France: Emmanuel Macron, Vers une gouvernance mouvementée d’un président par défaut ?

 

Par Carell Bohoui-Baclaud, Stratégie politique et sociale, Consultant en communication – Afrique Matin.Net 

L’euphorie de la victoire du candidat ‘’d’en marche’’ occulte de notre point de vue les véritables perspectives de la gouvernance Macron.

Cette gouvernance  risque d’être confrontée aux réalités du morcellement des grands blocs politiques français dont il a paradoxalement  profité pour être porté au pouvoir. Le revers de la médaille.

Si la faillite des grands partis traditionnels LR et PS été une aubaine pour l’ascension fulgurante du nouveau président français, il n’est pas évident qu’il en soit de même pour les législatives. Pour la simple raison qu’il est improbable que le mouvement ‘’En marche’’ puisse rafler une majorité suffisante à même de donner les coudées franches qui permettent  à son champion de dérouler son programme de campagne.

Il est intéressant à ce sujet d’observer que le nouveau président français  est davantage un président par défaut. Il est loisible de constater qu’ Emmanuel Macron  a davantage bénéficié de la faillite visiblement orchestrée du favori des LR, François Fillon qui s’est effondré sous le poids de ses propres affaires portées au grand jour pendant la campagne, d’ un réveil assez tardif et poussif d’une ‘’France insoumise’’ et morcelée, de l’éclatement de la gauche  et de l’inconséquence et la diabolisation à outrance du  FN.

En somme, l’élection de Macron tient moins de son programme que d’adjuvants et facteurs circonstanciels occasionnés par la faillite générale de la vieille garde.

Les législatives à venir présenteront assurément  de nouvelles donnes. Il est question d’élections locales où, à notre sens,  il sera difficile au mouvement politique du nouveau président de bénéficier des mêmes opportunités que lors des  présidentielles.

Sa plus grande difficulté sera de trouver des hommes capables de déloger les anciennes formations de leurs bases traditionnelles.  ‘’En marche’’ pourra toujours compter sur des ralliements. Mais combien de ralliements et surtout de poids ?

Dans tous les cas, il sera difficile à Emmanuel Macron de s’octroyer une majorité conséquente  devant  le LR , le PS ou le FN réorganisés ou encore avec une ‘’France insoumise’’ frustrée dans sa dynamique et qui a soif de revanche à l’occasion de ces législatives.

Les résultats du second tour (Macron 66,1 % contre  33,9% pour Le pen) sont flatteurs. Ils reflètent davantage un élan boosté par un vote contre la candidate du FN.

 La réalité des législatives à venir sonne donc comme un test important pour le nouveau président. Elle  devra prendre en compte les tendances du premier  tour des élections présidentielles  et le possible retour en grâce des forces traditionnelles ainsi que la dynamique de la ‘’La France insoumise’’.

Rappelons qu’à l’exception de l’effondrement du candidat du Ps, Benoit Hamon, l’écart entre les quatre principaux meneurs du premier tour de ces élections fut extrêmement réduit. 24,1, pour le candidat d’en marche, 21,3% pour le Fn, 20% (malgré les affaires fillon) pour le candidat de Les Républicains  et 19,58% pour le candidat de la ‘’La France insoumise’’.

La question reste donc de savoir avec quelle majorité Emmanuel Macron va-t-il gouverner la France ? La sienne (En marche) ce qui est fort improbable, Les Républicains, le PS, le FN ou à un degré moindre ‘’La France insoumise?

Dans tous les cas le nouveau président n’aura pas les coudées franches. Et c’est paradoxalement un avantage pour la renaissance de la démocratie française usée par la routine d’un système trop longtemps figé et corrompu.

S’agissant de la politique extérieure de la France, notamment ses relations avec l’Afrique, il est bon que les gens se fassent à l’idée qu’il s’agit de rapports entre un système (pour les besoins de la grandeur de la France) et l’extérieur. Non entre un individu et l’Afrique. Tant que le système demeurera en l’état, il n’y aura rien de nouveau sous le soleil.