Le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby est rentré au Tchad depuis hier 9 août, après la signature de l’accord de Doha avec une partie des groupes politico-militaires. Le texte ouvre la voie à une participation des groupes armés signataires au prochain dialogue national inclusif. Quelles garanties le texte leur offre-t-il, et peut-on s’attendre au retour à Ndjamena des principaux responsables de ces groupes ? Le ministre tchadien des Affaires étrangères Cherif Mahamat Zène est l’un des principaux artisans de cet accord.
Votre implication dans les discussions de Doha se sont fait ressentir, que ressentez-vous après cette signature ?
Un sentiment de satisfaction. Nous avons vécu des moments parfois difficiles. Par moment, on a frôlé également la rupture, mais nous avons toujours fait preuve de patience et nous espérons que le résultat obtenu au bout de cinq mois d’âpres discussions pourra apporter une paix durable au Tchad.
De quelle manière les politico-militaires signataires vont-ils participer au dialogue national inclusif qui doit démarrer le 20 aout prochain ? Il faut aussi rappeler que deux groupes armés, l’UFR et l’UFDD dirigés respectivement par Timan Erdimi et Mahamat Nouri ont signé cet accord, espérez-vous leur présence dans la capitale tchadienne pour le dialogue national inclusif ?
Dans la mesure où ils ont signé l’accord, le comité d’organisation du dialogue national inclusif leur a réservé un quota. Certains d’entre eux pensaient qu’ils allaient être marginalisés, je ne pense pas. Ils vont occuper toute leur place et auront un quota qui leur permettra de se faire entendre dans ce forum pour aborder toutes les questions relatives à l’avenir du Tchad.
Concernant ces deux leaders des groupes armés, il faut noter qu’ils ont signé cet accord, pour venir participer à ce dialogue.
Donc attendez-vous de la présence de Timan Erdimi et Mahamat Nouri à Ndjamena ?
Nous attendons tous les signataires de l’accord de Doha à Ndjamena pour leur participation au dialogue national inclusif.
Cet accord va-t-il leur permettre de participer au dialogue national inclusif en toute sécurité ?
Absolument, l’accord, entre autres, prévoit toutes les mesures sécuritaires nécessaires pour la protection des leaders et membres des mouvements politico-militaires signataires de cet accord. Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un qui puisse être menacé tout simplement parce qu’il rentre au Tchad.
Et quelles sont les garanties que vous offrez à ces groupes politico-militaires ?
D’abord, tous ceux qui ont été condamnés dans le passé pour acte de rébellion, ou acte répréhensible ne relevant pas du droit commun, seront amnistiés. S’ils ont des biens qui ont été confisqués dans le cadre de condamnations judiciaires, ils seront restitués. Une fois arrivés à Ndjamena ils auront des éléments de protection à leur disposition, pour ceux qui nécessiteraient une protection spéciale. Je pense que l’accord répond pratiquement à toutes les attentes des politico-militaires.
Plusieurs groupes politico-militaires n’ont pas signé le texte, parmi eux le FACT et le CCMSR, cela ne réduit-il pas la portée de cet accord ?
Ça ne réduit en rien la portée de cet accord, et je pense que ceux qui ont choisi de ne pas signer l’accord étaient venus à ces discussions avec des a priori. Il n’y a rien de plus difficile que de convaincre quelqu’un qui a fondé tout son raisonnement sur des a priori ou des préjugés. Je pense que le FACT a toujours posé quatre (4) conditions, et ces conditions sont prises en charge dans cet accord.
Le seul point pour lequel le FACT rejette actuellement cet accord, c’est la libération de ses prisonniers de guerre. Nous avions demandé qu’ils nous donnent des garanties, que ceux qui seront libérés ne vont pas rejoindre le FACT, et bien il n’y a pas de garantie à nous donner ! Comment voulez-vous que gouvernement libère des prisonniers de guerre pendant que les gens remettent à plus tard le DDR, si le DDR commençait de façon concomitante, avec leur participation au dialogue, les prisonniers allaient être libérés sur-le-champ, voilà le problème.
Sur ces points, le dialogue peut-il être poursuivi avec les mouvements non signataires, ou avez-vous l’intention de le poursuivre avec eux ?
En tout cas il n’y aura pas de nouvelle négociation, l’accord signé reste ouvert à tous ceux qui veulent s’y joindre à tout moment.