L’audition de Sidi Lamine Omar a débuté ce mardi 30 octobre 2018 au Tribunal militaire de Ouagadougou. Accusé dans cette affaire de putsch CND, le Malien n’entend pas jeter le manche après la cognée. Bien au contraire, il jette le discrédit sur les pièces brandies par le Parquet militaire.
Né en 1987, Sidi Lamine Omar est poursuivi pour incitation à la commission d’attentat à la sûreté de l’Etat. Une fois l’accusé présenté à la barre, ses avocats, Me Traoré et Me Aouba, ont vite soulevé une nullité de citation à comparaître de leur client. Pour eux, les textes indiquent que le mis en cause pourrait être jugé pour « complicité de » et non « incitation à ».
L’audience de ce mardi 30 octobre 2018 a débuté avec les débats contradictoires sur ce nouveau mémoire déposé sur la table du Juge Seydou Ouédraogo. A entendre les avocats du sociologue malien, la Chambre de Première Instance du Tribunal militaire doit se déclarer incompétente à juger Sidi Lamine Omar.
Le Parquet ne l’entend pas de cette oreille. Il estime que cette énième requête de la Défense est passible d’irrecevabilité. « Monsieur le Président, c’est une manière de parasiter la procédure », soutient le Procureur militaire.
Le Ministère public est appuyé dans ce sens par Me Guy Hervé Kam, avocat des Parties civiles. « Le mémoire est irrecevable et le Tribunal est bel et bien compétent à juger Monsieur Sidi Lamine Omar », tente-il de convaincre. Mais, Me Aouba persiste et signe : « On ne peut pas faire une autre lecture des dispositions. Notre mémoire est bien recevable ».
Après plusieurs heures de débats à tire-larigot, le Juge, qui assure la police de l’audience, décide de trancher. Le Tribunal émet une décision favorable aux réquisitions du Parquet et adaptée aux Parties civiles. Le mémoire nouvellement déposé est déclaré irrecevable. L’audition de Sidi Lamine Omar peut donc se poursuivre, les avocats de l’accusé toujours aux côtés de leur client, bon an mal an.
« J’urinais dans les sachets de 25 francs »
L’accusé, dans son exposé liminaire, commence par déplorer les conditions de son arrestation et de son incarcération. « Il y a de bons gendarmes, mais aussi, de mauvais gendarmes. J’ai été brutalisé. Je ne savais pas qu’on pouvait me faire ça au Burkina. Je ne suis pas venu ici au hasard. Contrairement à ce que certains disent, je ne suis pas Touareg. Je suis Arabe », entame le Malien.
Il ajoute qu’il a passé 48h dans sa cellule sans manger. « J’urinais dans les sachets de 25 francs. J’ai même pensé au suicide, mais ma religion le proscrit », dénote le prévenu. Le Président du Tribunal préfère s’en tenir à l’implication présumée de l’accusé quant au fait d’incitation à la commission d’attentat. « Le 16 septembre 2015, le Magistrat Colonel Abdoul Karim Traoré n’est pas venu à mon domicile », dément Sidi Lamine Omar.
L’inculpé ne se reconnaît ni dans le Procès-Verbal de la Gendarmerie, ni dans les propos à lui attribués dans des écoutes téléphoniques. « Il y a trop de faux dans ce dossier. Je ne reconnais que le PV du Juge d’instruction. J’ai connu le Général Bassolé à la MACA. J’ai connu le Général Diendéré dans le cadre du processus de médiation inter-malien. Je reconnais avoir dit au Général Diendéré que j’allais mourir pour lui, mais il n’y a aucune interprétation derrière ça », se défend-il.
A écouter le Parquet, le prévenu aurait proposé au Général Diendéré de lui envoyer 5 ou 6 hommes « pour l’aider militairement ». Mais, l’accusé réfute toutes ces déclarations pourtant contenues dans le PV de la Gendarmerie qu’il a signé. L’audience du jour a été suspendue aux environs de 13h. Elle reprend le vendredi 2 novembre 2018 à partir de 9h.
Par Noufou KINDO – Burkina 24