Législative à Cocody: le candidat Tiémoko Doumbia reste très confiant et met en garde les fraudeurs.

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Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net  

Mr Tiémoko Doumbia, sociologue et opérateur économique, candidat aux élections  législatives dans la commune de Cocody, revient sur la raisons de sa candidature. Il évalue ses chances et donne sa vision de ce que doit être un parlement et un vrai député au service d’une nation. Entretien.

Enseignant et homme d’affaires, qu’est-ce qui motive aujourd’hui votre candidature aux législative et une descente dans l’arène politique ?

Je suis un fils de la commune de Cocody et contrairement à d’autres candidats, j’ai effectué tout mon cursus scolaire dans cette commune jusqu’à l’obtention du doctorat à l’université Félix Houphouët Boigny. J’ai vu grandir Cocody depuis 1980 à ce jour. Je suis donc un fils de la cité, ce qui constitue un élément très important. J’ai constaté, moi et des amis avec lesquels j’ai discuté, dont mon directeur de campagne, que Cocody vit une léthargie au plan économique, social et politique. Sur le plan politique, j’ai observé depuis ces cinq et dix dernières  années des gens  élus qui disparaissent de la vue des électeurs une fois élus. Pendant ce temps des débats se joue à l’assemblée nationale sur le sort des populations, des migrations dont on devrait logiquement parler s’effectuent au parlement sans l’implication de ceux que la population a choisi. Pourquoi se limite t-on a des projets de loi ? Il faudrait aussi bien des propositions de loi émanant des élus du peuple. Nous constatons donc cette grande faillite. Et l’un dans l’autre, nous estimons que dans un contexte que vit la Côte d’Ivoire, le contexte post-crise, où les populations sont complètement désorientées, ce sont les élites, les intellectuels qui doivent venir à la rescousse de la population pour contribuer à leur faire prendre conscience des enjeux à venir. Les jeunes et les femmes sont délaissés. Il n’y a aucune communication entre les élus et leur population. J’ai donc estimé que pour un intellectuel comme moi, pour aussi quelqu’un qui à longtemps milité dans les associations de jeunesse, le moment était venu de dire qu’on arrête avec tout cela. Ce sont donc là les raisons  essentielles qui me poussent à briguer le poste de député.

Vous y aller en tant que candidat indépendant. Depuis 1990, ce sont des candidats affiliés à des partis politiques qui ont toujours représenté la commune à l’hémicycle. Qu’est qui vous donne cette assurance en cette possibilité de briguer le poste de député au soir du 18 décembre 2016 ?

Moi, je suis très confiant parce que Cocody est un peu différent de beaucoup de villes. C’est d’abord un quartier où vit une élite, des intellectuels, des universitaires. Ces personnes n’ont pas de positions figées. Les mutations se font en fonction des réalités. Et le contexte indique aujourd’hui que les populations de Cocody sont déçues des partis politiques. Ceux-ci ne nous ont pas donné de bonnes impressions, ces dix dernières années, alors que nous avons besoin d’avancer. Les populations veulent aujourd’hui des hommes attentionnés qui se préoccupent des problèmes de leur vécu. Des gens qu’ils peuvent voir et toucher et avec lesquels ils vont prendre véritablement le chemin du développement. J’ai donc espoir que les populations de Cocody sont suffisamment matures pour faire le bon Choix.

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Des pratiques telles la tricherie sont malheureusement courantes de nos jours. Avez-vous prévu des garde-fous pour palier à cette éventualité ?

Vous savez, moi je fais à priori confiance en tout le monde jusqu’à ce que nous atteignions le seuil de la déception. Mon directeur de campagne a eu une réunion de civilité et d’échanges avec les responsables de la C.E.I pour attirer leur attention sur les rumeurs de fraude qui, semblent-ils, veulent se préparer. Mais je vais vous assurer que moi je travaille avec les jeunes et les femmes. Ils n’accepteront jamais qu’on nous vole notre victoire. Nous avons donc pris nos dispositions parce qu’il paraitrait que des gens sont à l’heure actuelle en train de distribuer des cartes d’électeur de ceux qui n’avaient pas voté ni aux présidentielles, ni au référendum précédents, pour monnayer, acheter des consciences. Mais nous avons l’avantage que dans la plupart de nos quartiers, les jeunes et les femmes connaissent les populations. Celui qui va donc tenter de jouer à ce jeu, cela sera à ses risques et périls car nous avons déjà sensibilisé nos populations pour parer à toute tentative de fraude. Et ce que les gens ignorent, c’est qu’en 2000, j’étais dans l’immeuble où je logeais à la Riviera golf, ils ont tenté de voler une certaine victoire, j’ai vu ces mêmes jeunes, partout dans les rues, sur un seul appel, pour empêcher qu’on vole cette victoire. Personne jusqu’alors n’avait imaginé que les ivoiriens pouvaient réagir de la sorte.  En tout cas, nous sommes des indépendants, nous sommes le produit des populations. Ceux qui tenteront quelque tricherie en auront pour leur compte.

Professeur, vous êtes l’adversaire de plusieurs candidats dont la députée sortante qui bénéficie en ce moment d’un bon soutien à Cocody.  Croyez-vous véritablement en vos chances ? Quels sont donc vos atouts ?

Ecoutez, moi je ne suis pas dans la mystification pour dire que j’ai des atouts par rapport à d’autres candidats. Ce dont je suis sûr est que je ne dépends d’aucun parti politique. Deuxièmement, j’ai toujours développé une proximité par rapport aux populations et je soutiens que celles-ci, aujourd’hui, ne sont plus dupes. Je pense que ces populations avec lesquelles j’ai développé une proximité depuis un bon moment, ces femmes, ces jeunes et ces messieurs, sauront me le reconnaitre au moment venu.

Votre slogan de campagne est le ‘’développement participatif’’. Qu’entendez-vous par ces vocables ?

On sait que le député n’est pas en charge de la gestion d’un budget. Moi je pense que pour l’expérience que j’ai sur les plans professionnel et  académique, le fait d’encadrer et d’orienter des étudiants, peut nous permettre d’orienter nos populations. L’on peut être le catalyseur d’une prise réelle de conscience de nos populations afin que celles-ci prennent leur destin en main. L’on peut aussi faire avec les populations, des réflexions sur un type de développement solidaire, c’est-à-dire, faire en sorte que dans un processus de solidarité, prendre des initiatives, mener des actions, réfléchir  à des projets et puis ensemble, dans un processus de complémentarité, réaliser des projets pour le bien être des populations. De façon théorique, voilà l’essence de mon slogan. Mais dans la pratique, les choses sont très claires dans ma tête.

Vous avez tantôt critiqué les comportements de certains députés. Quelles sont de façon très claire les propositions de lois que vous tiendrez à faire voter au cas où vous serez élus ?

Je crois que nous avons des idées mais vous savez que les populations ont beaucoup de préoccupations. L’axe qui constitue pour moi l’élément prioritaire, c’est la consultation des populations part rapport à leurs  préoccupations. Identifier ces préoccupations, et sur la base de celles-ci, aller au combat à l’assemblée nationale.

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Vous êtes sociologue. Il y en a qui parlent de légaliser la polygamie. D’autres pensent que Cocody est un quartier déjà privilégié. Pensez- vous qu’il y a encore à faire ici ?

Ah oui, il y a trop à faire ! Je le dis à mes électeurs et à toute personne. Vous savez, je connais bien la Côte d’Ivoire moi. J’ai fait deux doctorats sur le développement économique de la Côte d’Ivoire donc je sais de quoi je parle, surtout les questions liées à la pauvreté. Je suis un des ardents artisans de la confection du document  de stratégie sur la pauvreté en Côte d’Ivoire. J’en ai été celui qui a coordonné la confection de la restitution. Je sais donc de quoi je parle. Cocody peut se substituer en trois (3) Catégories : les très riches, les opulents, les hauts cadres qui se suffisent, qui ne sont pas très riches mais qui vivent aisément, enfin ceux qui sont en difficulté. Alors vous me demandez s’il n’y a plus rien à faire à Cocody ? Le cadre qui se suffit à besoin de garantir sa retraite, donc à besoin d’investir pour garantir son acquis. Le plus riche a besoin d’un environnement sécurisé où il fait bon vivre  et les autres ont besoin qu’on leur vienne au secours pour qu’ils vivent au moins à la hauteur de ceux qui sont à l’aise. Alors, dans une telle trilogie, pensez-vous que Cocody a fini ? D’ailleurs, partout au monde, on n’a jamais fini le développement ou d’améliorer les conditions de l’être humain. Cocody a besoin qu’on s’en occupe.

Pour ces législatives, 1337 candidats sont en lice. Parmi eux, plus de 600 candidats indépendants. Que vous inspire cette forte présence de candidatures indépendantes ?

Ça m’inspire ce qu’est la Côte d’ivoire aujourd’hui. Il y a une forte crise sociale, le capital social est quasiment rompu et je crois que cela doit interpeller nos dirigeants, l’élite. Il faut que cette dernière arrête de mentir à ceux qui dirigent parce que vous pouvez quelque fois être un dirigeant de bonne foi et être induit en erreur par ceux qui sont autour de vous. Aucune société ne s’est développée sans une cohésion sociale forte.

Quel est votre message à l’endroit des populations de Cocody ?

Il faut que les populations se réveillent, qu’elles viennent voter. Je veux que cette population sache qu’elle peut faire confiance à son fils que je suis et qu’ensemble nous affronteront les combats  pour leur bien être. Je m’engage à être à leurs côtés durant les quatre années à venir.