris est-elle pointée du doigt concernant la pandémie de Covid-19?

Un virologue de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) explique pourquoi les chauve-souris, animaux suspectés d’être porteurs de nombreux virus dont celui responsable de la pandémie de Covid-19, sont une espèce-réservoir idéale. Il a publié ses conclusions dans un article sur le site du média scientifique Conversation.

Les chauves-souris sont suspectées d’avoir joué un triste rôle dans la pandémie de Covid-19 qui fait rage depuis plusieurs semaines. À cette occasion, Éric Leroy, directeur de recherche et virologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) revient dans son article paru le 23 mars dans Conversation, sur la place de ces mammifères dans la transmission de toutes sortes de virus.

«Au total, plus de 60 virus ont été détectés à partir d’organes, du sang ou des excréments de chauves-souris, un nombre bien plus élevé que chez les autres espèces animales», indique le chercheur.

L’ancienneté et la grande diversité des espèces

M.Leroy note que la diversité biologique a permis aux chauves-souris de coloniser de vastes zones géographiques et différents écosystèmes. Ainsi, ces animaux, très divers par leurs taille, régime alimentaire et mode de vie, comptent plus de 1.200 espèces, ce qui représente près de 20% de l’ensemble des mammifères.

Ces animaux anciens vivent par ailleurs en colonies qui peuvent compter des milliers d’individus, «conditions optimales pour une large diffusion des virus au sein des colonies», indique le virologue.

«Caractéristiques physiologiques propices à la persistance des virus»

Une autre raison qui explique la prédisposition des chauves-souris à héberger les virus c’est leurs caractéristiques physiologiques. Ces dernières, explique le chercheur, sont propices à la persistance des virus à long terme.

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Il explique par ailleurs qu’avec leur longévité exceptionnelle pour des animaux de petite taille, qui va de plusieurs années jusqu’à 40 ans, ces animaux restent infectieux pendant de longues périodes.

S’ajoute à cela, la période d’hibernation favorable elle aussi à la persistance des virus.

«L’état d’hibernation s’accompagne d’une hypothermie, d’une diminution du rythme cardiaque et d’un ralentissement général du métabolisme qui contribueraient à la persistance du virus dans l’organisme,» détaille le virologue.

De fréquents contacts avec l’homme

Finalement, la dernière raison pour laquelle les chauves-souris seraient un réservoir idéal de virus transmissibles à l’être humain, est liée à leurs contacts fréquents.

Le spécialiste affirme: «De nombreuses espèces séjournent dans des gîtes naturels fréquentés par les êtres humains (grottes, caves, frondaisons des arbres) ou des endroits créés par les hommes (toits des maisons, combles mines désaffectées…). De même, les espèces frugivores consomment fréquemment les fruits des arbres fruitiers cultivés dans les villages.»

Chauve-souris – pangolin – être humain

L’expert a par ailleurs précisé que «bien qu’une transmission directe de la chauve-souris à l’être humain soit quasi certaine, l’implication d’autres espèces animales intermédiaires –civettes ou pangolins– est envisagée.» Dans le cas du Covid-19, c’est un pangolin qui, vraisemblablement, a transmis le virus à l’homme, conclut-il.

Sputniknews