Violences sexuelles pendant l’enfance : comment aider votre conjoint(e)

Partager sa vie avec une personne victime d’une ou plusieurs agressions sexuelles durant son enfance nécessite de la patience, de la compréhension et beaucoup d’écoute.

Les récentes études conduites par l’UNICEF, l’OMS et l’association Mémoire Traumatique et Victimologie dressent un constat alarmant à propos de la reconnaissance et de la prise en charge insuffisantes des victimes de violences sexuelles, en particulier celles qui touchent les enfants. Une enquête montre que près de 81% des victimes avaient moins de 18 ans au moment des faits, 51% moins de 11 ans et 23%, moins de 6 ans.

Dans 94% des cas, les violences sont commises par des proches, et dans 52% des cas, par des membres de la famille. La victime est donc condamnée au silence et grandit en gardant le poids de ce secret. Or, « les violences sexuelles font partie des pires traumas, et la quasi-totalité des enfants victimes développeront des troubles psychotraumatiques », estiment les auteurs du rapport.

Les conséquences de ce type de traumatisme peuvent ressurgir à l’âge adulte, au sein d’une relation amoureuse. Dans ce cas, le(a) conjoint(e) peut se retrouver démunie, sans savoir quelle attitude adopter pour aider la personne qu’il aime à surmonter cette épreuve.

Que faire ?

S’armer d’une grande dose de compréhension, d’écoute et de patience peut sembler ne pas suffire, mais c’est un bon point de départ, d’après le Centre de recherches internationales et de formation sur l’inceste et la pédocriminalité (Crifip). Ne pas minimiser l’agression, soutenir la victime sans la diriger, être présent quand il a besoin de parler et être coopératif sur le plan sexuel, font partie des règles de base à appliquer d’après le livret rédigé par l’association à l’adresse des conjoints.

« La première réaction est très importante », explique Marie-Ange Le Boulaire, présidente de l’Association nationale pour la reconnaissance des victimes, « certaines personnes se sentent soulagées car la violence subie par l’autre explique souvent des comportements incompris auparavant, mais d’autres personnes réagissent parfois en culpabilisant la victime et en l’accusant de ne pas en avoir parlé plus tôt. » Une erreur à ne pas commettre, car le conjoint doit avoir un rôle de soutien, sans juger le partenaire.

Mais si ce soutien est essentiel, les auteurs du livret rappellent que « vous aiderez votre conjoint en vous concentrant autant sur vos propres besoins que pour les siens ». Respecter ses limites permet de préserver une relation équilibrée au sein du couple.

« La victime peut faire des crises face à la personne la plus proche d’elle et la prendre pour cible. Le conjoint doit prendre du recul, être honnête, ne pas se dire qu’on peut tout résoudre et, au contraire, l’orienter vers des professionnels de santé qui seront capable de l’aider », indique Marie-Ange Le Boulaire.

Des groupes de soutien pour partager son expérience

Entre autres, éviter d’assumer le rôle de la personne qui se charge de tout et savoir apprécier la relation pour ce qu’elle est, sans essayer de l’idéaliser, vous aidera à évoluer dans de bonnes conditions.

Le Crifip rappelle que vous n’êtes pas la seule personne à vivre cette situation : « Assurez-vous d’avoir un appui à l’extérieur de votre relation. Cet appui peut prendre la forme d’un conseiller, d’un ami ou d’un groupe de soutien, ou des trois à la fois. »

L’association « Le monde à travers un regard » organise d’ailleurs un groupe de parole à Paris un samedi matin par mois. Partager son expérience avec d’autres personnes qui traversent les mêmes épreuves et apprendre comment ils ont affronté et résolus leurs problèmes peut vous aider considérablement.

Votre conjoint(e) peut s’en remettre

Si le processus de guérison peut durer plus ou moins longtemps, selon la personne et le type d’agression subie, c’est important de ne pas oublier que le conjoint peut s’en sortir. La communication que vous aurez établi avec votre partenaire permettra de bâtir une relation de confiance vous et d’affronter plus facilement toutes les épreuves futures.

Selon l’expérience de Marie-Ange Le Boulaire,  « s’il existait déjà un lien fort entre les deux personnes avant la révélation, surmonter cette épreuve renforcera probablement ce lien. Si, au contraire, le couple traversait déjà des crises, elle peut faire ressurgir des problèmes et le briser pour de bon. »  Chaque famille s’adapte à cette situation à sa façon. Si pour certains, le chemin est très long, pour d’autres, le déclic de la révélation est suffisant pour se débarrasser du poids de l’agression.

Source : santemagazine.fr