Côte d’Ivoire / Enterrement de Diawara Issoufo ; les démobilisés de Bouaké séquestrent madame la Ministre du gouvernement et ferment les corridors de Bouaké.

Bouaké était encore en ébullition ce lundi 23 mai. Et pour cause, la levée de corps de Diawara Issoufou, ex-militaire, tué par balle lors du soulèvement des démobilisés de Bouaké qui réclamaient des primes de guerre au Chef de l’Etat Alassane Ouattara.

A cette occasion, le représentant des démobilisés a soutenu que le président Alassane trouve du travail à tous les démobilisé : « Madame la Ministre, nous voulons aussi du travail comme les autres militaires ; aller à la banque chaque fin de mois, entretenir nos familles, scolariser nos enfants comme tous ceux qui ont permis à Alassane Ouattara d’être Président de la République. Pourquoi deux poids deux mesures » ? S’est-il interrogé. Un discours qui a été suivi des cris de satisfaction et d’applaudissement nourris dans cette salle de la morgue de Bouaké surchauffée à bloc par les démobilisés venus de tous les quartiers pour conduire leur « élément » à sa dernière demeure. Chacun ne voulant rater l’occasion. En réponse au porte-parole des démobilisés, Pr Mariatou Koné, Ministre de la Solidarité, de la Femme et de la Protection de l’Enfant dira : « La violence ne règle rien… ». Des paroles qui vont soulever la colère de la foule. Très en colère des injures font fuser de partout entrainant un véritable cafouillage dans la salle. « Tu es quitté où ? C’est à cause de nous que Ouattara président et toi tu es ministre ; la violence ne donne rien ; mais vous avez payé 7 millions aux militaires non» ? demandent certains démobilisés à madame la ministre. En tout cas, nombreux sont ceux qui n’ont pas apprécié le discours. Certaines la huent quand d’autres font des cris stridents pour perturber son intervention. Grâce à la gendarmerie, le calme est revenu dans la salle. Ce qui a permis à Madame la Ministre de poursuivre : « Le président de la République a mis des fonds à la disposition des démobilisés pour financer des projets….. ». A ces mots, c’est le cafouillage total. La goutte d’eau qui a débordé le vase. Le portail de la morgue est subitement condamné par les démobilisés. La ministre est injuriée et séquestrée pendant 15 Minutes. Personne ne peut sortir ni entrer. Sa voiture et ses gardes de corps sont encerclés. Des médiations sont s’engagées grâce à la gendarmerie, au président du comité civilo-militaire et les responsables des droits de l’homme de la région de Bouaké. Ils vont réussir à baisser la tension. Le portail est ouvert ce qui a permis à la ministre de sortir de la salle sans finir son discours. Des centaines d’enfants, de jeunes et d’hommes et de femmes sont sortis pour pleurer le mort et crier pour exprimer leur colère au gouvernement. C’est en ce moment qu’un militaire en tenue surgit pour selon lui, faire les dossiers du défunt. Encore des injures et la colère des démobilisés qui ont failli luncher le militaire. Il disparaitra sous forte escorte. « Pourquoi c’est après sa mort qu’on peut le considérer comme militaire » ? Ce qui va entrainer encore des échauffourées. N’eut été l’intervention de certaines bonnes volontés, le pire serait arrivé. Apres cette humiliation de Madame la représentante du gouvernement, les corridors Nord et Sud de Bouaké ont été fermés. Il était 14 h.

Fatime Souamée