Election présidentielle en Gambie: Voici les raisons profondes de la volte-face de Yayah Jammed face à la victoire d’Adama Barrow.
Par Christ Zorro -Afriquematin.net
Le président sortant de la Gambie, Yayah Jammed, a annoncé au cours du week-end dernier, la reprise des élections présidentielles suite à des irrégularités constatées par la commission électorale elle-même. Mais la véritable raison de cette volte serait le fait de l’immaturité politique doublée du manque de sagesse de celui qui était censé conduire la nouvelle destinée du peuple gambien.
Quelle mouche a bien pu pousser le président fraichement élu de la Gambie, Adama Barrow, pour s’illustrer de la sorte bien avant la passation de charge d’avec le président sortant ? Même un néophyte en politique ne se serait pas hasardé dans des déclarations qui mettraient à mal un président enraciné dans le fauteuil présidentiel depuis plus de 22 ans.
En effet, la première des bourdes de l’opposant Barrow et de la coalition qui l’a portée au pouvoir fut, après la proclamation des résultats, de vouloir traduire devant les tribunaux, le président sortant. Un sujet aussi brûlant qui donne la chair de poule à tous ces dictateurs qui s’éternisent au pouvoir en Afrique, aurait dû être traité avec la plus grande délicatesse pour un chef d’Etat sortant qui plus est, un militaire qui certainement a beaucoup à se reprocher depuis sa prise de pouvoir d’il y a 22 ans.
En outre, l’annonce de la libération des prisonniers politiques au plus vite par le nouvel élu à fait se braquer le président Jammed. Pourquoi ne pas attendre la passation de charge prévue pour Janvier 2017 et entamer les démarches pour adéquates plutôt que d’enfoncer le clou en stigmatisant le président Jammed de Geôlier ? Après avoir été battu dans les urnes, le président sortant a dû prendre les taureaux par les cornes pour éviter d’être humilié après son retrait du pouvoir.
Aussi, l’appel à la communauté internationale par Adama Barrow a été la goutte de trop qui a fait déborder le vase. Hostile au néocolonialisme et s’étant retiré de certaines organisations internationale comme le Commonwealth, le président Jammed a, su par la maladresse du nouvel élu, jouer la carte du nationalisme qui est un terreau fertile en Gambie en continuant de surfer sur les notions de l’homosexualité et de produits commerciaux occidentaux contraires aux valeurs islamiques.
Enfin, l’annonce de la normalisation par Adama Barrow, des rapports avec le Sénégal a été décisive dans la prise de décision du président sortant gambien. En effet, Banjul et Dakar ne sont plus en rapport de sainteté depuis la venue au pouvoir de Jammed, les deux capitales s’accusant mutuellement de déstabilisation. Jammed voit d’un mauvais œil la cour de justice internationale bis qui est en train d’achever le président Habré et se voit mal être les choux gras des quotidiens Dakarois qui seraient visiblement enchantés de faire la belle à l’ennemi national, sous couvert de justice. Mr Barrow était-il obligé d’aller si loin au point de déclarer qu’il irait s’agenouiller devant le chef de la confrérie des mourides après sa prestation de serment ?