Jean-André Ahipeaud (PDG de J3A Technologie)  : « une université Technologique pour permettre aux jeunes ivoiriens de concevoir des produits électroniques » 

Par Léon SAKI coll. Ahoussy – Afrique Matin.Net 

Rentrer au pays pour mettre ses compétences au service des ivoiriens et participer au développement économique de la Côte d’Ivoire à travers son université et son unité de montage de smartphones, tel est le rêve que livre Jean-André Ahipeaud PDG de J3A Technologie dans cette 1ère partie de son interview. Malheureusement il se trouve confronté à une grande injustice. La deuxième partie de l’interview, qui paraîtra lundi prochain, montrera comment le sieur Dembélé Ousmane et la justice ivoirienne tente d’exproprier le jeune cadre ivoirien de son terrain à Abatta (Bingerville) acquis en 2007 pour y installer une université et une unité de haute technologie.    
 

Vous avez décidé de vous mettre au service de votre après une longue expérience à l’extérieur. Parlez-nous de l’entreprise que vous avez installée?  

J3A Technologies est une entreprise qui a trois pôles. Nous avons  une division ingénierie des systèmes d’information, une division conseils en stratégie et depuis quelques années, une division électronique. La division ingénierie des systèmes d’information conçoit les logiciels à la demande ou des logiciels déjà conçus et qu’on vend à des clients d’un secteur d’activités principalement les banques, les maisons d’assurances. La division conseils en stratégie conçoit des plans stratégiques, donne  des conseils stratégiques en management, conseille pour la gestion, l’amélioration des processus de toute organisation privée ou publique et initie aussi des sessions de formation des comités de direction des  entreprises.   La division électronique conçoit et distribue des smartphones et des  tablettes hautes performance sous la marque Saturn.
Vous êtes également dans la formation ?
Oui nous faisons de la formation en management, en stratégie et en ingénierie.
En ce qui concerne les trois pôles cités plus-haut, à quel niveau intervient la formation ?
A part l’ingénierie grand public, le pôle conseil en ingénierie informatique gère aussi les formations qui  concernent  l’ingénierie informatique. Le pôle conseils en stratégie gère les  formations qui concernent le management et l’optimisation des processus des entreprises.
Depuis quand vous êtes installés à Abidjan ?
Officiellement, on a réactivé l’entreprise en septembre 2016. Avant on était là, mais à cause de la crise, l’activité n’était pas développé. N’empêche on a quand même conçu un certain nombre de projets ici.
Qu’est-ce que votre entreprise entend apporter de nouveau dans le domaine de la technologie en Côte  d’Ivoire ?
J’ai fait toute mon expérience professionnelle en Europe. Ma chance comme le diraient certains, j’ai  commencé dans de grands groupes.  Dans la banque,  l’assurance. Cela m’a mis en contact avec des compétences d’origines diverses, multiculturelles. Cela a surtout permis mon développement personnel et permis d’être un niveau de productivité très élevé. Revenu au pays mon objectif est d’appliquer ce que j’ai appris en Europe ici  en Côte d’Ivoire pour impacter positivement l’écosystème économique ivoirien. J’ai aussi appris comment les pays comme l’Inde, la Chine se sont rendus indispensables à l’économie mondiale grâce à la mise à disposition des ressources humaines très qualifiées. Ces ressources humaines ont été formées par des gens comme nous.
Des indiens, des chinois qui ont été en Europe, aux Etats-Unis sont retournés chez eux et ont mis leurs compétences au service de leur pays. Permettant ainsi au bout de cinq, dix, quinze ans à un plus grand nombre de personnes de s’accaparer les compétences techniques des grands acteurs occidentaux. Quand je viens ici c’est pour mettre mes compétences au service de la Côte d’Ivoire et puis à mon niveau, permettre la formation d’autres ivoiriens dans les domaines de compétence et d’excellence qui sont les miens. C’est de permettre que ces compétences soient divulguées au plus haut niveau pour d’autres ivoiriens. C’est comme les USA à la sortie de la guerre qui décide d’aider les pays européens pas, par amour pour les pays européens, mais parce qu’ils ont besoin de marchés extérieurs. Car si ceux qui sont censés leur acheter les produits n’ont pas les moyens de le faire, leurs produits ne serviront à rien, une fois que le marché américain aura été fourni. Le surplus ne servira à rien. Venir en Côte d’Ivoire et former les ivoiriens pour élargir l’écosystème technique, intellectuel pour que nous créons tous de la valeur pour nous mêmes et pour le pays c’est l’objectif de J3A Technologies qui a 17 ans d’existence en Europe.
Ici, on parle de la fuite des cerveaux mais vous, vous êtes revenus au pays en vue de l’aider à se développer.  Quel accueil les autorités de ce pays vous ont réservés ? 
Les rapports sont à deux niveaux. Officiellement, il y a quelques années, j’ai été en contact avec le ministre Sydi Touré. C’est resté juste au stade des contacts. Nos relations n’ont pas évolué. J’avais demandé à ce que l’AGEPE (l’Agence Emploi Jeune) m’accorde un prêt pour pourvoir construire l’usine de montage de tablettes et des smartphones ici en Côte d’Ivoire. J’ai introduit mon dossier mais ça n’a pas abouti. Le contact officiel avec les autorités s’est arrêté là.  J’ai des contacts avec de nombreux amis qui ont été appelés à des postes de responsabilités dans l’administration. Avec eux, j’ai juste des contacts amicaux.
Est-ce que votre projet a déjà connu un démarrage ici en Côte d’Ivoire ?
N’ayant pas reçu de suite auprès du ministère de la Jeunesse, je me suis donné les moyens de pouvoir commencer mon projet en attendant plus tard que de bonnes volontés viennent à mon aide. A cet effet j’ai un terrain que j’ai acquis depuis 2007 et dont j’attends les documents définitifs. Le terrain de 3000 m2 se trouve à Abatta et clôturé depuis 2010.  C’est sur cet espace que j’ai décidé d’implanter ce projet. Ce qui est intéressant, c’est de savoir que monter le matériel ici est la finalité du projet parce que pour pouvoir le faire il faut des gens capables de rassembler. Si ce n’est pas le cas on peut mettre la plus majestueuses unité d’assemblage, de fabrication des composantes, si on n’a pas les ressources humaines, on n’ira nulle part. Donc sur mon terrain d’Abatta j’ai décidé de construire l’Université Technologique pour apprendre aux jeunes ivoiriens à concevoir des produits électroniques grands publics et ensuite à les assembler. Tous ceux qui vont passer par l’université technologique ne vont pas nécessairement travailler pour moi. Par contre ils vont recevoir les formations, les compétences techniques requises pour travailler pour d’autres opérateurs ou même pour lancer d’autres projets similaires au mien. Une fois que l’université technologique aura été mise en place on ajoutera plus tard l’unité d’assemblage à côté.
Vous avez déjà une idée du coût de réalisation de cette université ?
J’ai les plans. Ce projet va coûter 6 milliards F CFA, si on démarre les travaux avant la fin de cette année. Si on tarde il y aura un surenchèrement des coûts à cause de l’inflation qui aura une incidence sur toutes les charges.  6 milliards avec l’aide de partenaires étrangers dans la construction de l’université technologique et la mise à disposition de l’université d’assemblage, l’équipement, etc.
 
 
 
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