Promotion des arts et de la culture Dida-Godié/Alexandra Drama dit tout  

Dans plusieurs contrées de la Côte d’Ivoire, des cultures se meurent, faute de transmission et d’intérêt des nouvelles générations pour ce qui constitue leur véritable identité culturelle. C’est le déracinement des individus, plongés dans l’oubli de leur culture ancestrale. C’est dans cet esprit qu’est né Djaka Festival dans la région de Loh-Djiboua, dont le chef lieu est Divo. Ce festival des arts et de la culture Dida, qui fête ses 10 ans de jubilé du 05 au 14 août 2016, est l’initiative d’Alexandre Drama Jhronsix qui en  est le président fondateur. Il  donne dans cet entretien, les motivations, les objectifs est les attentes.

 Comment vous est-il venu l’idée de créer cette plate-forme?
L’idée de créer Djaka nous est venue d’une volonté manifeste de redonner vie et faire connaitre à nos cadets les pratiques culturelles (jeux, danses, contes) de chez nous qui ont égayé notre enfance au village (Akabia). Il s’agissait pour nous de créer un événement culturel qui tranchait avec les rencontres autour des événements malheureux.

Que signifie Djaka ? Présentez nous ce festival.

Djaka signifie dans les langues Dida, Godié, Néo, Avikam et Ahizi et donc des peuples de l’ancien cercle de Grand- Lahou, la réjouissance, la joie, l’allégresse, le divertissement, le bonheur. Comme nous le disions d’entrée, c’est en 2006 que l’idée de faire vivre la joie au village d’Akabia a pris forme. Avec l’adhésion de tous nos parents du village et le soutien des aînés, cette initiative de réjouissance avait pour objectif immédiat de faire reculer le deuil, les funérailles, qui étaient devenus très courants. Elle va connaître un succès auprès des populations dès les premières éditions qui ont eu lieu en 2006 et 2007. A partir de là, la décision a été prise d’aller au delà d’Akabia (Canton Abouhiri) pour en faire une affaire de toute la région ? C’est en nous essayant à cela qu’à la 3eme édition qui s’est tenu 2009 à Akabia, Djaka va prendre la forme d’un véritable festival. Nous avons compris que le peuple Dida, nos parents avaient soif de vivre la joie au détriment du deuil.

 La situation actuelle du pays est- elle propice à l’organisation d’un festival ?

Oui, comme son nom l’indique, le festival distille la joie à travers la valorisation de la culture, nous sommes dans une situation où son organisation est d’une importance capitale, surtout pour favoriser la cohésion sociale entre nos populations.

Quels sont localement vos soutiens au plan financier et matériel ?

Il faut dire que localement, les soutiens financiers et matériels sont un peu difficiles à trouver même s’il est vrai que pour les éditions passées nous avons sollicité certains partenaires à qui nous faisons un clin d’œil au passage, pour nous aider à l’organisation. Ceux -ci nous ont soutenus comme ils pouvaient. Jusque là, le premier soutien du festival reste les membres du Comité National Djaka Festival (CNDF).

Quels sont les soutiens des cadres de la région?

C’est tous les jours que nous appelons toutes les filles et fils de la région à venir s’approprier le festival. Pour la célébration des 10 ans, nous voulons croire qu’ils seront nombreux à venir se joindre à nous car c’est ensemble que nous serons plus forts.

Quelle est votre satisfaction depuis la création de Djaka ?

Ma première satisfaction est que Djaka célèbre cette année son jubilé des 10 ans d’existence. Ensuite, voir que cette idée qui est partie du village d’Akabia a aujourd’hui une propension régionale voire nationale, c’est un véritable plaisir.

 Où et quand aura lieu la prochaine édition du festival ?

La prochaine édition qui va célébrer le jubilé des 10 ans du festival aura lieu dans la ville de Divo, chef lieu de Région du Loh-Djiboua, et ce, du 05 au 14 Août de cette année 2016.

Qu’attendez-vous des ivoiriens et particulièrement de la diaspora relativement à ce festival ?

Nous invitons tout le peuple de Côte d’Ivoire à désormais mettre dans son agenda qu’un festival, le Djaka festival a lieu à Divo. Pour la célébration de ses 10 ans, nous les invitons à venir découvrir et célébrer le riche patrimoine culturel des peuples Dida-Godié. À nos frères de la diaspora, nous disons attendre leur participation sur tous les plans notamment financiers, matériels, communicationnels et leur expertise en matière d’organisation pour la réussite du festival. C’est d’ailleurs l’apport de la diaspora qui a fait que certains festivals ont connu du succès dans notre pays. Nous comptons sur nos frères et sœurs de la diaspora pour réussir notre mission de la promotion et de la valorisation de notre identité culturelle.

Avez-vous des représentants dans cette diaspora ?

Oui, nous avons des représentants dans la diaspora. Je profite pour dire merci aux différents coordinateurs et autres membres des coordinations de la France, de l’Italie, de la Grande Bretagne et de l’Allemagne pour l’accueil très fraternel qu’ils nous ont réservé chaque fois qu’il nous a été donné d’effectuer un passage chez eux.

Comment celle-ci peut-elle concrètement participer aux différentes festivités ?

D’abord, il faut dire que la réussite de toute organisation nécessite les moyens de toute nature. À cet effet, nous avons un pagne, celui du jubilé sur le marché et donc nous invitons tous nos frères de la diaspora à acheter chacun son pagne. Aussi, au- delà de leur présence très souhaitée à la fête, qu’ils nous aident à travers des cotisations et des dons de toute nature, mais aussi à travers la communication pour nous permettre une organisation réussie du jubilé. Il est question de la valorisation de notre culture, celle là même qui représente le fondement de notre identité.  Pour terminer, je voudrais remercier en premier lieu Monsieur Maurice Bandaman, Ministre de la Culture et de la Francophonie, qui a bien voulu accepter de parrainer les festivités du jubilé. Nous en sommes très reconnaissants pour ses efforts inlassables pour la promotion de la culture ivoirienne. Nos remerciements vont aussi à l’endroit des autorités administratives et politiques, des élus et cadres de la région ainsi que des partenaires qui ont accepté de nous accompagner dans cette aventure. Je n’oublie pas les chefs des villages et quartiers, les responsables des jeunesses et des femmes et des groupes des danses pour le travail qu’ils abattent chaque jour pour rendre la fête belle. Mes encouragements à tous les Djakaphiles. Je leur demande de continuer à travailler car la récompense est au bout de l’effort. Nous voulons une grande et belle fête et comptons sur tout le monde pour le réussir. 

Source : civox.net