Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, annonce un changement majeur de l’algorithme de son fil d’actualité, qui aura des conséquences directes pour les utilisateurs et les médias. Explications.
« La priorité sera donnée aux contenus et aux partages de votre famille et de vos amis », cette annonce du grand patron de Facebook a de quoi faire frémir les médias et le monde des réseaux sociaux. Oui, Facebook revoit (encore) son algorithme et ce changement arrive dans un contexte de crainte et fait suite aux tests récents, à la chasse aux fake news et aux rumeurs évoquant la séparation du fil d’actualité pour laisser plus de place aux contenus d’amis. Cette annonce est d’autant plus attendue que l’inquiétude grandissait ces derniers temps au sein de nombreux médias d’actualité dans le monde, constatant une baisse de leur trafic en provenance du réseau social de l’ordre de 10 à 15 %, explique Greg Piechota, chercheur à l’université d’Oxford et d’Harvard.
Un fil d’actualité conditionné par d’autres priorités
« L’un de nos gros points de préoccupation pour 2018 c’est de nous assurer que le temps que nous passons tous sur Facebook est du temps bien dépensé », confirme Mark Zuckerberg sur son profil personnel -. Ainsi, le réseau social veut que ses utilisateurs soient davantage connectés et actifs sur Facebook. Ce changement d’algorithme s’inscrit dans des perspectives déjà amorcées. En effet, par deux fois déjà, en avril 2015 et en juin 2016, Facebook avait donné la priorité aux contenus des amis, pour tenter de reléguer au second plan les contenus des pages. Mark Zuckerberg l’exprime clairement que l’objectif de ce changement est de « montrer au public moins de contenus en provenance des marques et des médias ». Concrètement, Facebook modifiera sa façon de présenter les contenus à ses utilisateurs. La priorité sera redonnée aux contenus des amis et de la famille, dont la visibilité s’est étiolée à cause des contenus publics. L’entreprise cherche aussi à initier davantage l’utilisation des groupes, sorte de micro-communautés où les utilisateurs peuvent publier des contenus et créer des discussions autour de ceux-ci. Enfin, les contenus qui génèrent des conversations entre utilisateurs seront mis en avant.
Facebook est un réseau, pas un diffuseur
Avec ce changement, Mark Zuckerberg souhaite revenir à la vocation première de Facebook : être un réseau avant d’être un diffuseur. Le réseau social lutte en effet pour garder un équilibre entre marques, médias, célébrités - qui ont inondé le réseau social depuis 2014 - et utilisateurs. Le groupe tente surtout de reconquérir des parts d’engagement de la part de ses utilisateurs. Car depuis son changement d’algorithme en 2016, Facebook lutte pour fidéliser ses utilisateurs. Les chiffres de l’année passée sont encourageants mais visiblement pas suffisants pour le géant américain. En 2017, 59 % de ses utilisateurs étaient actifs. C’est 12 % de plus qu’en 2016, mais 8 % de moins par rapport à 2013. L’enjeu est en réalité financier pour Facebook dont 95 % des revenus proviennent de la publicité. S’ils deviennent moins visibles comme l’annonce Facebook, les médias et les marques devront recourir davantage à la sponsorisation pour combler le manque à gagner. Cette tendance existe depuis des années mais franchira donc un nouveau cap dans les mois qui viennent. Les utilisateurs seront moins exposés aux contenus, mais davantage aux publicités ciblées.
Ce qui va changer pour les utilisateurs
Côté utilisateurs, le fil d’actualité sera davantage centré sur ce que souhaitent voir les utilisateurs, plutôt qu’aux contenus qui suscitent le plus d’interactions. Une démarche qui – vise à rapprocher les utilisateurs qui seront plus exposés à des contenus qui les intéressent et qui sont susceptibles de les faire interagir. Dans la même logique, le géant américain ré-aménage depuis plusieurs mois les groupes Facebook pour leur donner une seconde vie. L’objectif n’est pas de remplacer les pages, mais de créer des groupes d’intérêts et des espaces de discussions fermés. Une sorte de retour au bon vieux forum d’il y a 20 ans ?
Source : ouest-france.fr
