Deux jours avant l’annonce le 8 mai du retrait américain de l’accord nucléaire signé en 2015, le Premier ministre israélien a reçu un carton d’invitation : celui du président Poutine qui conviait l’intéressé à prendre part à la parade militaire annuelle de la Russie sur la place Rouge.
Netanyahu y a assisté ce mercredi 9 mai, à l’heure où les Russes célébraient le 73e anniversaire de la défaite de l’Allemagne nazie face à l’Armée rouge.
Il est peu probable que cette énième visite de Netanyahu à Moscou, où il tentera à son habitude de convaincre Poutine de rompre son alliance avec l’Iran en Syrie, soit le signe d’une amitié retrouvée de part et d’autre, tant ont été multiples ces dernières semaines les signes de tensions russo-israéliennes.
Pourquoi donc cette invitation ?
Ce défilé annuel où les missiles dernier cri rivalisaient avec les avions supersoniques sert, comme chacun le sait, de vitrine à une démonstration de puissance militaire russe. Netanyahu aura donc tout son temps pour bien observer ce à quoi Israël aura à faire face si d’aventure les menaces du ministre israélien des Affaires militaires Avigdor Lieberman venaient à se réaliser. Ce dernier avait menacé la Russie de riposte, si les S-300 russes étaient livrés à l’armée syrienne pour lui permettre de mieux intercepter les tirs de missiles d’Israël. Or cette menace n’avait guère plu au président russe qui avait conseillé aux officiels de Tel-Aviv de ne surtout pas mettre à l’épreuve les capacités militaires de la Russie et de se préparer à l’idée de voir une Syrie dotée de S-400 voire de S-500. En voyant défiler les batteries antimissiles made in Russia sur la place moscovite, Netanyahu n’oubliera sans doute pas, une fois de retour en Israël, de demander à Lieberman de parler moins.
Mais ce ne sera peut-être pas tout. Depuis l’annonce du retrait US du PGAC, Israël dit que sa guerre contre l’Iran et le Hezbollah en Syrie est une question d’heures. Il a même hasardé une petite salve de missiles mardi au soir contre Kiswah, un site militaire déserté dans la banlieue de Damas, salve de tirs partiellement ratée puisque interceptée par les SAM syriens. Avant de laisser son hôte quitter Moscou, Poutine aura sans doute le tact de lui rappeler ceci : Israël ne devrait peut-être pas trop se réjouir de la mort d’un accord qui constitue le dernier frein à une riposte d’envergure aux raids d’Israël. Et pour l’heure, c’est l’Iran qui se trouve aux portes d’Israël et non pas l’inverse.
Moscou a conclu qu’un affrontement militaire entre Israël et l’Iran était inévitable. Arrêtez de gonfler vos muscles devant les forces russes en Syrie, avertira-t-il. Si vous jouez avec nous, le boomerang se retournera contre vous. Considérez ceci : si Donald Trump sort les États-Unis de l’accord nucléaire avec l’Iran, ce que Netanyahu le presse fortement de faire, alors personne au Moyen-Orient ne sera capable d’engager Moscou pour passer des messages entre Jérusalem et Téhéran. Ce type d’intermédiaire est vital, surtout en cas de déclenchement des hostilités entre Israël et l’Iran en Syrie, comme beaucoup le prévoient. Il est encore plus important d’avoir une partie disposant d’un accès aux deux côtés pour poursuivre les discussions sur la cessation des hostilités entre les belligérants. Poutine a demandé à Netanyahu de promettre que, si une guerre éclatait avec l’Iran, les forces israéliennes ne nuiraient pas à un seul soldat ou système d’armement russe.
source:http://parstoday.com/fr/news/middle_east-i63988-moscou_adresse_un_avertissement_à_israël