Ralentissement dans la commercialisation du cacao/L’exode pascal en pays Baoulé est très menacé

Par  Haidmond Kaunan /afriquematin.net

 Le traditionnel exode annuel vers le centre (Baoulé) de la Côte d’Ivoire en vue de répondre aux rendez-vous familiaux dans les villages d’origine est très menacé. Le ralentissement dans la commercialisation  du cacao bord-champ, lié à la baisse du cours mondial – en est l’origine.

Il est vrai que pendant ces longs week-end de pâques, ce ne sont pas seulement les exploitants agricoles originaires du  V Baoulé qui font le déplacement du grand Ouest vers leurs villages d’origines en vue des retrouvailles pour se réjouir et penser au développement de leurs différentes terres natales. Cependant force devrait être de reconnaître que ces populations qui ont migré vers les zones forestières en quête de terres fertiles donc du mieux-être, sont les plus nombreux et sont  attendus dans cette période pascale. Et ce, en ce sens que  c’est généralement la seule occasion  pour rejoindre leurs parents restés au village après des moments de durs labeurs au cours de l’année. C’est également la période où ils se donnent des vacances annuelles en attendant le retour des premières pluies du mois de Mai. Malheureusement pour cette année 2017 ,ils ne sont pas nombreux ceux qui se font annoncer pour ce  grand rendez-vous  . Même si le gouvernement estime que le pourcentage de stocks de cacao dans les entrepôts portuaires  et celui de l’exportation s’améliore progressivement. « Depuis le début de la 3ème semaine du mois de décembre 2016 le cacao ne s’achète plus comme il se devait. Nous avons toujours des stocks de fèves de cacao dans nos magasins.Il est donc difficile de parler actuellement de fêtes de Pâques au village », confie Stanislas K, planteur et PCA d’une société coopérative à Touih dans le département de Méagui, joint au téléphone. Voilà qui est clair, le peuple Baoulé en activité en zone forestière ne se bousculera pas aux portes de sa région d’origine. Mais comment pourra- t-il  justifier son absence pour convaincre les siens? « Les pisteurs et les envoyés des multinationales nous imposent la somme de 1000 francs et souvent moins que ça contre les 1100 francs qu’a fixés le conseil café-cacao. C’est vrai que le paysan est toujours nécessiteux à cause de ces genres de maltraitances, mais nous qui avons décidé de rester digne dans la douleur sommes nombreux. Nous faisons du cacao bien fermenté et bien séché qui peut résister au temps. Ce n’est pas à cause d’une fête de Pâques que nous allons brader ce que nous avons obtenu au prix de notre sueur », précise Pascal N, planteur, sage et leader d’opinion de la communauté des planteurs de cacao dans  la région de la Nawa, joint également au téléphone. Au delà de ces tristes constats il y a également de tristes révélations. Révélations dont on  n’a pas  la possibilité de vérifier. « Tout le monde le sait , mais personne n’ose en parler parce que corrupteurs et corrompus sont passibles de poursuite, hum ! Il se passe des arrangements verbaux  entres multinationales et coopératives ou traitants. Par exemple si contre les 1180 francs que devrait coûter le kilogramme du cacao à l’usine, les coopératives et les acheteurs qui acceptent, vendent leur produit à 1080 francs le kilogramme. Soit 100 francs de moins au kilogramme à l’usine. Ce qui est mentionné nulle part. Encore moins sur les chèques. C’est à la sortie des banques que le vendeur part honorer son engagement verbal vers le directeur commercial de l’entreprise. Mais cela n’arrange que les traitants. En coopérative, les membres qui sont exigeants attendent l’entièreté de leur argent. Nous ne pouvons prendre ce risques parce que nous devons nous rendre au village pour les fêtes de  Pâques », révèle – Kouakou Y. Athanase, vice-président d’une société coopérative à Grand-Béréby dans le département de San Pedro.