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Les noyés du Nil : des images terrifiantes montrent des manifestants coulés au Soudan

Les unités de la Force de soutien rapide (RSF), cette ancienne milice du Darfour qui mène actuellement la répression contre la contestation à Khartoum, ont tiré à vue pour chasser les manifestants qui tenaient un sit-in devant le quartier général de l’armée, lundi 3 juin, faisant des dizaines de morts. Mais cette milice réputée par sa brutalité a aussi jeté des dizaines de personnes dans le Nil. Depuis mardi 4 juin, des images insoutenables de cadavres flottant dans les eaux du fleuve sont relayées sur les réseaux sociaux.

Selon le comité des médecins proche de la contestation, l’opération de dispersion a fait au moins 108 morts et 500 blessés. Quarante cadavres ont été retrouvés dans les eaux du Nil, indique la même source.

Depuis mardi 4 juin, des images montrant des corps boursouflés sortis de l’eau sont relayées sur Facebook et Twitter. Sur une des photos, un homme vêtu d’une chemise rouge a une corde attachée au bras et au poignet, et semble donc avoir été ligoté avant d’être jeté dans le fleuve. Nous ne montrons pas cette photo extrêmement choquante étant donné l’état de décomposition du bras de la victime.
Des corps à la dérive au nord de Khartoum

Une vidéo, tournée devant le service d’autopsie de la ville voisine d’Omdourman, montre deux cadavres allongés à l’arrière d’un pick-up. Des parpaings ont été attachés à leur pieds, vraisemblablement dans le but d’empêcher qu’ils remontent à la surface de l’eau.

Capture d’écran de la vidéo, où l’on voit les pieds de l’une des victimes attachés à un parpaing.

Une médecin soudanaise proche de l’opposition a indiqué lors d’une intervention jeudi sur une chaîne de télévisionque des corps avec des briques attachés aux pieds avaient été retrouvés dans la ville d’Elfaki Hashim, à une trentaine de kilomètres au nord de Khartoum. Elle n’a pas précisé leur nombre.
Selon cette médecin, les corps ont dérivé depuis Khartoum. « Les cadavres ont fait surface parce que le niveau de l’eau est bas dans cette zone « , a-t-elle expliqué. Elle a ajouté que certains corps portaient des impacts de balles.

Un médecin joint par France 24 a indiqué que parmi les corps retrouvés dans le Nil, certains portaient des impacts de balles et des brûlures. Lors de l’opération de dispersion, les unités de la RSF avaient brûlé les tentes des manifestants installées devant le quartier général de l’armée. « Les RSF ont tué des manifestants par balles, puis ont brûlé leurs tentes alors qu’ils étaient à l’intérieur « , affirme ce médecin, qui demande à conserver l’anonymat pour sa sécurité.
Des habitants repêchent un corps

Une vidéo montrant des habitants en train de repêcher un corps dans le Nil a été transmise à notre rédaction par un activiste. Cette vidéo, qui dure un peu plus de 12 minutes, a été tournée mardi 4 juin, au lendemain de la tuerie du quartier général de l’armée. Elle montre un corps entrainé par le courant vers une rive du fleuve, sous les yeux ahuris des passagers d’une embarcation de transport fluvial. A 0’49’’, on aperçoit une forme noire qui flotte sur l’eau. Puis, à 3’31’’, une foule amassée sur la terrasse d’un restaurant en train d’observer le corps en train de se rapprocher de la berge. A 10’05’’, on voit un des habitants transporter le corps dans un tapis, après l’avoir extrait de l’eau.

Vidéo transmise par notre Observateur, qui montre des habitants repêcher un corps dans le Nil.

Avec l’aide de nos Observateurs, nous sommes parvenus à localiser la vidéo. Elle a été filmée près du pont « Blue Nile Bridge« , à quelques centaines de mètres au nord du quartier général de l’armée, donc du lieu du sit-in.

Captures d’écran de la vidéo qui montrent le « Blue Nile Bridge, à droite, et le restaurant Sama, à gauche, près duquel le corps a été repéché.

Image google Map qui montre l’endroit où la vidéo a été tournée : On distingue donc le « Blue Nile bridge » sur la droite, et le restaurant Sama sur la gauche.

Des témoignages des rescapés corroborent les accusations

Plusieurs témoignages de rescapés de noyades sont également relayés sur les réseaux sociaux. Un jeune manifestant notamment, affirme sur son compte Twitter que les RSF l’ont jeté dans le fleuve en compagnie de quatre autres personnes, lundi 3 juin, au cours de la dispersion du sit-in. « Dieu merci, je sais nager. Mais je pense que les autres personnes n’en sont pas sorties « , explique-t-il dans son tweet. Nous ne mettons pas de lien vers son tweet, pour ne pas risquer d’exposer ce manifestant.

Depuis mardi 4 juin, les autorités ont bloqué l’accès à Internet dans le pays, sans doute pour empêcher que les informations et les images des exactions ne filtrent sur les réseaux sociaux. Deux opérateurs sont néanmoins restés accessibles, ce qui a permis à des utilisateurs de partager des images de la répression menée par les RSF.

Depuis le démantèlement du sit-in du quartier général de l’armée, les RSF font règner la terreur à Khartoum, transformée en ville fantôme. Ces unités, dont les effectifs sont estimés à 5 000 combattants, sont issues des anciennes milices des Janjawids, accusés d’atrocités durant le conflit au Darfour. Leur chef Mohammed Hamdan Daglo (surnommé Hemetti) est le vice-président du Conseil militaire de transition qui dirige le pays depuis le chute du président Omar el-Béchir le 11 avril.

Source: The Observers

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