Par VOUZO ZABA, Afriquematin.net
Le fondateur du Mouvement des Forces d’Avenir(MFA), s’est largement exprimé ce weekend, sur la vie politique Ivoirienne et singulièrement sur la ‘’volonté de confiscation du pouvoir’’ par le président Ouattara. Ci-dessous la déclaration du président Innocent Anaky Kobena qui en dit long sur les griefs portés à l’encontre du chef de l’Etat.
<< L’Horizon Politique S’Assombrit,
Le Bureau Politique du RDR, réuni à Abidjan le 09 Juillet 2018, a demandé à son Président d’honneur, Alassane Ouattara, d’accepter d’être le Président du parti Unifié RHDP dont la création va se faire au galop dans les jours sinon heures qui viennent.
La Côte d’Ivoire, dans toutes ses composantes, contrées et populations remercie le Bureau Politique du RDR d’avoir enfin abattu ses cartes et délivré des incertitudes, supputations, et même angoisses, les millions d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens qui se demandaient bien ce que pouvait cacher cette obsession fiévreuse du Président Ouattara à imposer au forceps ce parti politique unifié RHDP à ses partenaires en alliance.
Il est désormais clair que le RHDP parti unifié est tout simplement la voie royale pour un troisième mandat d’Alassane Ouattara, en 2020, puisqu’il en sera le candidat de consensus obligé aux élections présidentielles de 2020.
Ainsi, le ‘’golden boy’’, présenté comme une perle du système universitaire Nord-Américain, pétri aux valeurs du libéralisme, et ayant brillamment fait ses classes d’économiste expert dans le système de Bretton Woods, a fini par rentrer dans le rang classique des despotes des sombres tropiques, dont le seul crédo est que leur pays et leurs concitoyens ne peuvent trouver le salut que par leur seule personne.
Comme il est avéré qu’aucune voix Ivoirienne ne lui parvient, et surtout pas celles de ses proches au gouvernement et en son parti politique, pré carré en permanence tétanisé par le regard du lion, espérons au moins que ceux de l’extérieur qui, seuls, ont sa considération et son attention, pourront lire quelques-unes des préoccupations des Ivoiriens et les lui répercuter !
A-Démocratie en Recul :
La Côte d’Ivoire est un pays démocratique, et la constitution commande et oriente toutes les lignes de sa gouvernance et de sa vie publique. Il se trouve que la constitution en vigueur ne permet pas que l’on soit Président de la République dans le prolongement de deux mandats successifs.
Alassane Ouattara ayant été élu Président en 2010 et en 2015, sa candidature à la présidentielle de 2020 est purement et simplement irrecevable.
Le monde entier attend avec impatience de vérifier si la Côte d’Ivoire est un état de droit, un pays ayant fait le choix d’épouser les valeurs de ce nouveau siècle d’espoirs d’épanouissement porté par les valeurs démocratiques. L’annonce de la candidature de Ouattara pour 2020 représentera une honte et un grand recul pour la Côte d’Ivoire et son image dans le concert des nations !
B- Le RDR est atteint :
Cette volonté désormais claire et affichée d’Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat, et peut être encore plus, va créer une crise profonde d’abord et avant tout au sein de son propre parti politique, le RDR, où les militants et responsables se retrouvent brutalement sans véritable repère, puisque le fétiche se retrouve comme mis à nu.
Le RDR étant l’un des trois principaux partis politiques de Côte d’Ivoire, il est certain que sa déstabilisation profonde aura forcément un impact sur la vie politique et sociale dans le pays ; car il est acquis que la paix et la stabilité d’un pays reposent sur le bon fonctionnement démocratique des partis politiques, pour qu’ils puissent assumer valablement leur rôle d’information, d’interface et de régulation au moment des grandes échéances de la vie de la nation. Depuis Septembre 2002, l’on sait que le Nord de la Côte d’Ivoire, zone ou le RDR est majoritaire, peut vite prendre feu et mettre en péril la paix dans le pays.
Depuis ce récent congrès extraordinaire du RDR, où c’est devant toutes les caméras et les regards stupéfaits du monde entier que Alassane Ouattara a composé la direction de son parti, il est évident que le feu y couve. S’il en doutait, il n’aurait qu’à se faire projeter cette séquence où les mines ébahies, frustrées et au bord de la révolte des membres de son pré carré ne trompent guère.
Attention ! Attention ! Aucun mouvement messianique ne survit à l’explosion du mythe bâti sur l’aura de son leader !
C- Le PDCI est attaqué :
Toujours pour obtenir ce troisième mandat, Alassane Ouattara ne fera que persister dans son négationnisme de l’inéluctable dette de retour au PDCI et à Konan Bédié, induite par l’appel de Daoukro, de septembre 2014, qui lui a assuré sans coup férir un second mandat en 2015. Un fauteuil présidentiel ne peut se rendre que par un fauteuil présidentiel. N’avons-nous pas entendu que « courte queue se paye avec courte queue » ?
Il convient donc désormais d’intégrer que la grave crise qui s’ouvre entre Ouattara et le PDCI de Bédié risque d’avoir également de graves conséquences sur la paix et l’ordre public en Côte d’Ivoire.
Le PDCI-RDA ne sera plus tout à fait le même, et quelles que soient les volontés d’apaisement et de rassemblement, les dirigeants de ce parti auront tous, désormais, telle ou telle étiquette au front.
D- Les Elections de 2020 en danger :
Par ailleurs, si, sans aucune retenue ni honte, les défenseurs du troisième mandat de Ouattara clament que seul le RHDP parti réunifié garantira la paix en Côte d’Ivoire, invitent-ils donc déjà les Ivoiriens et Ivoiriennes à se préparer à une autre guerre civile, non seulement si le PDCI présentait un candidat en 2020 comme il semble désormais y être décidé, mais, pire encore, si c’était un candidat de l’opposition qui remportait cette même présidentielle ? Hum… Hum… Hum….
E- Que devient la côte d’Ivoire ?
Pour nous résumer, l’on est aujourd’hui fondé à se demander s’il ya encore du bon sens et du réalisme aux commandes du navire Ivoire, car, en plus des conditions de vie intenables que connaissent les populations dans leur vie quotidienne, ne voilà t’-il pas qu’on leur sert un gouvernement où chaque ministre ou secrétaire d’état sera désormais un sofa armé et en guerre pour porter son messie à la tête de la Côte d’Ivoire en 2020, envers et contre tout, et tant pis pour le peuple, pour les exilés, les prisonniers politiques, et basta pour l’impérieuse réconciliation qui pourtant commande tout!
Plus de deux ans avant la tenue des élections présidentielles de 2020, toute la vie du pays semble se ramener à l’exécution des volontés aussi impatientes qu’inacceptables d’un despote désormais aligné sur le registre du « aussitôt exigé, aussitôt fait », et qui ne semble même pas comprendre que l’autre, le partenaire, est également fait de chair et de sang, et a aussi une volonté et une âme ! Sans même évoquer l’adversaire politique qui n’est même pas censé exister !
Quel paysage donne aujourd’hui la Côte d’Ivoire officielle à la Communauté Internationale ou aux partenaires au développement ?
Des investisseurs étrangers peuvent-ils repartir rassurés s’ils viennent de passer une semaine en Côte d’Ivoire, en ces mois de Juin et Juillet 2018 ?
Pour terminer, nous espérons qu’il apparait à toutes les Ivoiriennes et Ivoiriens que, en prévision des zones d’incertitudes et turbulences vers lesquelles le Président Ouattara entraine leur pays, il s’impose, plus que jamais, que ceux qui aiment ce pays s’arment le mental, se mobilisent et se tiennent prêts pour les grandes batailles pour la survie du pays qui s’annoncent.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Abidjan, le 12 Juillet 2018
Le Président du MFA
KOBENA INNOCENT ANAKY>>