A l’occasion du nouvel an, le nouveau président du Pdci-Rda, Tidjane Thiam a prononcé son premier discours de fin d’année, le dimanche 31 Décembre 2023. Ci-dessous l’intégralité du message.
Ivoiriennes, Ivoiriens, mes chers compatriotes, chers militantes et militants du PDCI RDA.
Chers amis de la Côte d’Ivoire,
C’est avec émotion que je me présente devant vous ce soir pour la première fois en cette fin d’année en tant que président du PDCI RDA. Le parti fondé par Félix Houphouët-Boigny et ses Compagnons pour la liberté et l’émancipation du peuple de Côte d’Ivoire et au-delà, de toutes les Africaines et de tous les Africains.
Je me présente devant vous ce soir comme un homme de foi. Rendons grâce à Dieu dans son infinie miséricorde. C’est pour moi à la fois un honneur, mais aussi une lourde responsabilité que de présider aujourd’hui aux destinées de ce parti fondateur de notre pays, la Côte d’Ivoire.
Je voudrais donc, avant toute chose, rendre ce soir un hommage solennel à mes illustres prédécesseurs, leurs Excellences feu Félix Houphouët-Boigny et feu Henri Konan Bédié avec lesquels je partage l’amour de notre patrie qui a guidé toute leur action et qui guidera les miennes.
Je rends aussi hommage à tous leurs compagnons, aux filles et fils de toutes les contrées de notre pays et d’autres pays africains qui ont sacrifié leur vie pour que nous retrouvions notre liberté et qui ont servi avec abnégation la construction de la Côte d’Ivoire dont nous sommes si fiers aujourd’hui.
Je saisis cet instant pour remercier tout particulièrement le président Cowppli Bony qui, avec sagesse et patience, a présidé aux destinées de notre grand parti, le Pdci-Rda depuis la disparition du président Henri Konan Bédié.
La tâche, nous le savons tous, n’était pas aisée, tant est grand l’intérêt que tous les Ivoiriens portent ou PDCI. Un homme de grande sagesse, il s’est attaché à encadrer les passions compréhensibles et consubstantielles à ce type d’élection et à veiller à ce que notre parti sorte de cette période avec une cohésion renforcée.
Le déroulement et l’issue de notre congrès ont honoré notre parti et le mérite en revient largement au Professeur Cowppli Bony qui est maintenant notre président honoraire.
Chers compatriotes,
L’année 2023 a été une année éprouvante. Nous avons vécu en août le rappel à Dieu du second président de notre pays, successeur direct d’Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié. Nous devons l’accompagner à sa dernière demeure en 2024, dans la dignité et exprimer notre compassion à sa veuve, Henriette Konan Bédié et à toute sa famille, en même temps que célébrer l’immense travail qu’il a accompli à la tête de notre parti et de la nation ivoirienne.
A cette perte cruelle, nous ajoutons celle de plusieurs de nos dirigeants parmi les plus éminents, qui nous ont quittés cette même année, au nombre desquels le Général Gaston Ouassénan Koné, le ministre d’État Lambert Konan, Maître Cheickna Sylla, le ministre Ezan AKELEJoseph et beaucoup d’autres trop nombreux pour être cités.
Leur souvenir vit en nous. Je m’incline respectueusement devant leur mémoire et je renouvelle à leurs familles respectives toute ma compassion.
Plus récemment, en décembre, notre parti a été victime de diverses manœuvres visant à l’empêcher de tenir son congrès extraordinaire dont le seul but était d’élire un nouveau président. Je voudrais ici féliciter tous les militants du PDCI-RDA pour l’extraordinaire retenue et la maîtrise de soi, ainsi que la patience et le sens des responsabilités dont ils ont fait preuve. Ils ont en effet rallié Yamoussoukro en masse il y a quelques jours, bien que beaucoup d’entre eux ont appris que tard dans la nuit, la programmation effective de la tenue du congrès pour le lendemain 22 décembre.
Comme ceux qui firent le voyage de Bamako en avril 1946 pour la création du PDCI. Ils n’ont ménagé aucun effort. Ils ont voyagé pour certains toute la nuit. Ils sont venus des quatre coins de la Côte d’Ivoire et aussi de l’étranger, notamment de France, des États-Unis, du Royaume-Uni, pour simplement mettre leur bulletin dans l’urne aux fins d’élire un nouveau président, montrant ainsi de quoi les Ivoiriens sont capables quand ils croient en une cause.
Je tiens aussi à remercier ici tous les partis et leurs dirigeants qui nous ont exprimé leur soutien et souhaité que nous puissions tenir simplement et librement notre congrès. Je suis fier et honoré que dans ces circonstances difficiles, nos militants aient porté leur choix sur ma modeste personne.
Militantes, militants du PDCI RDA, Ivoiriennes, Ivoiriens. Mes chers compatriotes,
Une nouvelle année 2024 s’annonce pour chacune et chacun de nous qui croient en l’espoir, en la promesse que porte aujourd’hui le PDCI pour notre pays et qui souhaite un changement démocratique dans la gouvernance de notre pays et de notre société.
Je veux adresser à chacune et à chacun de nos compatriotes et à tous les habitants de la Côte d’Ivoire, mes vœux les plus chaleureux. Je souhaite néanmoins commencer par porter mes pensées vers les femmes, nos sœurs, nos mères, nos filles, nos épouses, sous le poids quotidien pressant, pesant et stressant de la hausse du prix des denrées alimentaires, de la cherté croissante de la vie dans nos villes, dans nos quartiers, dans nos campagnes. Elles font des miracles en parcourant les marchés pour assurer à chacune de nos familles le repas quotidien.
Au-delà de ce qu’elles font pour nos familles, les femmes sont bien entendu aujourd’hui actives dans tous les secteurs de la vie de la nation, sur nos marchés, sur nos routes, dans nos écoles, comme élèves ou comme professeurs, dans nos hôpitaux, comme médecin ou comme infirmière, au sein de nos forces de défense et de sécurité, dans nos champs et dans nos plantations, dans nos entreprises privées comme publiques, dans nos administrations. La liste de leurs contributions est trop longue pour qu’on puisse espérer les citer toutes. Merci à vous toutes pour ce que vous faites chaque jour et meilleurs vœux pour 2024.
J’adresse également mes vœux à vous tous, valeureux travailleurs, qui contribuent à l’économie nationale dans tous les secteurs d’activité. Je salue vos efforts et j’ai à cœur que votre dur labeur, à terme, soit rémunéré à sa juste valeur. Nous y travaillons.
Je salue avec respect le dévouement de tout le corps médical qui, malgré les conditions difficiles d’exercice de leur métier, continue quotidiennement de se mobiliser, de s’investir pour offrir à nos populations les soins dont elles ont tant besoin jusqu’au bout et y compris au 31 décembre au soir.
Je souhaite adresser un mot d’encouragement à tous les enseignants qui, par des efforts constants, se battent pour relever le niveau de notre système éducatif, ce qui devrait être une priorité absolue en ce XXIᵉ siècle où les nations se distinguent et s’évaluent avant tout par le niveau d’éducation de leur jeunesse.
J’ai une pensée toute particulière aussi pour nos forces de défense et de sécurité qui veillent sur nous dans une période où des menaces sérieuses existent dans notre région. Je pense à tous nos entrepreneurs qui se battent chaque jour, chacun à son niveau, pour satisfaire les besoins de leurs clients, qu’ils soient chauffeurs de taxi, chauffeurs de camion, chauffeurs de bus, vendeurs au marché, tailleurs, coiffeurs, maçons, plombiers, électriciens ou encore cuisiniers. Quel que soit le secteur où ils exercent, quelle que soit la taille de l’entreprise, quel que soit le statut formel ou informel de leur entreprise, ce sont ces entrepreneurs qui nous permettent de nous nourrir, de nous déplacer, d’être tout simplement productifs. On ne les remerciera jamais assez.
Enfin, j’ai une pensée pour nos jeunes, nos jeunes sœurs, nos jeunes frères en proie au chômage qui désespèrent pour avoir trop longtemps espéré. C’est à vous, mais aussi à ceux qui souffrent, qui se sentent abandonnés, à tous les laissés pour compte que je demande de ne pas perdre espoir.
Militantes, militants du PDCI RDA, Ivoiriennes, Ivoiriens, mes chers compatriotes.
Le dernier congrès extraordinaire du PDCI-RDA, tenu le 22 décembre de cette année à Yamoussoukro, a indiqué les priorités du parti pour les années à venir. 2024 sera pour nous tous l’année d’une espérance nouvelle dans laquelle nous allons engager la transformation et la modernisation de notre parti. Mais avant de parler de l’avenir, je veux féliciter, et en ce jour particulier, vous tous qui avaient tenu le parti depuis le coup d’État de 1999.
Le PDCI est l’un des rares partis en Afrique qui, 24 ans après avoir perdu le pouvoir, existe encore et est capable de dynamisme. Comme l’engouement suscité par la tenue de notre récent congrès en a éloquemment témoigné.
J’ai une pensée particulière pour toutes les militantes et tous les militants qui sont restés fidèles au PDCI-RDA et qui ont tenu la maison. Vous avez résisté et vous n’êtes jamais parti. Vous, nos militants actifs, vous avez entretenu la flamme militante durant toutes ces années. Votre attachement au parti et à ses idéaux n’a pas vacillé. Le parti vous en sait gré et vous êtes le socle sur lequel nous allons nous appuyer pour aller de l’avant.
En revanche, et bien naturellement, plus de 20 années passées dans l’opposition ont parfois eu raison de la détermination de certains de nos militants qui, sans changer de camp, se sont démobilisés, ont arrêté de militer, de payer leurs cotisations et même de voter. J’en rencontre tous les jours et ils me disent qu’avec le dynamisme qui semble revenir au parti, ils seraient prêts à s’engager de nouveau. À cela, nous lançons un appel simple : remobilisez-vous, le PDCI a besoin de tous, le PDCI a besoin de vous.
Je lance aussi un appel à tous ceux qui sont partis. À ceux qui, pour des raisons diverses, sont allés ailleurs. Nous leur disons que les portes de leur maison sont ouvertes. Enfin, je m’adresse à ceux qui observent parfois la politique de loin et avec méfiance. À ceux-là, je dis rejoignez-nous. Nous allons montrer qu’il est possible de faire de la politique autrement. Je crois que nous en avons donné quelques exemples ces dernières semaines et nous allons continuer de le faire. Nous voulons convaincre par la force et la qualité de nos idées, pas par la violence ni par l’invective.
Militantes et militants.
Depuis le lancement en novembre de la campagne pour l’élection d’un nouveau président de notre parti, nous avons pu observer une forte hausse des adhésions au PDCI-RDA. Nos pagnes sont simplement en rupture de stock. Notre parti continue de séduire et ces idéaux plaisent aux Ivoiriens. Le parti s’en réjouit. Nous souhaitons la bienvenue à tous ceux qui, si nombreux, nous rejoignent depuis quelques semaines. En 2024, j’organiserai une cérémonie en leur honneur, cérémonie au cours de laquelle ils prêteront serment pour affirmer publiquement leur attachement à ce parti et à ses idéaux.
Notre objectif principal en 2024 sera d’être plus présents sur le terrain. Nos militants devront montrer que le parti est présent partout. La réussite de notre projet dépendra largement de notre capacité d’écoute. Nous devons donc aller à la rencontre et à l’écoute des Ivoiriens.
Militantes et militants du PDCI-RDA.
Le slogan de ma campagne pour la présidence du parti était « tout ensemble ». Il restera mon slogan pour les années à venir. Ce n’était pas un choix opportuniste, mais plutôt l’expression simplement de ce qui est pour moi une conviction profonde. C’est tous ensemble que nous devons nous engager en 2024 dans l’occupation du terrain sur toute l’étendue du territoire de notre pays, du nord au sud, de l’Est à l’ouest, en passant par le centre. Il ne devrait y avoir nulle place où le PDCI RDA ne puisse s’exprimer.
Il me paraît primordial que chaque Ivoirien se sente libre et soit libre d’aller présenter et défendre ses idées sur toute l’étendue du territoire national. Je m’étonne donc de l‘émoi suscité récemment par le désir que j’ai exprimé de voir le PDCI renforcer sa présence dans le nord du pays notamment. En vérité, je crois absolument et profondément que la Côte d’Ivoire est une et indivisible et que chaque Ivoirien doit être libre d’aller où bon lui semble.
Nous irons donc partout dans notre beau pays. Il y a des besoins à comprendre et à satisfaire partout en Côte d’Ivoire. Nous ne négligeons ni n’abandonnerons personne.
Ivoiriennes, Ivoiriens, habitants de ce pays.
La Côte d’Ivoire a été pendant de longues années, l’objet de l’affection et de l’admiration des autres pays en Afrique et au-delà. Nous voulons être aimés et admirés. Nous voulons remettre le PDCI au pouvoir, mais sans être comme ceux dont Talleyrand disait en 1815 à la Restauration qu’ils « n’avaient rien appris ni rien oublié ».
Avec humilité, le PDCI-RDA saura montrer aux Ivoiriens qu’il a appris de ces années passées loin du pouvoir. Et si demain les Ivoiriens nous font confiance, nous leur montrerons que nous avons appris à les écouter, à rester proches d’eux et de leurs préoccupations. Il ne suffit pas de parler de paix comme nous l’a si souvent répété le président Houphouët-Boigny « La paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement ».
C’est en montrant au monde que nous savons faire régner une paix sincère entre nous, Ivoiriens à tous les niveaux, que nous serons de nouveau vus comme un havre de paix dont le reste du monde cherchera à s’inspirer, que le reste du monde voudrait imiter.
Dans chaque famille politique, il y a différentes sensibilités. Une des responsabilités essentielles, que nous dirigeants politiques avons, est d’amener ceux qui, parmi nous, sont parfois les moins tolérants à adopter des attitudes plus modérées et plus respectueuses d’autrui. Il faut éviter les attaques verbales. Il faut les condamner quand elles viennent de notre propre famille et ne pas répondre à celles qui viennent de l’adversaire.
De telles règles de bonne conduite ne peuvent que contribuer à renforcer et assainir le débat politique, chose que les Ivoiriens, dans leur vaste majorité, souhaitent. Il importe que notre pays reste fidèle dans les comportements et pas seulement dans les mots, à la tradition de paix et de dialogue si chère au Père de la nation.
Ainsi, nous serons fiers d’être Ivoiriens tout en nous souvenant du chemin parcouru pour être une nation réellement réconciliée et en paix. Un pays où il fait bon vivre dans la fraternité et la solidarité retrouvée.
La renaissance du PDCI jouera un rôle essentiel dans la réalisation de cette ambition. Je crois que les Ivoiriens, dans leur immense majorité, le souhaitent et le sentent aujourd’hui.
Croyons ensemble en la Côte d’Ivoire, terre d’hospitalité, réconciliée et unie et prospère pour tous. C’est mon vœu le plus cher à la veille du premier jour de 2024. Tous ensemble. Gardons espoir pour une nouvelle Côte d’Ivoire avec un nouveau PDCI-RDA.
Bonne et heureuse année 2024. Santé, prospérité et succès à vous tous, paix dans vos familles et paix sur notre pays.
Vive le PDCI-RDA,
Vive la République
Vive la Côte d’Ivoire
Que Dieu nous garde
Je vous remercie