Le quotidien britannique confirme la « très probable » manipulation des chiffres de la pauvreté au Rwanda. La Banque mondiale aurait été alertée dès 2015 par plusieurs de ses employés. Le miracle économique rwandais a plusieurs fois été questionné par des universitaires, notamment en 2015 après la publication de statistiques faisant état d’un taux de pauvreté en baisse de six points entre 2011 et 2014. C’est précisément sur cette période que deux journalistes du Financial Times ont enquêté.
Pour le Financial Times, le taux de pauvreté n’a pas baissé entre 2011 et 2014. Au contraire, il a très probablement augmenté. Selon les auteurs de l’enquête, les prix auraient grimpé beaucoup plus que ne l’admet le Rwanda dans ses calculs, notamment en zone rurale. Or une inflation plus forte signifie aussi une pauvreté plus grande.
Même les consultants qui collaborent avec le Rwanda ont fait état de chiffres très différents des données officielles, assure le journal, exemples à l’appui. Au sein de la Banque mondiale, le sujet divise également. En décembre 2015, cinq employés ont tiré la sonnette d’alarme.
Dans une lettre anonyme reproduite en partie par le Financial Times, ils évoquent la « manipulation des statistiques officielles et l’impossibilité de fournir des données publiques fiables ». C’est la réputation de la Banque mondiale qui est en jeu, écrivent-ils en substance à la direction.
Cependant, leur lettre est restée sans réponse. Son existence n’est d’ailleurs pas confirmée aujourd’hui par l’institution. La Banque mondiale a en revanche depuis 2015 défendu plusieurs fois l’analyse du gouvernement rwandais.
Le Rwanda, de son coté, rejette les conclusions de l’enquête du quotidien britannique. Selon lui, les progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté sont incontestables.