Elle était attendue depuis environ dix jours. Ses divers caprices avaient fini par exaspérer les moins téméraires. Les jérémiades des populations ajoutées aux prières ferventes quasi-quotidiennes des communautés religieuses n’avaient pas touché sa sensibilité au point qu’elle tombe dru sur la capitale burkinabè. Et pourtant lorsque le professeur Amoa Urbain s’est mis à demander pardon » à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso afin que ces peuples frères désarment leurs bouches – violences verbales – par la pratiques de l’élégance langagière ; qu’ils désarment aussi leurs cœurs en s’obligeant à pardonner puis progressivement à oublier le mal fait aux uns et autres ». Comme pour conjurer le mauvais sort et approuver la démarche réconciliatrice de leur fils, le prince Amoa Urbain, les mânes des ancêtres ont fait tomber une grande pluie sur Ouagadougou, ce samedi 22 juin 2019, au cours de la cérémonie de dédicace du recueil de poèmes « Le Soleil Éclatant » du Mogho Naaba Bâongo, au Palais Royal de Panghin, en présence d’un parterre de ministres, anciens ministres, des responsables religieux et des autorités coutumières. Cet incident surnaturel a quelque peu mis un bémol à la ferveur et à la solennité de cette cérémonie. Ce fait en apparence anodin, a été relevé par Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou qui a reconnu que la pluie était très attendu afin adoucir la température et faire chuter le mercure. A sa suite, le professeur Amoa Urbain qui présentait le livre s’est réjoui que les ancêtres aient attaché du prix à sa requête.
Ce pardon, a expliqué le praticien de la diplomatie coutumière africaine, résulte du constat que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso pleurent encore les affres des cascades des coups d’état, de mouvements sociaux et de guerres fratricides à relents de conflits intercommunautaires perlées et à hauts risques de guérilla dans nos campements et dans nos villages. C’est la raison pour laquelle cet hôte de marque de la Cour royale de l’Empire Mossé, a suggéré aux deux pays frères unis par l’histoire et des liens fraternels séculiers, prenant à témoins, les membres du gouvernement burkinabé, les anciens ministres, les universitaires, les guides religieux et les autorités coutumières, « une future confédération » qu’il a appelé « Les Serments de Ouagadougou, un pacte de cohabitation fraternelle pacifique ».
En sa qualité de spécialiste de Science du langage/Littérature africaine, Amoa Urbain a d’emblée décrit le livre comme « beau », avec des illustrations qui assurent une interprétation inévitablement proche de la réalité et une suite succulente de poèmes, a-t-il clarifié, du point de vue de la forme du livre. Par la suite, le premier Docteur d’Etat ès Lettres de l’Université de Ouagadougou, s’est penché sur le fond du texte qui, révèle-t-il, offre des images et des symboles portées par une jonglerie langagière au centre de laquelle le poète (Mogho Naaba Bâongo) célèbre des valeurs humaines. « Puisse Sa Majesté le Mogho Naaba Bâongo offrir davantage des textes poetico-philosophiques aux générations montantes et futures pour que naisse en Afrique, une nouvelle race de chefs dits traditionnels pour constituer, au cœur des États modernes « une chefferie rationnelle et éclairée » nantie d’expérience, des anciens et de grandes compétences professionnelles et humaines, une chefferie dite traditionnelle connue et reconnue par tous nos États qui, plus que jamais ont besoin d’institutions fortes et une nouvelle race de dirigeants pour donner un nouveau souffle aux Grandes institutions de nos Républiques… », a souhaité Amoa Urbain.
Répondant avec beaucoup de joie et comme porté par l’acquiescement total de l’assistance présente, Sa Majesté le Mogho Naaba Bâongo, par ailleurs, Grand-croix de l’Ordre national du Burkina Faso, a préconisé que la paix revienne entre les deux pays frères. « Que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso soient unis par ses fils, unis par ses institutions, unis sur le plan économique. Je souhaite la paix dans les deux pays. Je souhaite également que le vivre ensemble, qui a été vraiment culturel du temps de nos grands parents, le soit toujours aujourd’hui et demain avec nos enfants et petits enfants », a suggéré le Mogho Naaba Bâongo. Si l’Afrique ancienne avait pour fondement la tradition orale, le maître de céans de la Cour royale du Panghin a affirmé avec véhémence qu’il a décidé d’écrire pour donner des repères écrits à la postérité, convaincu que la tradition a un rôle prépondérant à jouer dans la perfection et la sauvegarde du monde.
Me Pacéré Titinga Frédéric, préfacier de ce recueil de poèmes, s’est abondamment réjoui de ce que son Empereur soit le premier monarque africain à consigner ses pensées philosophiques et ses conseils avisés dans un ouvrage épistolaire.
Le spécialiste de la chefferie traditionnelle, le professeur Amoa Urbain a offert au garant de la puissance et des coutumes Mossé un pagne traditionnel d’origine « Baoulé » et une trentaine de livres issus de ses dernières publications dont un recueil de nouvelles « Et si j’étais amoureuse de mon prof » et un recueil de poèmes « Un bouquet pour Madagascar » ainsi que des exemplaires de « Trente jours en Enfer, témoignage d’une rescapée de l’immigration clandestine » du journaliste-écrivain, Patrick De Montherland.
Le recueil de poèmes « Le Soleil Éclatant » de Sa Majesté le Mogho Naaba Bâongo est composé de vingt et un poèmes, de devises, de pensées de vie et de témoignages d’universitaires. Il compte cent vingt-six (126) pages.
Patrick Krou, envoyé spécial à Ouagadougou
Sa Majesté le Mogho Naaba Bâongo au sujet de pardon demandé par le professeur Amoa Urbain: « La paix est très importante entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso »
« C’est très important la paix entre les peuples burkinabé et ivoiriens. Il n’y a pas de développement sans la paix. Il n’y a pas une volonté de vivre ensemble sans paix. Je souhaite que la Côte d’Ivoire et la Burkina Faso soient unis par ses fils, unis par ses institutions, unis sur le plan économique. Je souhaite la paix dans les deux pays. Je souhaite que le vivre ensemble qui a été vraiment culturel du temps de nos grands parents le soit toujours et demain avec nos enfants et petits enfants. »
Les 7 Serments de Ouagadougou proposés par Amoa Urbain pour un pacte de cohabitation fraternelle pacifique
Article 1: Que chaque État soit fier et digne – tout en étant ouvert à l’autre – d’œuvrer de façon permanente à la sécurisation, de l’intangibilité des territoires héritée de l’histoire et au respect des valeurs et des richesses culturelles propices à chaque peuple car dit la sagesse des peuples Mossé: « Celui qui sort sur la natte de son voisin dort par terre. »
Article 2: Que chacun de ces deux États qui, en nombre de points un passé de rapprochement, œuvre non seulement d’une paix durable au maintien de la paix chez soi et contribue efficacement à la création de richesses et d’un bien-être pour chacun (e) et pour tous (toutes ) dans le strict respect des valeurs du pays d’accueil et ce, grâce à l’avenir d’un nouveau projet d’éducation populaire plus humain.
Article 3: Que chaque État s’engage par la signature de cet Acte sur l’honneur et dans le respect des valeurs de dignité et d’intégrité morale à ne jamais servir de base arrière voire de terre de refuge à des organisations et à des individus reconnus par l’autre État comme personnes ou instances porteuses de conflits sociaux, de troubles, de guerre ou d’attaques et de violences sur les personnes et les biens.
Article 4: Que les Citoyennes et les Citoyens jouissant pleinement et totalement de leurs libertés s’engagent à:
-respecter les symboles et les devises du pays d’accueil
-œuvrer à la production de la richesse conformément à la réglementation en vigueur et au respect des valeurs morales, culturelles et spirituelles de l’espace d’accueil dont le Sacré
Article 5: Que la diplomatie coutumière au cœur de la chefferie traditionnelle entre les peuples le degré zéro de toute résolution des conflits liés à la gestion de la terre et que les autorités coutumières bénéficient de sessions de renforcement de capacités de façon à être capable en tout lieu et en toute circonstance.
Article 6: Qu’aucun citoyen ne s’autorise à verser le sang humain et qu’il règne un respect mutuel entre les peuples des États signataires des présents Serments
Article 7: Que ces principes soient érigés en un code de bonne conduite sociale et de guide de protection des personnes et leurs biens, de l’environnement et du cadre de vie:
-dans les villages et les campements par l’organisation centrale de la chefferie traditionnelle sous l’autorité du corps préfectoral
-dans les quartiers par le collège des chefs de communauté sous l’autorité du Maire
-dans les royaumes par les Rois, les Empereurs et les Sultans sous l’autorité du corps préfectoral
Propos recueillis à Ouagadougou pat P. K