CNRA : les travailleurs dénoncent le mauvais traitement … des mesures en cours.

Par Michel Mangoo – Afrique Matin.Net

L’opinion nationale est parfaitement d’accord sur la performance du C.N.R.A (Centre National de Recherches Agronomiques), cette structure mondialement connue enviée pour ses résultats qui ont permis à l’agriculture Ivoirienne de se hisser au plus haut sommet. Le C.N.R.A  est l’une des rares organisations nationales à avoir conquis  le monde par la qualité de ses travaux et la compétence de son personnel. Ainsi personne ne croira que le C.N.R.A est depuis longtemps frappé par des difficultés énormes allant d’un personnel sous payé à la fréquence irrégulière du paiement des salaires. Afrique Matin.net vous invite au cœur de la tristesse d’une structure abandonnée qui se meurt.

Que vaut un Etat sans la recherche scientifique? Le premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny l’avait compris si bien qu’il a construit des écoles d’élite pour la « fabrication » de véritables scientifiques au service du développement. C’est dans cette optique que le CNRA a vu le jour en avril 1998 afin que le développement agricole soit une réalité, étant donné que l’économie ivoirienne était toute basée sur l’agriculture. Toutes les performances de l’agriculture ivoirienne sont issues du travail de ce grand laboratoire qui connait en ce moment des difficultés énormes.

En effet, le C.N.R.A avec plus de 1800 employés fait vivre toute la Cote d’Ivoire et la sous-région : Meilleur cacao, meilleur café, meilleure banane, meilleur hévéa, meilleur palmier à huile, en somme le C.N.R.A est meilleur en tout, malheureusement, le traitement de ses travailleurs n’est pas meilleur. Il est des plus misérables au plan salarial.

C’est au C.N.R.A que l’on retrouve à l’heure actuelle  des travailleurs payés en dessous du S.M.I.G. Certains sont même payés à 36.000 f CFA le mois. De nombreux agents, ingénieurs, chercheurs, avaient placés en cette structure toute leur foi,  démissionnant de ce fait de la fonction publique pour se mettre entièrement à son service.

A ce moment, ils comptaient sur le salaire que le CNRA promettait et la subvention que l’Etat avait décidé d’apporter. Cela veut  dire qu’au-delà du salaire payé par la structure, ils bénéficiaient d’une prime subventionnelle de l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais voilà que depuis bientôt six ans, ils assistent à une irrégularité sans précédent de cette subvention. Les chercheurs sont parfois contrains à la grève avant de percevoir leur prime.

Autre élément de  ce problème, le non-reversement des cotisations des agents pour la mutuelle de santé. Ces fonds qui s’élèvent à plus de 750 millions de francs CFA n’ont pas été déversés. Quant aux salaires, ils sont payés à des dates non précises : tantôt le 1er, tantôt le 05 ou le 10 du mois, faisant de ces fonctionnaires d’élite, de vulgaires agents exposés aux vices.

Fort de tous ces constats et des difficultés relevés, nous assistons à une démotivation du personnel, à la fuite des cerveaux vers d’autres entreprises et vers l’extérieur.

A cet effet, les agents, dans leur ensemble, exigent  comme solution à la crise que vit le C.N.R.A, le respect, l’application intégrale de la convention d’Entreprise signée depuis 2002 et  surtout à ses avantages définis aux articles 5 et 93. Le premier fait référence aux acquis et le second indique la date de départ à la retraite.

A ce niveau, il est à signaler que de nombreux agents couverts par un ‘’parapluie’’ politique demeurent encore en poste alors qu’ils sont officiellement à la retraite. Le directeur général adjoint du C.N.R.A, admis à faire valoir ses droits à la retraite depuis 2011, et qui est toujours en exercice en est la pleine illustration. Les agents exigent également la libération des logements occupés par les cadres à la retraite. Ils trouvent que le patrimoine de l’Entreprise est actuellement menacé ainsi que la  recherche agronomique.

C’est pourquoi ils lancent un cri de cœur au Président de la République afin de faire face à toutes ces difficultés dont les conséquences sont énormes pour l’économie. Malgré les efforts consentis par l’actuel Directeur Général qui, dès sa prise de fonction avait manifesté son intérêt pour une  restructuration du C.N.R.A  avec l’organisation des états généraux, la situation n’a guère évoluée.

Toutes les résolutions adoptées pour une plus grande performance de l’Entreprise notamment le statut, l’amélioration des salaires, du budget de fonctionnement ont été rangées aux calendes grecques. Cette bonne vision à plutôt fait place à une division clanique au sein de la structure : Ceux qui sont engagés pour le développement du C.N.R.A et ceux qui y sont rien que pour les salaires. Une lutte farouche oppose ces deux camps et ainsi va malheureusement la Cote d’Ivoire. Entre temps, les agents n’entendent pas baisser les bras pour redonner à leur instrument son lustre d’antan, afin de jouer le rôle qui lui revient dans le processus d’émergence de la Côte d’Ivoire envisagé par le président de la République. Des actions d’envergures sont annoncées.