La Chronique ‘’les Actualités Politiques Ivoiriennes’’, numéro 33 du mercredi 1er Juin 2022 du vice-président du PDCI-RDA Kobenan Tah Thomas.
Bonjour chères concitoyennes et chers concitoyens.
La grande saison des pluies a commencé et comme tout le monde le sait, l’effet des eaux sur la canicule est toujours bienfaisant ! Y compris sur la canicule politique de la Côte d’Ivoire. Du coup, la montée de mercure dans les adversités politiques connaît des dénouements imprévisibles. En effet, l’on a appris la conversion du Professeur Amoa Urbain, farouche critique du président Ouattara, qui s’engage « par conviction et sans regrets », à servir désormais intellectuellement, politiquement, par tous moyens légaux, la cause du Rhdp.
L’annonce surprend plus d’une personne parce que des faits ont précédé cette décision du 21 Mai 2022 de l’ex-Recteur de l’Université Charles-Louis Montesquieu d’Abidjan Cocody. Premièrement celui du 21 mai 2017 où il demandait la démission du président Ouattara et en second lieu, celui du 14 juin 2016 où il entreprit une grève de la faim toujours pour fustiger la gouvernance du président du Rhdp.
D’aucuns ont lu une incohérence dans la ligne de l’homme de Lettres et de culture qui migre d’une idéologie de la gauche vers celle de la droite néolibérale. Ce doit être choquant pour ceux qui partagent les idéaux sociaux et politiques de la gauche sociale ! Mais, même aux dieux de l’Olympe, il arrive parfois des sorts de simples mortels ! Un adage ivoirien dit que la politique est la saine appréciation des réalités du moment. Politiquement, rien ne peut être reproché à l’homme du moment que son engagement antérieur d’homme politique de gauche n’était pas frappé du sceau d’un serment irrévocable. Amoa était de gauche, Amoa est désormais de droite !
La liberté de pensée et l’intime conviction de l’homme l’ont guidé vers des positions nouvelles et comme des milliers d’autres hommes politiques avant lui, il aura obéi à la vérité de la saine appréciation des réalités plurielles (celles de la Côte d’Ivoire, celles de la sous-région ouest-africaine, ses réalités personnelles, etc…) du moment. C’est cela, c’est fait et personne ne lui exigera de compte.
En revanche, il pourrait lui être opposé deux choses. Premièrement. Le pédagogue (et l’andragogue aussi d’ailleurs) qu’il est aura fort à faire avec la jeunesse qu’il forme. Précisons-le, l’andragogie est pour les adultes ce qu’est la pédagogie pour les jeunes. Comment supporter le regard de ces jeunes qui, même s’ils n’osent le dire explicitement, vous interrogent du regard pour comprendre les raisons du changement de camp idéologique d’un maître. Si le destin et vos efforts vous sortent de l’anonymat, ce n’est point pour user des tours de passe-passe d’hommes ordinaires.
Deuxièmement, l’homme de culture aura privé l’opinion publique des motivations réelles de sa nouvelle position alors qu’un beau petit livre – à la façon Tiburce Koffi – sur les évolutions de la droite néolibérale en Côte d’Ivoire nous suffirait pour comprendre. Peut-être, cette droite ivoirienne aura connu un rapprochement dans les idées et les offres politiques avec la gauche ; ce qui du reste aura convaincu l’homme de culture d’adhérer au Rhdp. C’est notre droit d’en exiger un peu plus de l’élite universitaire non ?
Bref ! En attendant le changement des réalités si changeantes sous nos tropiques, il faut parodier à charge du Professeur Amoa ce proverbe bété : « Jamais eau chaude n’embrase le toit de chaume« . Faut-il clouer au pilori notre Amoa ? Non ! Mais qu’il sache que « Plaie d’argent n’est point mortel/Mal d’argent n’assombrit que le cœur/A chaque jour suffit sa gêne/… » (Bottey Zadi Zaourou).
C’est le rôle de l’élite intellectuelle que d’éclairer les masses. Dans ce jeu de dialogue, nous n’entendons pas attribuer de rôle passif aux masses. Elles seront exigeantes envers elles-mêmes et plus encore envers les philosophes de la cité.
Merci et à mercredi prochain.