Le nouveau gouvernement de la République démocratique du Congo est connu depuis les premières heures de ce lundi 26 août. Une nouvelle équipe gouvernementale qui devrait marquer les vrais débuts de l‘ère Tshisekedi. Mais s’agit-il pour autant d’un nouveau régime. Car, dans les méandres du pouvoir congolais, un homme en détient encore de nombreux leviers : Joseph Kabila.
Au bout de nombreuses tractations, d’un feuilleton interminable, la RDC a un nouveau gouvernement. Il lui aura fallu attendre plus de sept mois de gestation pour parvenir à ce résultat : une équipe de 65 ministres dont 17 % de femmes.
En effet, si Félix Tshisekedi a été élu par les Congolais en décembre dernier – selon les chiffres de la Commission électorale – il a dû, pour ce nouveau gouvernement, composer avec ses alliés du Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur Joseph Kabila, avec qui il est lié par un accord de partage du pouvoir.
Symbole de cet accord ou pas ? L’ancien chef d’Etat et sa coalition détiennent la majorité à l’Assemblée nationale mais aussi au Sénat, dans les assemblées provinciales et des postes de gouverneurs, renforçant ainsi l’encerclement politique du président Félix Tshisekedi. Aucune surprise donc lorsque le Front commun pour le Congo se taille la part de lion dans le nouveau gouvernement dont le Premier ministre Sylvestre Ilunga est l’un des siens.
Sur 65 ministres nommés, le FCC s’en sort avec 42 maroquins contre 23 pour le Cap pour le changement (CACH), la coalition acquise au président Tshisekedi. Et si la nouvelle équipe a tardé à se faire connaître, c’est bien parce qu’il fallait s’accorder sur la répartition des attributions, notamment des postes régaliens. L’ex-président Kabila a du reste pu conserver le ministère de la Justice confié à l’un de ses proches Célestin Tunda Ya Kasende.
Le “régime” fragmenté
Le faisant, l’ex-chef de l’Etat s’offre un parapluie par rapport à d‘éventuelles poursuites, alors que la société civile congolaise réclame l’ouverture d’enquête pour de présumés faits de corruption durant son règne. La mainmise sur des sociétés d’Etat de même que le pillage supposé des ressources de l’Etat sont notamment pointés. Joseph Kabila conserve également le ministère de la Défense qui revient à Aimé Ngoy Mukena.
“Apparemment, le FCC maintiendra son emprise car il contrôle de nombreux départements ministériels”, analyse Jonas Tshiombela, une personnalité de la société civile congolaise.
Quant à Félix Tshisekedi, il garde néanmoins une marge de manœuvre avec dans sa gibecière l’Intérieur, confié à Gilbert Kankonde Malamba, un fidèle du chef de l’État. Autre victoire non-négligeable du président congolais, il a réussi à écarter des caciques de l’ancien régime, pour la plupart sous sanctions internationales.
Ainsi, l’ancien vice-Premier ministre, chargé des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Léonard She Okitundu, l’ancien Vice-Premier ministre, chargé des Transports et des Communications, José Makila Sumanda, ou encore l’ancien Vice-Premier ministre, chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, Emmanuel Ramazani Shadary ne prendront pas part à cette nouvelle aventure gouvernementale. Tout comme l’ancien ministre des Mines, Martin Kabwelulu, et ses homologues des Finances Henri Yav Mulang et de la Communication Lambert Mende Omalanga.
Dès lors, bien que n‘étant pas plus au pouvoir, Joseph Kabila doté d’une “autorité morale” par ses partisans est désormais dans une posture où tout lui donne la possibilité de traiter d‘égal à égal (et pourquoi pas de manière léonine) avec son prédécesseur.
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