Ce qui arrive en ce moment au Plateau fait honte et n’est pas digne d’un pays comme la Côte d’Ivoire. On peut tout accepter dans un pays jusqu’à un certain point. Nous sommes jusqu’à preuve du contraire dans un Etat de droit avec des règles bien établies et non dans un royaume où un clan peut tout se permettre, au mépris total des règles en vigueur. Tout a commencé avec une mesure absolument illégale et arbitraire de révocation du Maire Noel Akossi Bendjo.
Cette décision ne respectait pas la loi et elle a été prise malgré cela, contraignant à l’exil cet homme qui gênait les plans du pouvoir. Ensuite Jacques Gabriel Ehouo , député de la Nation, a repris le flambeau et a brillamment battu le candidat du RHDP aux élections municipales au Plateau. L’on a essayé de lui voler sa victoire, mais ses partisans et lui ne se sont pas laissés faire ,ils ont pris la rue et ont fait respecter la vérité des urnes. L’on croit à ce moment que le combat s’achève mais c’est sans compter sur la pugnacité de personnes qui n’hésitent pas à contourner la loi et à piétiner la démocratie.
Rien , le ministre de l’intérieur ne s’appuie sur rien du tout, lorsqu’il communique la décision de mise sous administration provisoire de la Mairie du Plateau. Le Plateau est un cas particulier qui ne correspond absolument pas à ceux des autres communes concernées par la décision. Comme l’a dit Maître N’Dri Claver, il y a quelques heures au cours de la conférence de presse qu’il a animée, aucun texte ne convient à la situation présente qui a été provoquée par la tutelle elle-même.
Le vrai problème se trouve ailleurs et je cite à cet effet le ténor du barreau ivoirien : « ils doivent comprendre que tout le monde ne peut pas être RHDP ». Oui c’est cela le vrai problème. Noel Akossi Bendjo était dès le départ, de ceux qui ne voulaient pas de ce RHDP-unifié sous cette forme là, voilà pourquoi on l’ a écarté. Jacques Ehouo Gabriel n’était tout simplement pas le candidat du RHDP voilà pourquoi on tord le cou à la loi pour l’empêcher d’exercer le mandat qu’il a conquis. Depuis qu’il a décidé de faire ce RHDP-unifié, le pouvoir fait de nombreuses erreurs et le cas du Plateau est l’un des plus édifiants.
On veut distraire l’opinion avec des histoires de procédures judiciaires contre Jacques Ehouo mais il faut savoir que dans un pays les lois s’appliquent à tous, même à ceux qui sont au pouvoir, et personne, même pas le Président de la République, n’a le droit de les contourner ou de les appliquer selon sa convenance. Si Jacques Ehouo est coupable de malversations il fera face à la loi selon les dispositions qu’elle prévoit à cet effet. On ne peut pas utiliser le pouvoir que l’on a pour empêcher quelqu’un qui a été élu d’entrer en fonction, et d’appliquer son programme sur la base de simples présomptions.
On veut mettre en lien deux choses qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre et jouer avec l’esprit des mal instruits, pour faire croire que cela est logique. Jacques Ehouo a gagné l’ élection et il doit être installé,il n’y a pas d’autre solution sinon nous ne sommes plus dans un pays qui a des lois. S’il a volé de l’argent comme le disent certains , la justice doit s’appliquer à lui strictement selon ce que la loi prévoit et non selon la volonté des puissants qui ont du mal jusqu’à ce jour à digérer sa victoire . Adresser une convocation de la police économique à un député c’est le comble de l’incompétence policière et c’est du gangstérisme d’Etat quand on regarde les dispositions de notre constitution adoptée à la majorité et proposée aux ivoiriens par ce même régime. Force doit rester à la loi, toujours et en toute chose.
C’est donc ,il y a quelques instants, sous haute surveillance policière que dans cette même mairie ravagée par un incendie qui a empêché la tenue de l’installation du Maire élu , qu’on a installé une administration provisoire : voyez le ridicule ! En tout état de cause, il faut comprendre que cette situation est dangereuse car elle risque de consacrer l’ouverture de la boîte de pandore. Une erreur est en train d’être commise, dont les conséquences seront certainement graves pour le Plateau, pour le pays et pour la survie de la démocratie.
Les choses sont allées maintenant trop loin. Si le Président Alassane Ouattara ne s’est pas encore lui-même penché sur le dossier et qu’il se fie pour l’instant à ses collaborateurs, nous osons ici l’inviter à prendre en main désormais le cas du Plateau et à faire cesser cette injustice qui peut avoir de dangereux corolaires et qui n’est pas digne de l’Etat de droit qu’il a promis aux ivoiriens.
Hubert Konan Koffi,
Côte d’Ivoire Lucide