Exclusif-Cpi / Probable libération de Gbagbo : Un diplomate lance un appel aux partisans de Laurent Gbagbo.

Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net

Nul doute. Rien ne va au sommet de l’Etat. Les relations entre la communauté internationale et le pouvoir Ouattara depuis la chute de Laurent Gbagbo à la suite des élections controversées de 2010 sont tendues. La probable libération de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé le mardi 15 janvier 2019 en rajoute davantage. La véritable cause de ce divorce selon cette source diplomatique, l’échec du gouvernement Ouattara en matière de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.

« La communauté internationale en soutenant Ouattara pour la gestion du pouvoir en Côte d’Ivoire avait inscrit sur l’agenda du Président Ouattara, la réconciliation nationale. Dix ans de pouvoir, elle constate que les ivoiriens sont plus divisés que jamais. Elle veut revoir sa copie », nous affirme le diplomate. Il poursuit : « Les trois piliers du pouvoir ivoirien depuis la chute de Laurent Gbagbo ne sont plus en phase. Désormais, le divorce entre le duo Bédié-Soro et Alassane Ouattara est consommé. La relation entretenue par Guillaume Soro avec certains pro-Ouattara est tendue », nous raconte la source diplomatique qui croit en savoir davantage. Selon elle, la Côte d’Ivoire est un pays économiquement rentable pour l’Union Européenne. D’où de véritables investissements : « S’il n’y a pas de paix, ce sera un véritable fiasco pour la communauté internationale. Il faut donc instaurer la paix, une véritable paix entre les ivoiriens, mais aussi entre eux et toutes les populations qui vivent sur le sol ivoirien. Or, sur ce plan, c’est véritablement un échec du pouvoir Ouattara selon cette communauté internationale », affirme t-il avec force.

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Mieux, nous dira cette source diplomatique, le pouvoir Ouattara n’a pas été capable d’organiser les élections démocratiquement. « Le président Alassane Ouattara n’est plus aux yeux des ambassadeurs de l’Union européenne, l’homme de la stabilité. Celui en qui ils croyaient. Au départ, ils voyaient en lui, un véritable homme politique rassembleur pour la Côte d’Ivoire et la sous-région ». A la question de savoir si cela est lié au rapport de l’Union Européenne publié par l’Afp en son temps et repris par les autres médias et les réseaux sociaux ? Il répond aussitôt. « Oui. Depuis que ce rapport conjoint dont l’on ne sait comment il a atterri dans les bureaux de l’Afp pour sa publication, il fallait déjà comprendre que la communauté internationale l’avait déjà lâché. Le reste n’était plus une question de temps. Et c’est pour bientôt parce qu’elle veut revoir sa copie ».

Pour le diplomate, les autorités ivoiriennes se montrent de plus en plus fermées aux critiques internes et externes. Ils ne veulent lâcher aucun pouvoir. Partout c’est la restriction progressive des espaces de libre expression. Ce qui peut déboucher sur une contestation sociale et cela n’augurerait rien de bon pour l’échéance de 2020, malgré les assurances que donne le Président Ouattara. Comme solution, nous affirme-t-il « La communauté internationale lorgne du coté de la Haye. Aujourd’hui, plusieurs experts pensent qu’après avoir fait défilé 82 témoins à charge, contre Laurent Gbagbo et Blé Goudé, lui avoir refusé 13 fois la liberté provisoire, le dossier de l’ex-président est vide : mais comment les fidèles de Laurent Gbagbo pourront t-ils garantir la paix après la libération de leur mentor » ? « Quels seront les grands axes de sa politique après sa libération » ? Ses partisans pourront-ils le suivre dans cet effort de réconciliation nationale pour une paix durable en Côte d’Ivoire » ? Autant de questions que se pose la communauté internationale avant toute décision prise à la Cpi pour sa libération ou non. 

C’est pourquoi, l’audience du 15 janvier à la Cpi est le tournant décisif de l’avenir politique de la Côte d’Ivoire. Pendant que cette communauté internationale analyse, Laurent Gbagbo génie politique le sachant, a déjà lancé les premiers ballons d’essai à travers Assoa Adou, le secrétaire général du front populaire ivoirien qui affirmait sur Rfi : « La Côte d’Ivoire a besoin de paix ». Sera-t-il suivi dans cette recherche de la paix par ces milliers de personnes qui depuis des années ont toujours réclamé la libération de l’ex- Président Gbagbo et de son ex-ministre Charles Blé Goudé ? La balle est dans leur camp pourrait-on dire.