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Elections présidentielles en Afrique/Ces institutions internationales préfèrent-elles sauver leurs intérêts que de protéger les populations ?

Une analyse de Kédjébo Kpandji, membre de la société civile

Les élections présidentielles en Afrique sont souvent des moments de forte tension politique, sociale, voire sécuritaire. Elles sont scrutées non seulement localement, mais aussi par la communauté internationale.

Pendant des élections en Afrique l’Onu, l’Ue, la Cédéao, l’Uémoa sont censées intervenir régulièrement-par des missions d’observation, d’accompagnement électoral, de conseil constitutionnel, de financement. Mais au juste, ont-elles un rôle de vraies assistances ?

Les interventions de ces institutions sont théoriquement justifiées par des principes de transparence, de légitimité, de respect des droits de l’homme, de limitation des mandats, d’alternance, etc. Mais dans la pratique, il y a souvent un glissement, car certains acteurs trouvent avantage à maintenir des relations stables avec des régimes en place, certains États souhaitent préserver leur influence, la coopération financière, note Onu-geneve.

Ces organisations restent passives lors des élections en Afrique…

Selon certaines sources, l’Onu, la plus vieille des institutions, a une mission d’observation, de supervision des élections, d’encouragement de processus pacifiques. Elle apporte une aide technique, logistique et de financement. Elle dépend fortement du financement des États membres, de donateurs ; prône aussi des standards démocratiques, mais ceux-ci peuvent être perçus comme importés ou inadaptés aux réalités nationales, ce qui alimente des réactions de rejet. Parfois, cela peut conduire à éviter les conflits directs avec certains régimes alliés des grandes puissances, cite jeune Afrique.

L’Union européenne apporte son soutien politique, son aide à la logistique électorale, le renforcement des capacités institutionnelles et financier aux élections. Solidarite.gouv.ci souligne qu’elle a également intérêt à la stabilité, à ce que ses partenaires respectent les droits démocratiques et humains, pour des raisons de crédibilité, mais aussi pour préserver les flux migratoires, la sécurité, les investissements.

L’institution européenne conditionne souvent ses aides à des critères de « bonne gouvernance », ce qui donne un levier mais peut être perçu comme ingérence et ses priorités peuvent favoriser les pays plus stratégiques ou les régimes plus alignés, ce qui peut introduire un double standard, éclaire toujours la source.

Quant aux instances de la Cédéao, elles ont des normes de gouvernance démocratique, des chartes sur la bonne gouvernance, la limitation des mandats, les sanctions en cas de coups d’État ou de violations constitutionnelles. La communauté a des missions pré-électorales, d’observation, de médiation des tensions politiques. Ses pouvoirs s’étendent aussi sur les sanctions, les pressions diplomatiques ou économiques sur des États qui ne respectent pas les règles, nous rappellent, lemonde.fr, Tv5monde.fr, Afrique sur7.

Les institutions internationales doivent éviter les tensions provoquées et créées par certains candidats considérés comme anticonstitutionnels.

La Cédéao préserve sa crédibilité, son rôle dans la région, mais cela peut la pousser à des positions inconsistantes, notamment une fermeté dans certains cas, très tolérante dans d’autres, selon les alliances politiques, la pression internationale, ou les coûts d’une intervention. Certains critiques estiment que le système est instrumentalisé ou qu’elle agit dans l’intérêt de pays externes, notamment la France dans certaines situations, ajoute Tv5monde Afrique.

Aussi, quand des chefs d’État membres sont impliqués, ou que l’on craint les déstabilisations, la Cédéao peut être moins proactive. Par exemple, le silence ou l’inaction face à certains changements constitutionnels contestés ou à des demandes d’interdiction de mandats trop longs

Des cas récents sont visibles, vivants et palpables en Côte d’Ivoire où les intérêts institutionnels et politiques peuvent diverger des idéaux démocratiques avec des tensions préélectorales. A observer que le président Alassane Dramane Ouattara souhaite briguer un quatrième mandat, ce qui est jugé contestable par l’opposition et par certains observateurs.  

…tout comme, l’Uémoa , observant les dérives et après, elles appellent au calme.

Face à cette préoccupation de la plus grande frange de la population, la Cédéao reste silencieuse face à cette situation, malgré les violations constitutionnelles alléguées. Ce qui est perçu comme un double standard parce que prompte à condamner dans certains États, plus tolérante dans d’autres comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, fait remarquer NDA Afrique.

L’État ivoirien a refusé un financement international soumis par l’Onu et l’Ue pour les élections. Cela peut être interprété comme un moyen de limiter l’influence ou les conditions imposées par ces bailleurs, acte Jeune Afrique.

Il y a aussi, le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger qui ont formé l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ces pays invoquent que la Cédéao met trop l’accent sur la gouvernance démocratique d’une manière qui semble davantage imposée que respectueuse de la souveraineté locale.  Leur retrait dévoile aussi les limites de l’organisation dans le rôle qu’elle veut jouer, et les tensions entre normes démocratiques internationales et réalités sécuritaires populaires.

Des observateurs accusent l’accuse d’être indulgente avec certains régimes amis, sévère avec d’autres selon les alliances politiques. Le financement extérieur aux organisations de gouvernance démocratique peut créer une forme de dépendance et diminuer la marge de manœuvre des États, ou favoriser que les priorités des bailleurs dictent les réformes, rappellent lemonde.fr et TV5 Afrique.

Aussi, si les populations estiment que les institutions ne défendent pas vraiment leurs intérêts, cela peut générer colère, radicalisation, ou désaffection électorale. La critique de l’ingérence de ces organisations alimente des discours de souveraineté qui peuvent être instrumentalisés par ceux qui veulent justifier des dérives autoritaires.

Pour que ces organismes jouent un rôle plus crédible, plus conforme aux attentes démocratiques des populations, il leur faudra communiquer clairement sur leurs missions, leurs critères d’intervention, leurs financements, leurs partenariats. Qu’ils évitent les doubles standards, appliquer les principes démocratiques partout, même si cela risque d’être coûteux ou de déplaire, de s’assurer que les réformes, les normes ou les aides viennent aussi de la demande locale, pas seulement imposées de l’extérieur.

Les États africains gagneraient à mieux financer leurs propres processus électoraux pour ne pas être obligés d’accepter toutes les conditions qui accompagnent l’aide. Il faudrait aussi qu’elles prennent en compte les réalités contextuelles, particulièrement la sécurité, les infrastructures, le niveau d’éducation politique, les conditions sociales. Vu que ces facteurs influencent fortement la tenue d’élections justes, et les institutions internationales doivent les intégrer dans leurs approches.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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