Relations France-Egypte/Macron opte pour la prudence





Le président français Emmanuel Macron  a rencontré ce mardi  le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, en visite à Paris pour trois jours. Une visite très critiquée par différentes organisations non gouvernementales (Ong) qui dénoncent le non-respect des droits de l’Homme au pays des pharaons. Si Emmanuel Macron a assuré avoir évoqué cette question avec son homologue,  il n’a pas remis en cause l’excellente relation qu’entretient la France avec cette dictature, rappelant une « amitié historique ».

Selon l’Ong Human Rights Watch, des milliers de  personnes ont été arrêtées depuis la prise de pouvoir d’Al-Sissi   en 2013. Un coup d’Etat sur lequel la France était restée très discrète à l’époque. Si la répression visait au départ principalement les Frères musulmans et les proches de l’ancien président Mohamed Morsi, elle s’étend aujourd’hui de plus en plus. Après l’opposition et les médias, ce sont, depuis septembre, les homosexuels qui sont visés par le pouvoir égyptien. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées pour « pratique de la débauche » ou « promotion de la déviance sexuelle ».

Interrogé sur les violations des droits de l’homme en Egypte, à la suite de sa rencontre avec le président Al-Sissi, Emmanuel Macron s’est montré prudent et a demandé de prendre en compte le contexte égyptien et sa lutte contre le terrorisme. S’il a rappelé que la France défendait les droits de l’homme comme valeur universelle et encouragé Al-Sissi à aller dans cette voie, il n’a pas voulu porter atteinte à la souveraineté de ce pays.

Lutte contre le terrorisme

Une déclaration à minima d’Emmanuel Macron qui n’a pas souhaité remettre en cause l’alliance de la France avec l’Egypte. Partenaires depuis de nombreuses années – Jacques Chirac était notamment très proche de l’ancien dictateur Hosni Moubarak – la relation entre les deux pays s’est encore approfondie depuis 2013 et la prise de pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi. Une alliance qui marche sur deux jambes.

La première est celle de la lutte contre le terrorisme. Dans une région où l’influence de Daech mais aussi d’Al-Qaïda est très forte, la France veut compter sur Abdel Fattah Al-Sissi comme un partenaire stable qui lutte avec elle contre le terrorisme islamique. « Je salue l’engagement constant de l’Egypte face à ce fléau », a déclaré le président français. L’Egypte est en effet directement menacée par des groupes terroristes sur son territoire et notamment dans la région du Sinaï. Le pays est régulièrement la cible d’attentats. Dans sa déclaration, Emmanuel Macron a rappelé la collaboration qu’ont la France et l’Egypte notamment sur les dossiers libyen et syrien où ils essaient de ramener de la stabilité.

Cette collaboration contre le terrorisme s’effectue depuis 2015 à travers un « partenariat stratégique ». Un accord grâce auquel la France vend beaucoup d’armes à l’Egypte. En février de la même année, la France – emmenée alors par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, aujourd’hui à la tête des Affaires étrangères – annonçait ainsi en grande pompe la vente de 24 avions militaires Rafale pour un prix de 5,2 milliards d’euros. Elle a également vendu à l’Egypte les deux navires de guerre de type Mistral initialement destinés à la Russie. L’autre volet de l’alliance franco-égyptienne est le partenariat économique. Selon le ministère des Affaires étrangères, la France était le sixième investisseur en Egypte en 2016 et les échanges bilatéraux ont augmenté lors les huit premiers mois de 2017. Plus d’une  cent cinquantaine d’entreprises françaises  y sont implantées et emploient près de milliers de personnes dans des secteurs très variés, notamment l’industrie, l’agro-industrie, les équipements électriques, la pharmacie, la distribution, les hydrocarbures, le tourisme. En 2016, les entreprises Vinci et Bouygues ont par exemple obtenu le contrat de l’extension du métro du Caire pour un montant de 1,1 milliard d’euros.

Les deux personnalités  ont annoncé de nouveaux partenariats notamment en matière d’énergie. A ce sujet le président égyptien va d’ailleurs rencontrer plusieurs chefs d’entreprises lors de ce  voyage.

 Source : lejdd.fr