Abus contre les migrants/Les Européens « complices »

Par Iris Fabiola Yaëlle/afriquematin.net avec telesud. info

Amnesty International a accusé hier mardi les gouvernements européens d’être « complices » de la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye. Cette Ong leur reprochant notamment leur aide aux gardes-côtes libyens impliqués dans le trafic d’êtres humains. Elle  accuse aussi les Européens de soutenir « un système sophistiqué d’abus et d’exploitation des réfugiés et des migrants » de la part des gardes-côtes, des responsables des centres de détention et des trafiquants, avec pour seul souci d’empêcher la traversée de la Méditerranée. Le renforcement par Rome de ses accords de coopération avec Tripoli a permis de limiter fortement les départs: entre juillet et décembre, le nombre de migrants débarqués en Italie a baissé de plus de 65% par rapport à la moyenne des mêmes périodes entre 2014 et 2016.

Confrontés aux critiques, Tripoli et Rome sont convenus le samedi dernier de former une « cellule conjointe » pour lutter contre les passeurs et les trafiquants. En attendant, Amnesty relève que les gouvernements européens ont surtout fourni leur assistance au département qui gère les centres de détention en Libye, et qu’ils ont formé et fourni des équipements aux gardes-côtes libyens pour qu’ils interceptent les migrants en mer.

Après le scandale international né de la diffusion d’images de marchés aux esclaves en Libye, l’Union africaine (UA) a annoncé la semaine dernière son intention de rapatrier dans leur pays d’origine ces 20.000 migrants. Des milliers d’entre eux sont néanmoins détenus dans d’autres centres tenus par des milices, en dehors de tout contrôle.

Amnesty dit avoir interrogé des dizaines de migrants et réfugiés qui se sont exprimés sur les « abus dont ils ont été victimes ou (…) témoins », citant notamment « la détention arbitraire, la torture et le travail forcé ». Ils  disent être torturés par les gardes dans les centres de détention pour leur extorquer de l’argent.  Rappelons que plus  d’un millier de personnes sont mortes ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Europe, d’après le Haut commissariat de l’Onu pour les réfugiés (Hcr).