Reforme constitutionnelle/Joel N’guessan : <>

Source : rfi.fr

La réponse du berger à la bergère ou de Joël N’guessan à Pascal Affi N’guessan. Ce dernier président du parti d’opposition FPI a critiqué vertement le mercredi dernier, la méthode et le contenu de la réforme constitutionnelle qui est en cours. Le patron du Front Populaire Ivoirien dénonçait le manque de concertation et les orientations (vice-présidence, création d’un Sénat) que semble vouloir le président Ouattara. Voici la riposte du RDR (parti du président Ouattara) par la voix de Joël N’guessan, son porte-parole.

 

 Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI, a eu des propos très critiques à l’encontre de la façon dont est menée la réforme constitutionnelle. Il parle à l’égard du président Ouattara de ‘cécité’, de ‘surdité’ et ‘d’impuissance’. Qu’est-ce que ça vous inspire comme propos, comme réflexion ?

Tout d’accord, je voudrais dire que voici un monsieur qui était avec nous à Marcoussis, qui a signé l’accord de Linas-Marcoussis. Dans cet accord, il était question de faire la réforme de notre constitution. Et qui, quelques années après, vient remettre sa propre signature en cause. Donc, s’il y a cécité, c’est du côté d’Affi N’Guessan qu’il faut chercher.

Les critiques de l’opposition, de manière plus générale, portent sur le fait que pour l’élaboration de cette nouvelle constitution, qui fonderait la troisième République de Côte d’Ivoire, il y a un manque patent de concertation auprès des partis politiques, auprès de la société civile, auprès des institutionnels. Qu’est-ce que vous répondez à cela ?

Ces critiques n’ont pas de sens parce que le comité des experts, mis en place par le président Alassane Ouattara, a déjà rencontré les partis d’opposition, pratiquement toutes les composantes de notre société. Je comprends que l’opposition soit dans son rôle d’opposant, c’est leur rôle, mais ce qu’ils doivent retenir avant tout c’est qu’une constitution est d’abord l’émanation de la volonté d’un peuple. Cette constitution, le président Alassane Ouattara l’a dit, sera soumise à referendum, et c’est le peuple de Côte d’Ivoire qui va décider. Alors quand j’entends monsieur Affi N’Guessan parler de passage en force, si vraiment le peuple décide, et qu’il estime que le peuple est en train de passer en force. Oui le peuple a le droit de passer en force.

Certaines autres critiques portent sur la constitution d’un Sénat. L’opposition estime que la Côte d’Ivoire, dans le contexte actuel, peut faire l’économie d’une deuxième chambre. Qu’est-ce que vous en pensez ?

C’est leur façon de penser mais le Sénat s’impose. Et ce qui m’étonne aussi -et que je voulais faire remarquer- c’est que tous ceux qui font les critiques aujourd’hui sont dans une posture de critique sur les sexes des anges. Voici un texte constitutionnel qui n’est pas encore sorti. On n’en [livre] que quelques aspects, et puis les gens s’évertuent à dire : non, on n’est pas d’accord, on est d’accord…, mais d’accord sur quoi ?

Ça fait partie du dialogue national ?

C’est bon, ils sont dans leur droit de s’opposer. Nous aussi, nous sommes dans notre droit en tant que parti au pouvoir, dans le cas du RHDP, de dire qu’on doit soumettre cette constitution à l’approbation du peuple.

Une des autres questions qui fait débat, c’est la création d’un poste de vice-président. Là encore, l’opposition dit : on va se retrouver avec un exécutif à trois têtes. Que pouvez-vous dire sur le sujet ? Est-ce que par exemple, le poste de Premier ministre va être supprimé au profit d’un poste de vice-président ?

Attendons de voir le texte final. Pour le moment, on ne l’a pas mis. Une chose est sûre : avoir un vice-président, ce n’est pas mauvais. Ça se passe aux Etats-Unis, pourquoi pas en Côte d’Ivoire ? Au Ghana, ils ont un vice-président. Au Nigeria, ils ont un vice-président. Alors vraiment, je trouve que les arguments aujourd’hui avancés par l’opposition, sont puérils. Je le répète, le texte n’est pas encore sorti. Moi, je voudrais que l’opposition soit un peu responsable, on ne discute pas du sexe des anges. C’est vraiment de l’opposition pour faire de l’opposition et c’est vraiment être de mauvaise foi quand je les entends dire cela.

Je reviens à la question du Sénat, apparemment les sénateurs seraient pour partie élus et pour partie nommés par le président. Est-ce que vous trouvez ça normal ?

Comment cela se fait en France ?

Et bien les sénateurs, ils sont tous élus.

Ils sont élus ? Et bien, c’est notre option et je vous dirai quand le texte final va sortir, ce sera au peuple de Côte d’Ivoire de décider. Quand le peuple dira : oui, monsieur le président, nous sommes d’accord pour qu’une partie soit élue et que l’autre partie soit nommée par vous, et bien cela s’imposera à nous.

N’est-ce pas une intromission entre l’exécutif et le législatif ?

J’ai dit cela s’impose à nous ! Quand la nouvelle constitution sera votée, il n’y aura pas de critiques possibles. C’est la volonté du peuple de Côte d’Ivoire. C’est pour ça que ceux qui veulent s’opposer à ce texte, qu’ils attendent de voir le texte et puis qu’ils apportent leurs critiques. Le peuple appréciera le niveau des critiques.

Joël N’Guessan puisque vous êtes favorable à un président et une vice-présidence dans la perspective de 2020, vous verriez un président PDCI et un vice-président RDR ou l’inverse ?

Sachez que nous allons partir unifiés : ce sera donc le Rhdp et plus une question de Rdr ou de Pdci-Rda.