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Détenu à la prison de Dabou à environ 50 kilomètres au nord d’Abidjan, Hubert Oulaye voit ses conditions de détention durcir de jour en jour. L’ancien ministre ivoirien de la fonction publique et de l’emploi est inexorablement dans le collimateur du régime d’Abidjan. Nous avons enquêté.
Début mai 2015, les anciens ministres Hubert Oulaye, Sébastien Dano Djédjé et l’administrateur des services financiers Koua Justin sont interpellés brutalement par les autorités ivoiriennes et mis sous mandat dépôt dans différentes prisons ivoiriennes. À l’entame de la procédure on leur reproche des troubles à l’ordre public suite au congrès organisé à Mama, village de Laurent Gbagbo, par l’aile la plus fournie du FPI.
Quelques heures plus tard les choses se corsent pour Hubert Oulaye. Le professeur agrégé de droit est accusé d’avoir commandité depuis son lieu d’exil au Ghana, l’attaque de la ville de Tai à l’ouest du pays en juin 2012. Une attaque qui avait fait plusieurs morts dont 7 casques bleus. Une attaque jamais revendiquée. Le président du comité de contrôle du FPI est donc accusé de « complicité d’assassinat des agents de l’Onuci ». Belle parade trouvée par le régime pour que la communauté internationale se désintéresse du sort de cet éminent juriste ayant participé à presque tous les accords de paix sur la Côte d’Ivoire. Depuis un an donc, Hubert comme l’appelle ses nombreux soutiens, est en prison sans avoir été présenté à un juge. Tous ses co-accusés ont retrouvé la liberté.
D’ailleurs cette affaire avait pris dès le départ des tournures juridiques cocasses. Sous le prétexte qu’un mineur est impliqué dans la procédure, le parquet avait commis dame Fofana Sanata juge des enfants pour instruire l’affaire. Cette dernière s’est vue retirer le dossier après qu’elle ait manifesté le désir d’aller entendre le ministre dans sa cellule de Dabou puisque les autorités ivoiriennes refusaient de le laisser sortir pour des rencontres avec la juge. Désormais c’est le juge d’instruction, le célébrissime Kra Kouadio du 10e cabinet qui s’occupe du cas Oulaye. Depuis la remise de la charge à ce juge concernant cette histoire rocambolesque, Hubert Oulaye n’a jamais comparu devant lui.
Malade le ministre est de plus en plus affaibli. Même si d’aucuns disent qu’il garde le moral, son état semble se détériorer sous les apparences d’une bonne mine. Les conditions carcérales se durcissent et la seule fois qu’il a été conduit chez un médecin à l’hôpital militaire d’Abidjan, il a parcouru le trajet Dabou-Abidjan en aller retour avec des menottes aux poignets. Depuis plus de visite médicale à un spécialiste. Ce sont des généralistes qui ont accès à lui après de nombreuses courbettes de ses proches auprès de l’administration pénitentiaire.
Désormais les visites sont espacées de deux à trois semaines et seule sa famille proche a le droit de le voir au bout de mille péripéties pour avoir le billet de communiqué.
Il y a plus d’une semaine, une source introduite nous disait sous forme de confidence que le ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko faisait du dossier Oulaye une affaire personnelle et aurait affirmé devant témoins que ce dernier « ne sortira jamais de prison ». Raison pour laquelle depuis 6 mois les demandes de liberté provisoire de l’ex-ministre sont rejetées sans réel motif.
Une chose est cependant certaine Oulaye paye le prix de sa rivalité avec Affi N’guessan le patron de l’autre aile du FPI qui adossé au pouvoir d’Abidjan règle férocement ses comptes avec celui qui a toujours été son ennemi intime au FPI.
Source: Armand Iré
Journaliste
