Bénin : 2 morts lors d’affrontements avec la police dans le fief de l’ancien président

eux civils ont été tués et six policiers blessés lors d’affrontements qui ont éclaté mercredi entre les forces de l’ordre et des habitants de Savè, ville du centre du Bénin, fief de l’ancien président Boni Yayi et principal opposant au chef de l’Etat Patrice Talon.

Après une semaine d‘échauffourées, parfois émaillées de violences, “au cours d’interpellations, aux environs de 10h00, des individus ont ouvert le feu sur les éléments de la police blessants grièvement six agents”, a déclaré Adjima Kalifa Djimila, procureur au tribunal d’Abomey.

“Les forces de sécurité ont fait usage de leurs armes à feu pour se dégager de cette situation”, a-t-il affirmé, justifiant les tirs à balle réelle par de la légitime défense.

“A la fin des opérations, il a été dénombré deux morts et des blessés parmi les suspects”, a conclu le procureur.

Des affrontements ont éclaté la semaine dernière dans cette petite commune, le fief de l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi, principal adversaire du président Patrice Talon, à la suite de l’arrestation de l’un des meneurs présumés des manifestations post-électorales de juin dernier.

La situation restait très tendue, et la circulation parfois coupée sur la route nationale qui traverse la commune. “Nous sommes terrés chez nous. Nous n’allons même pas travailler”, a confié jeudi après-midi Gratien Gandonou, un habitant de la ville.

En début de soirée, le calme était toutefois revenu selon les résidents contactés par l’AFP.

‘Longue crise politique’

“Nous dénonçons un usage illégal et disproportionné de la force avec des tirs à balles réelles tuant deux personnes officiellement”, a réagi l’opposant béninois en exil, Leonce Houngbadji, dans une interview à l’AFP.

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“La situation à Savè actuellement est dramatique. Le chef de l’Etat doit d’urgence y mettre fin et garantir que l’armée et la police respectent les droits de l’Homme”, a réclamé le président du Parti pour la libération du peuple (PLP) et proche de Boni Yayi.

Dans une interview sur une radio locale en début de semaine, Bio Samba Mohamed, commissaire de police de Savè, avait mis en garde les populations, les invitant à éviter les attroupements, et accusant des “miliciens” d’ouvrir le feu sur les forces de sécurité et de se “cacher derrière les populations civiles”.

Les circonstances de ces violences restent floues et les autorités tentent de les séparer du contexte politique.

Or, une grave crise politique secoue le Bénin depuis les élections législatives contestées d’avril 2019, auxquelles les partis d’opposition n’avaient pu se présenter. Les principales figures d’opposition vivent désormais en exil.

Mais la commune de Savè, qui soutient l’ex-président Boni Yayi, dont la maison à Cotonou avait été encerclée par les forces de l’ordre pendant des semaines avant son départ en exil, avait déjà été le théâtre de violents affrontements en juin dernier.

La population et les forces de sécurité avaient échangé des tirs, qui avaient déjà fait deux morts parmi les civils et plusieurs dizaines de blessé parmi les forces de l’ordre.

Les observateur politiques locaux, de leur côté, lient directement ce mécontentement de la population au contexte politique. “C’est une crise au long cours”, explique à l’AFP, un politologue émérite du Bénin, qui ne préfère pas que son nom soit cité dans la presse.

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“Si les questions de fond de la crise ne sont pas réglées, alors nous ne pouvons pas être surpris de voir des événements comme ceux-ci resurgir (…) et cela laisse craindre une banalisation de la violence”, estime cet expert.

Le président Patrice Talon avait tenté de résoudre la crise politique dans un dialogue mené avec des partis d’opposition, mais les principaux partis n’y avaient pas été conviés.

AFP