Par Kouamé Yao Séraphin*
Le samedi 09 octobre 2021, le maire de la commune de Brobo, était convié, par les soins du Président Valentin Kouassi, à participer, à Bongouanou, à une activité de la JPDCI urbaine dénommée « Week-end politique de la jeunesse du PDCI-RDA du Grand Centre ».
J’étais invité à prendre la parole en tant que conférencier, afin de me prononcer sur la thématique de la JPDCI et les défis futurs.
Les réflexions que je tiens à partager ici sous la forme d’un article m’ont été inspiré par les échanges et discussions que j’ai eus avant, pendant et après le séminaire avec les jeunes, leurs leaders et mon brillant collègue parlementaire, Honorable Marius Konan.
Je voudrais préciser que mon propos ne concerne pas que nos militants de la JPDCI, dont la limite d’âge est de 35 ans maximum. Je me saisirai de leur situation particulière pour aborder celle plus générale des jeunes cadres du PDCI-RDA.
En ce qui concerne la JPDCI, elle connaît des problèmes profonds, sources d’une léthargie souvent observée, dont la résolution rapide s’impose, compte tenu des défis qui attendent le PDCI-RDA et dont le plus grand est la reconquête du pouvoir d’Etat en 2025.
Le premier problème est d’ordre structurel. C’est un truisme que la configuration actuelle de l’organisation de la jeunesse, avec plusieurs têtes, n’est pas adaptée aux ambitions du parti. On se souvient que cette dispersion du centre de décision a contribué à l’immobilisme constaté, lors du boycott actif et de la désobéissance civile, notamment à Abidjan.
Le défaut de cohérence d’action et de coordination n’a pas non plus permis de soutenir le CNT, encore moins de protéger le Président Henri Konan Bédié du blocus de sa résidence et d’empêcher les emprisonnements qui en ont découlé.
La solution serait de revenir, avec un certain ajustement, à l’ancienne structuration qui avait notamment permis d’avoir une jeunesse forte. Un parti fort, c’est d’abord et avant tout une jeunesse forte.
Comme je l’ai toujours soutenu, la logique consistant à amoindrir le pouvoir de la jeunesse est une aberration et la manifestation d’un manque criard d’ambition. Il est vrai que l’expérience KKB donne à réfléchir, mais le parti doit avoir confiance en sa jeunesse pour avancer victorieusement.
Le second problème est d’ordre financier et logistique. Si l’équipe KKB a bénéficié de mânes financières pour travailler, ce n’est pas le cas pour les équipes successeuses.
Est-il besoin de convaincre sur le fait que la jeunesse d’un parti sérieux comme le PDCI-RDA ne peut véritablement se former politiquement, socialement, intellectuellement, afin de jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu, si elle doit se résoudre à mendier pour avoir les moyens de mener la moindre action ?
Les dons individuels de quelques cadres engagés du parti sont trop largement insuffisants comparés à l’ampleur du travail à accomplir.
Oui, c’est facile, trop facile, de pointer du doigt la jeunesse de notre parti, de la traiter de poltronne, de paresseuse, mais le parti doit d’abord prendre sa part de responsabilité.
Et, cette part de responsabilité consiste à allouer un minimum de moyens financiers et logistiques à ses jeunes qui ne demandent qu’à se mettre à son service, comme ils l’ont fait, lors des dernières heures chaudes, souvent au prix de leurs vies. Paix à l’âme du jeune Toussaint décapité.
On demande beaucoup à notre jeunesse, ce qui est normal, étant entendu qu’elle constitue notre première force pour gagner l’imminente échéance présidentielle 2025 et le ballon d’essai que représentent les locales de 2023.
Mais a-t-on conscience que la financer est l’une des premières conditions pour qu’elle déploie efficacement sa force ? Comment voulez-vous qu’en plein 2021 un président de jeunesse de parti soit performant sans moyen de locomotion ? C’est le lieu d’attirer l’attention sur le fait que notre président des jeunes étudiants et élèves n’a pas de véhicule.
Perçoit-on l’image que cela reflète de notre grand parti et le danger qu’il court lui-même, quand il est obligé de se déplacer en woro-woro ou gbaka, vu qu’il n’a pas d’argent pour prendre un taxi ? Que le parti alloue à notre jeunesse des véhicules, des ordinateurs, des bureaux…
Que le parti subventionne de façon conséquente sa jeunesse, je veux dire qu’il lui donne de l’argent, beaucoup d’argent, depuis les leaders centraux jusqu’aux coordinateurs locaux et régionaux. Faisons cela sur six à douze mois et jugeons aux résultats. Il faut sauver le soldat JPDCI !
En ce qui concerne la situation générale des jeunes cadres du PDCI-RDA, je veux décrier la manipulation dont ils sont l’objet. On veut leur transmettre comme héritage les vieilles querelles entre anciens clans, ces bagarres de clochers qui nous ont conduit à deux décades de privation de pouvoir. Je dis non.
Je dis non à l’indexation des jeunes cadres qui osent prendre la parole pour dire leur part de vérité. Je dis non à leur taxation de pro-celui-ci ou pro-celui-là. Il faut arrêter de leur coller des étiquettes pour vos petites ambitions égoïstes et calculs mesquins. Le PDCI-RDA des clans ne peut plus prospérer. Notre parti a trop souffert pour qu’il laisse des gens de mauvaises intentions détruire ses meilleures promesses d’avenir.
D’où vient-il que les jeunes vont tuer le parti, parce qu’ils ont tendance à s’exprimer librement sur les grands sujets concernant la vie de la maison verte ? Laissez Yasmina Ouegnin tranquille. Vous prétendez qu’elle est incontrôlable.
Moi, je veux bien comprendre pourquoi vous voulez la contrôler. Laissez Marius Konan tranquille. Pourquoi voulez-vous qu’il ait la langue de bois comme vous ? Laissez Jean-Louis Billon tranquille. Il a fait une sortie que j’ai jugée inopportune et que d’autres, en revanche, ont jugée opportune. Et après ?
Ne sommes-nous pas un parti démocratique ? Laissez Kouamé Yao Séraphin tranquille, oui laissez-moi tranquille. On me taxe de pro-Guikahué et de défenseur tous azimuts du président Bédié. Des gens, qui pour la plupart manquent de courage, ne veulent plus du vieux comme candidat à la présidentielle non seulement mais en plus veulent le voir quitter la présidence du parti.
Il faut que les choses soient claires : je soutiendrai le président Bédié, mon référent politique, jusqu’au bout et je serai toujours un collaborateur loyal de Guikahué tant que Bédié lui fera confiance pour animer notre parti. Au-delà de Bédié et Guikahué, c’est le PDCI-RDA, mon parti, que je soutiendrai toujours avec une loyauté inébranlable.
Laissez tous ces jeunes élus qui demandent des redditions de compte tranquille. Ils veulent la transparence au sein de notre parti. Cela n’est-il pas plutôt à saluer, puisque cela montre des gouvernants de demain qui ne toléreront pas le pillage des deniers publics en leur sein ?
Ils sont brillants et charismatiques et ça vous dérange, c’est ça hein ? Le PDCI-RDA regorge de tellement de jeunes cadres brillants qui donnent de l’espoir pour l’avenir de notre pays. Pourquoi veut-on les brimer, les éteindre ? Qui se croit Dieu pour éteindre les étoiles qu’Il allume ?
Mesure-t-on la chance que nous avons d’avoir des jeunes pleins de talents comme Éric N’koumo-Mobio, Valérie Yapo, Brahima Kamagaté, Yohou Dia, Edmond Taiguain, Jacques Ehouo, Olivier Akoto, Sylvestre Emou, Jean-Michel Amankou, François Oulayes, François Gnepa Yagui, Isaac Adi, Lazéni Coulibaly, Jean-Marc Yacé, Junior Gouali Dodo, Ange Aka, Cyrielle Obré, Félicien Léhié Bi, Athanase Kouamé et les multitudes autres dont les noms ne contiendraient pas dans une encyclopédie ? Ils sont notre assurance-tous-risques pour gagner en 2025.
Alors, au lieu d’en avoir peur ou de s’en méfier, il devrait constituer une grande fierté et bénéficier de la confiance de tout le parti. Vivent les jeunes cadres du PDCI-RDA ! Vive le PDCI-RDA !
*Maire de Brobo
Député de la Nation
Secrétaire exécutif chargé des Études et de la Prospective
Porte-parole du PDCI-RDA