par le Général Amine Htaite.
Durant sa campagne électorale, le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump a promis à ses partisans de retirer l’armée américaine de Syrie, parce qu’il ne voyait en sa présence aucun intérêt pour les Etats-Unis. Lorsqu’il a accédé à la présidence, il a alors essayé de tenir sa promesse, mais il a été confronté à l’appareil de l’Etat profond qui l’a averti des dangers de ce retrait sur les intérêts américains et la sécurité nationale, et a exercé sur lui une pression telle qu’il a dû battre en retraite et gérer les choses de façon à sauver la face. Il a traîné pour l’exécution de la décision de retrait, sans toutefois l’annuler, attendant une meilleure occasion pour son application.
Après sa première décision, Trump s’est replié un certain temps, puis a rejoué le même air sur le retrait en semblant plus déterminé à l’appliquer, car il l’estimait cette fois irrévocable et qu’il n’était pas prêt à écouter les conseils, avis ou recommandations de quiconque au pays ou de l’étranger. Trump a donc conclu un accord avec la Turquie, dans lequel il lui a accordé le droit d’établir une zone de sécurité dans le nord-est syrien et lui a confié le suivi de la mission dans la région après le retrait américain. Il a également appelé les Européens à collaborer avec la Turquie et à remplacer l’armée américaine ; ce qu’ils ont rejeté. Cette fois, Trump a décidé sérieusement de retirer complètement et sans attendre son armée de Syrie.
Face à cette détermination, l’appareil de l’État profond est également intervenu pour dissuader Trump de quitter la Syrie. Estimant que le retrait, avant l’obtention d’une compensation quelconque par la solution politique, serait un désastre stratégique pour les Etats-Unis et traduirait leur défaite totale, l’Etat profond ne voyait aucun moyen pour convaincre Trump à part jouer sur sa corde sensible en lui faisant miroiter le pétrole qu’il se vante ouvertement d’aimer. On lui a dit que s’il allait jusqu’au bout dans sa décision de se retirer de Syrie, les puits pétroliers seraient menacés par l’éventuel retour d’ISIS, et on lui a conseillé que les États-Unis mettent la main sur les puits de pétrole par une présence militaire réduite à un contingent ne dépassant pas 600 membres, soit le quart des forces américaines en Syrie officiellement déclarées. La tâche principale de cette force est de protéger le pillage du pétrole, d’indemniser les USA pour leurs pertes et de rétribuer leurs efforts face au terrorisme, en plus de sa mission secondaire d’assurer le soutien aux SDF kurdes. Trump a été convaincu par la proposition qu’il a adoptée, d’autant plus qu’il y a du pétrole à prendre sans que les USA n’aient à supporter des charges sérieuses, puisqu’il n’y a que 600 militaires pour l’appliquer.
L’État profond a une fois de plus réussi à empêcher un retrait américain total de Syrie et a inventé une nouvelle mission pour justifier cette présence en concrétisant la réalité d’une occupation directe du territoire syrien qui pourrait durer longtemps, où le pillage de la richesse syrienne serait perpétré. Les USA commettent des crimes en violation des règles du droit international, une violation fondée sur leur puissance globale, militaire en particulier, qui fait qu’ils opèrent en hors-la-loi assurés de l’impunité. Mais sont-ils vraiment à l’abri de poursuites ou de confrontations comme ils le pensent ?
Lors de sa récente interview avec les médias russes, le président Bachar Assad a fait détoner une bombe retentissante contre les Etats-Unis. Celle-ci est venue à un moment très opportun en réponse à l’occupation américaine des puits de pétrole sur al-jazira syrienne à l’est de l’Euphrate. Cette bombe a soulevé de nombreuses questions et mis en exergue le devenir de l’occupation américaine du territoire syrien et le sort du pillage américain du pétrole syrien.
Le président Assad a menacé l’armée américaine présente sur le sol syrien d’une résistance populaire organisée par le peuple syrien et soutenue par le gouvernement syrien. Le Président a présagé de résistance populaire et, pour des raisons militaires, opérationnelles et objectives, n’a pas explicitement mentionné l’armée arabe syrienne, qui mène actuellement sa guerre contre le terrorisme exercé par la Turquie et ses mercenaires, soit directement par ses troupes officielles ou indirectement par les organisations terroristes qu’elle a formées et soutenues.
Face à l’occupation, le Président Assad a distingué entre les forces d’occupation américaines et les forces d’occupation turques avec leurs deux branches, et avec un réalisme absolu, il a confié le sort de l’occupation américaine à la résistance populaire afin de ne pas impliquer l’armée arabe syrienne dans un affrontement inégal, alors que l’occupation turque sera confrontée à l’armée, comme c’est le cas actuellement face à l’envahisseur, et à la résistance si nécessaire. L’occupation américaine sera l’affaire de la résistance, qui n’a pas évidemment pour but de « détruire l’armée américaine » mais plutôt de lui faire mal et de rendre le coût de l’occupation si cher qu’il produira l’équation « pétrole contre sang ». C’est une équation que les États-Unis ne tolèrent pas parce qu’elle rend le prix de l’occupation tellement élevé qu’ils seront obligés de partir. La formation de cette résistance est-elle possible actuellement ?
Selon les règles et principes généraux de la lutte contre l’occupation, la résistance se forme et se maintient jusqu’à l’atteinte de ses objectifs sur un théâtre d’opérations donné, si trois conditions sont remplies :
- le rejet de l’occupation et l’émergence de la cellule résistante qui a la volonté de se battre et de se sacrifier,
- l’existence du milieu incubateur qui assure le soutien, le développement et la protection de la cellule,
- la présence d’un renfort à l’extérieur du théâtre des opérations, un support qui apporte le soutien moral et matériel.
Dans le cas syrien, ces éléments sont maintenant réunis, où les cellules de résistance peuvent être formées par des Syriens qui ont choisi de combattre pour la Syrie durant la guerre mondiale menée contre leur patrie, ou par d’autres Syriens de la zone occupée et de ses environs qui peuvent bénéficier des expériences de leurs alliés dans l’axe de résistance. L’environnement est en cours de rétablissement national, surtout après les positions récentes des chefs des tribus arabes. Le support et le soutien sont des éléments que l’Etat syrien et ses alliés de l’axe de résistance assurent. Ils ont tous une expérience suffisante en appuyant les résistances au Sud Liban d’où l’occupant israélien a été expulsé en 2000 et en Irak où l’occupant américain a été expulsé en 2011.
Il convient de rappeler ici une idée pionnière lancée récemment par le Président Assad lorsqu’il a souligné l’importance de la réconciliation nationale et du renforcement des liens de l’unité nationale syrienne indépendamment des races et des religions et qu’il a fait valoir la cohésion du peuple de l’Euphrate oriental face à l’occupation jusqu’à son expulsion. Il y a vu un exemple qui allait fermer les portes, les fenêtres et les brèches par lesquelles l’ennemi s’infiltrait, et ce verrouillage pourrait le convaincre de se retirer et de mettre fin à son occupation même sans se battre, car la mentalité de l’occupant américain n’accepte pas l’équation « sang contre pétrole », mais veut du pétrole gratuitement. Toute possibilité pour l’émergence d’une résistance et l’imposition d’un prix à l’occupation conduira au retrait de l’occupant, comme ce fut le cas au Liban en 1982 où les Marines sont partis immédiatement après l’opération de l’aéroport de Beyrouth qui a ciblé leur base et leur a causé des pertes et des dégâts importants.
Nous évoquons cela pour confirmer que la Syrie qui, après le dénouement de la question d’Idlib, actuellement sur les charbons pour la purifier du terrorisme, se retrouvera face à l’occupation américaine de ses puits de pétrole et constatera que les circonstances favorables à la formation d’une résistance nationale pour son retrait seront désormais existantes, à commencer par la volonté de rejeter l’occupation, aux autres éléments dont les moyens, les munitions, l’armement de tout type et sous toutes ses formes, allant du fusil à la charge explosive, de la roquette de courte portée au missile de plus longue portée … sans perdre de vue les drones pouvant être dirigés des environs contre les bases d’occupation, en plus de la disponibilité de la résistance nationale qui a une parfaite connaissance du terrain, les qualifications requises pour combattre et la capacité à endurer le climat rigoureux et les variations climatiques.
Par conséquent, nous estimons que la Syrie, qui sait très bien organiser l’ordre de ses priorités dans le cadre de sa guerre défensive contre le terrorisme et ses sponsors occupants, la Syrie victorieuse dans cette guerre, a choisi le moment propice pour dire aux Etats-Unis, les agresseurs en chef, de s’épargner les pertes et la défaite inévitable, de cesser le pillage des richesses syriennes et de quitter le territoire. Autrement ….
Nous pensons que les Américains saisiront le message syrien et agiront pour éviter que le sang de leurs soldats ne coule. Les contours d’un tableau syrien sans occupation américaine ne tarderont pas à se dessiner.
Article en arabe : http://www.al-binaa.com/archives/article/223422
traduit par Rania Tahar