Quand la recomposition du paysage politique ivoirien annonce la chute libre du RDR

Par Jean Levry – Afrique Matin.Net

En politique, les alliances se font et se défont au gré de l’évolution de la situation et du contexte. Et la Côte d’Ivoire offre actuellement la plus belle illustration de cette théorie de sciences politiques. Après le divorce consommé entre le PDCI et le RDR, pour ne pas dire entre le RHDP et le PDCI-RDA, le paysage politique ivoirien est pleine recomposition. De nouvelles alliances sont en cours, pendant que le parti au pouvoir, de plus en plus esseulé et isolé  se retrouve en chute libre.

Un leader politique disait récemment lors d’un meeting qu’ « aucun marabout n’est capable de dire qui sera le prochain président de la Côte d’Ivoire ». Mais, il ajoutait que le parti au pouvoir, le Rassemblement des républicains (RDR) quittera le pouvoir en 2020. Cette analyse, qu’on pourrait taxer de n’être que l’opinion d’un homme politique, s’avère juste dans la mesure où les évènements qui se déroulent en Côte d’Ivoire depuis bientôt deux mois, tendent à réduire le parti du président Alassane Ouattara à peau de chagrin.

Entre autres évènements, on peut citer l’Assemblée générale constitutive du RHDP unifié (la transformation de l’alliance des houphouetistes en un parti réunissant tous les partis signataires de la charte de 2005) qui a été boudée par le président Henri Konan Bédié et son parti le PDCI. Dans la foulée, les ‘’jérémiades’’ d’Alassane Ouattara, le président d’honneur du ‘’RHDP unifié’’ n’ont pu toucher le cœur président Bédié qui a pondu un communiqué pour annoncer le retrait du PDCI du RHDP. Et pour ne pas arranger les choses pour le RDR, le PDCI a aussitôt tendu la perche au Front populaire ivoirien (FPI) avec une rencontre au sommet entre les leaders Bédié et Affi N’Guessan.

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« Quand un laisse, un autre prend », ironisent les Ivoiriens pour caricaturer la situation politique en Côte d’Ivoire.

Quand cela intervient juste au moment où des mentors du parti de Gbagbo, notamment Simone Gbagbo, Assoa Adou et Moïse Lida Kouassi, sortis de prisons, sont prêts à reprendre la lutte là où ils l’ont laissé, avec un seul objectif : faire partir Alassane Ouattara et son clan du pouvoir en 2020, la coupe est bien pleine pour le régime d’Abidjan.

Aussi, le vendredi 17 août 2018, plus de 20 partis politiques, syndicats et organisations de la société civile mettaient-ils sur pieds une plateforme dénommée « la Convergence pour l’Etat de droit et la démocratie » en abrégé CEDD avec le même objectif que celui des partisans de Gbagbo.

On peut le dire, ce qu’a toujours craint le RDR, c’est-à-dire, une alliance PDCI-FPI est en train de se réaliser. Et d’autres fronts s’ouvrent contre le régime. Peur panique donc chez les républicains quand ils savent qu’ils ont, non seulement en leur sein de nombreux frustrés qui pourraient les sanctionner dans les urnes,  mais aussi avec eux des alliés sans poids réels (UPDCI, MFA et PIT divisés) dont les leaders ne cachent pas leurs attentions de se la jouer solo en 2020. Le cas d’Albert Mabri Toikeuse de l’UDPCI est éloquent.

A cette allure, la recomposition du paysage politique ivoirien pourrait définitivement sonner le glas du RDR qui, en 10 ans de pouvoir, n’aura pas réussi à réconcilier les ivoiriens et conserver ses alliés avec lui.