1er mai: des milliers de personnes défilent contre la loi travail
A Marseille, Bordeaux, Toulouse ou Nantes, plusieurs milliers de personnes défilaient dimanche en province pour réclamer le retrait de la loi travail en ce 1er mai, qui verra à Paris CGT et FO défiler côte à côte pour la première fois en sept ans.
«Le gouvernement est tenace mais il ne fait que renforcer la colère et le sentiment d’injustice», commente Olivier Mateu, un des dirigeants CGT dans les Bouches du Rhône, lors du défilé à Marseille, à propos de la loi travail, examinée à l’Assemblée nationale à partir de mardi.
Jeunes, salariés et de nombreuses familles avec enfants défilaient dans les principales villes dès la fin de matinée, avant la manifestation parisienne prévue à 15H00 où, soudés dans leur refus de la réforme travail, les secrétaires généraux de FO et CGT vont défiler ensemble un 1er mai pour la première fois depuis 2009.
Parmi les slogans, on pouvait lire: «Ni amendable, ni négociable, retrait du projet de loi Valls-Medef-CFDT», «Retrait du projet de loi travail» ou «2016 = Séparation du Medef et de l’État». Et les manifestants scandaient: «Ni chair à patron, ni chair à matraque, la classe ouvrière contre-attaque» ou «grève générale jusqu’au retrait».
Les manifestations étaient bon enfant dans la matinée. De Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Manuel Valls a adressé dimanche une ferme mise en garde aux éventuels «casseurs» et la veille, son ministre Bernard Cazeneuve (Intérieur) avait envoyé des consignes aux préfets sur les mesures à prendre pour éviter les débordements.
Les manifestations de jeudi contre le projet de loi travail ont fait 78 blessés chez les forces de l’ordre, et un étudiant de 20 ans, atteint par un projectile à Rennes, a perdu la vision d’un oeil.
Après ces événements, la CGT a dénoncé la «répression» des militants syndicaux, tandis que le Parti de Gauche demandait samedi «des comptes» à M. Cazeneuve dénonçant l’«escalade de la violence» policière.
Dimanche, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a lui souligné la difficulté de contrôler «les casseurs» en marge des manifestations: les services d’ordre «ne peuvent pas protéger toute l’avenue» et «la police fait son travail», a-t-il dit.
– ‘Convergence des luttes’ –
De leur côté, les réformistes (CFDT, CFTC et Unsa et la FAGE pour les étudiants) ont organisé des tables rondes, dont l’une sur les modifications à apporter à la loi travail. Pour ce camp, pas question de «demander le retrait d’un texte porteur de progrès pour les travailleurs», rappelle Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT qui loue, entre autres, la mise en place du compte personnel d’activité (CPA).
Depuis 2013, CGT et CFDT ne défilent plus ensemble le 1er mai, leur relation s’étant dégradée après l’approbation par la centrale de Laurent Berger de l’accord sur la sécurisation de l’emploi, dénoncé par la CGT. Le projet de loi travail n’a fait qu’aggraver leurs divisions.
Le 1er mai cette année prend une tournure spécifique avec l’avènement de «Nuit debout», lancé au soir du 31 mars, jour de la plus grosse mobilisation contre la loi travail (390.000 personnes dans 250 villes, selon les autorités; 1,2 million selon les organisateurs). Dimanche, des responsables syndicaux ont prévu de se rendre place République, mais pas les numéros uns.
Léa, 19 ans et participante de «Nuit debout», bat le pavé dans le cortège de Bordeaux. Elle estime «normal de venir défiler» un 1er mai: Nuit Debout «a besoin des syndicats, comme eux ont besoin de nous. C’est la convergence des luttes, le seul moyen de faire bouger les choses».
La journée des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays, est née à Chicago en 1886 à l’initiative d’un mouvement syndicaliste réclamant la journée de travail de huit heures.
Mais aujourd’hui «le sens historique ou politique en est perdu. C’est lié à la baisse de la représentativité syndicale dans toutes les entreprises, pas qu’en France», relève Sylvain Niel, avocat spécialiste du droit du travail.
L’année dernière, le 1er mai avait réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants (110.000, selon la CGT, 76.000 selon la police) un peu partout en France, dont 9.000 à 12.000 à Paris.