5 ANS APRES, QUE PÈSE LAURENT GBAGBO ?

Le désenchantement des « Gbagbo sinon rien » par Venance Konan

Il est indéniable que Laurent Gbagbo a encore de nombreux partisans dans le pays. Combien sont-ils, que représentent-ils ? Il est difficile de le dire. Il y a les opportunistes qui avaient soutenu Gbagbo lorsqu’il était au pouvoir et qui ont rallié le camp de ceux qui dirigent le pays en ce moment, il y a ceux, parmi les militants de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), pour qui la vie ne doit pas s’arrêter au sort qui lui est fait, et qui essaient de faire leur chemin politique sans lui, tout en se réclamant de lui, et il y a ceux que l’on appelle les « Gbagbo sinon rien ». Pour ceux-là, tant que Gbagbo ne sera pas libéré de prison et revenu dans son pays, plus rien ne doit être comme avant, et il est hors de question pour eux de participer à la vie politique du pays. Ils ont ainsi refusé de participer à toutes les élections qui ont eu lieu depuis l’avènement d’Alassane Ouattara, et ont appelé à boycotter le dernier scrutin présidentiel. Est-ce pour cela que le taux de participation à ce scrutin fut peu élevé, ou est-ce simplement dû au fait qu’il n’y avait pas vraiment d’enjeu, vu que M. Ouattara n’avait pas d’adversaire de poids en face de lui ?

La justice ivoirienne a interdit aux « Gbagbo sinon rien » d’utiliser le nom FPI, mais cela ne les empêche pas d’exister. Et ils sont nombreux, ces militants vivant en Europe qui font régulièrement le déplacement à la Haye pour apporter leur soutien à leur héros, et ceux, vivant en Côte d’Ivoire qui prient tous les jours pour son retour. Quoi qu’il en soit, l’ombre de Laurent Gbagbo planera encore longtemps sur la vie politique ivoirienne.

(1) Venance Konan est romancier et depuis 2011 directeur général de Fraternité-Matin, organe du gouvernement ivoirien.

Sur le mur de Steve Beko