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Présidentielle/Opposition ; et si on allait pour « un coup K.O ? »

La date des échéances électorales avance allègrement, chacun y va avec ses intentions d’intimidation et autres slogans de campagne.  Le Délégué départemental PDCI-RDA, Maire de la commune de Brobo et Chercheur en science politique, Séraphin Kouamé, porte un regard critique sur le sujet.    

Ceux qui affirment que « 2020, c’est géré, c’est bouclé » ont sûrement raison. Seulement, ils se trompent de camp. Un à un, les éléments du puzzle se mettent en place, pour la victoire certaine du PDCI-RDA et ses alliés à l’issue de l’élection présidentielle prévue pour le 31 octobre 2020. Il n’en reste plus qu’un pour que la victoire soit acquise dès le premier tour : la candidature unique de l’opposition significative.

Les résultats de l’élection présidentielle de 2010 et de toutes les élections (législatives, locales) depuis 2000 attestent qu’il n’est plus possible, jusqu’à nouvelle ordre qu’un seul des trois grands partis politiques que compte la Côte d’Ivoire gagne la présidentielle, sans s’allier à l’un au moins des deux autres. Ce n’est pas une hypothèse, c’est un fait empirique que corroborent les résultats des scrutins nationaux et locaux depuis deux décennies. C’est donc chimérique de croire que le RHDP version RDR peut gagner l’élection de 2020 au premier tour ou même au second tour. La fausse assurance du régime actuel n’est que pur fantasme et diversion.

La réalité du terrain est tel que pour gagner au premier tour comme au second, la donne politique contraint les trois grands partis à oublier leur rêve de soliste pour intégrer un orchestre, seul gage d’une victoire. Inutile d’évoquer les autres partis politiques ou les potentiels candidats indépendants, parce que la configuration actuelle de la scène politique ivoirienne ne leur donne aucune chance ni même aucun espoir.

Voir un « En marche » à l’ivoirienne, n’est pas pour aujourd’hui, même avec des leaders charismatiques et compétents comme Mamadou Koulibali, Gnamien Konan ou Marcel Amon Tanoh. A plus forte raison ces pseudo-leaders qui n’ont de compétence que la démagogie, la rhétorique, la transhumance politique et l’irrespect de la parole donnée.

Le RHDP version RDR peut recruter quelques cadres isolés et sans conviction de ses deux grands rivaux, faire main basse sur des feuilles mortes de l’opposition, s’entourer de tous les petits partis politiques du pays, ce n’est que peine perdue. Il ne pourra jamais triompher dans une lutte électorale où les deux véritables partis majoritaires, les deux mastodontes adoubées par l’immense majorité des Ivoirien(ne)s unissent leurs forces. Tout ce qu’il reste au RHDP version RDR, c’est la fraude.

 Mais, même en ayant recours à la tricherie, cela ne marcherait pas, compte tenu de la zonalité de l’implantation et de l’expérience des partis en question. A supposer que la fraude puisse opérer, elle ne pourrait être efficace que dans un schéma de scrutin à tour unique à la majorité relative et en cas de candidature isolée du PDCI-RDA et du FPI.

Si la première condition n’est pas à craindre, puisque le mode de scrutin retenu est celui du double tour, à la majorité absolue au premier et relative au second, la seconde interpelle et interroge. La stratégie de l’alliance ne serait-elle pas plus efficiente en étant assortie de la tactique de la candidature unique PDCI, FPI et alliés, dès le premier tour ?

Martin Luther King  n’ayant pas le monopole du sommeil et donc celui du rêve, pour emprunter la formule du brillant avocat congolais, Me Jacques Mukanga  Sefu, qu’il me soit permis, à moi aussi, et j’imagine à des millions d’Ivoirien(ne)s, militant(e)s et sympathisant(e)s des partis de l’opposition significative et membres de la société civile, de rêver.

Je rêve d’une candidature unique de l’opposition conduite par le duo PDCI-FPI au premier tour. Je rêve du parrainage de la candidature de SEM Aimé Henri Konan Bédié, le mieux placé entre les opposants, par le FPI de Laurent Gbagbo et tous les partis de l’opposition significative au premier tour.

Les enjeux sont trop importants pour aller en rang dispersé et faire languir les Ivoirien(ne)s. Il faut rapidement sauver la Côte d’Ivoire et le Peuple ivoirien qui ne sauraient attendre un jour de plus après le 31 octobre 2020. Entre le premier et le second tour, beaucoup de choses peuvent se passer. C’est pourquoi, la sagesse recommande que l’opposition aille en rang serré dès le premier tour, afin d’éviter toute surprise désagréable.

En boxe comme en politique, quand tu sais que tu peux mettre ton adversaire KO, dès le premier round, il faut éviter de tergiverser, pour ne pas avoir à regretter par la suite. La meilleure tactique pour gagner sans bavure, c’est le « Un coup K.O ». Car, en voulant faire durer le suspense, c’est la souffrance des Ivoirien(ne)s qui augmentera, c’est le calvaire des prisonniers politiques et militaires qui se prolongera, c’est l’arrivée de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui sera retardée, c’est le territoire ivoirien qui continuera à être souillé et dégradé par les orpailleurs et terroristes.

Comme l’affirme Laurent Dépié, président du Front de la mouvance patriotique, l’élection présidentielle de 2020 n’appartient ni à un parti ni à un leader, mais au Peuple de Côte d’Ivoire. Il est donc impératif que l’opposition significative, dans son ensemble, comprenne les enjeux de cette élection et entre dans l’histoire en taisant les ambitions partisanes ou individuelles, pour faire bloc autour d’un candidat unique. Il est vital qu’à l’unisson, l’opposition significative adoube SEM Aimé Henri Konan Bédié.

 J’invite particulièrement le Président Laurent Gbagbo, dans un élan de patriotisme, en considération de l’humilité qui a conduit son aîné vers lui, à La Haye, à être le premier à lancer un appel dans le sens de la concrétisation de ce grand rêve. J’invite chaque Ivoirien(en)es à l’endosser et à le partager.

Séraphin Kouamé

Maire de Brobo

Délégué départemental PDCI-RDA

Chercheur en science politique

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