CPI ou le procès de la loyauté militaire par Ferro Bally

Le général Philippe Mangou est à la barre pour dire sa part de vérité dans la crise post-électorale. Il est, il faut le reconnaître, très en verve, trahissant une certaine aigreur.
De ce fait, il tire sur tous ceux qui bougent, y compris lui-même. Le 25 septembre 2017, premier jour de sa comparution, il a tiré à boulets rouges sur les généraux Dogbo Blé Brunot, ex-commandant militaire du Palais présidentiel, Kassaraté Tiapé, ex-commandant supérieur de la Gendarmerie nationale, et Brédou Mbia, ex-directeur général de la Police nationale.
Ces deux derniers officiers généraux, que Mangou accuse à mots couverts de félonie, « n’ont pas joué franc jeu » durant la crise politico-armée ivoirienne.
L’un, Brédou Mbia, et l’autre, Kassaraté, n’auraient accepté de mettre à la disposition des Forces de défense et de sécurité (FDS) que 1200 fonctionnaires de Police et 500 gendarmes sur un effectif respectif de 20.000 et 15.000 agents.
Dans sa déposition du 26 septembre, Mangou s’est auto-acccusé, à son propre insu, d’avoir fait preuve, lui, d’un double jeu malsain. Car, pour plaire aux deux camps en conflit et rester dans leur bonne grâce, il a joué au chat et à la souris.
Ainsi, le 4 mars 2011, alors qu’il avait déjà pris le parti de la communauté internationale, donc de Ouattara, le chef d’état-major des Armées faisait une déclaration musclée pour en appeler à la mobilisation des FDS à l’effet de défendre les Institutions républicaines incarnées par Laurent Gbagbo. Mais, se tirant une balle dans le pied, il avouera qu’il a fermement demandé au service presse de l’armée conduit par lele lieutenant-colonel Abinan de ne point autoriser la diffusion de l’élément.
Alors, vis-à-vis des parties en guerre, son honneur pouvait paraître sauf: pour le camp présidentiel qui le soupçonnait d’avoir tourné casaque il se rachetait et pour le camp opposé, il représentait une belle recrue.
Mais sa partition de même que celle des autres officiers qu’il a incriminés pose le lancinant problème de la loyauté des responsables militaires en général et durant la crise post-électorale en particulier. De jour, ils étaient pro-Gbagbo et de nuit, pro-Ouattara. Pour espérer brouter à tous les râteliers.

Ferro Bally