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Gestion de la forêt ivoirienne/ Un aveu d’échec du ministère des Eaux et Forêts

Enquête réalisée par Haidmond Kaunan/afriquematin.net

(Mercredi 06 février 2019)-Les forêts classées de Côte d’Ivoire étaient devenue l’objet d’une dégradation continue du fait principalement des exploitations agricoles et  les superficies forestières s’amenuisaient de jour en jour. Fallait-il déguerpir tous les paysans clandestins des forêts classées avec comme conséquence immédiate la perte de leurs exploitations agricoles ou alors faut-il accepter leur maintien provisoire dans les forêts classées sous certaines conditions?

 Le gouvernement se sentant préoccupé par la situation, avait recommandé la Charte  pour la Réhabilitation du Domaine Forestier de l’Etat, dans le cadre du Plan Directeur Forestier  1988-2015. Avec la Commission Forêts-Paysans définie comme un organe de concertation et de proposition dans l’optique d’une participation des populations locales à la gestion forestière(Cogestion). En 1999, dans la déclaration de Politique forestière, le gouvernement ivoirien avait préconisé la contractualisation des occupations agricoles avec pour objectif de réduire la dégradation de la couverture forestière à travers la stabilisation des implantations agricoles et la responsabilisation des acteurs concernés en vue d’assurer la reconstitution des zones dégradées. Cependant force est de constater que l’Etat de Côte d’Ivoire est entré dans la phase d’expulsion systématique des occupants avec l’abattage des plants faits. Alors questions: Les ministères successifs des Eaux et forêts avaient- ils échoué ? Quelles en sont les raisons profondes ?

Mise en place de la Commission Paysans-Forêts

 On a bonne souvenance que l’année 1988 avait été décrétée « Année de la forêt ivoirienne » du fait de la dégradation avancée du couvert forestier national. On ne le dira  jamais assez, le couvert végétal de la Côte d’Ivoire, à ce moment-là, était de six(6) millions d’hectares contre seize(16) millions à l’accession de ce pays à la souveraineté nationale. La nécessité d’une recherche de consensus  entre paysans et Etat s’imposait. Cela  avait abouti à la mise en place d’une Commission Paysans-Forêts. Il ne s’agissait pas d’expulser systématiquement les paysans qui avaient été amenés, pour diverses raisons, à vivre dans le domaine classé, mais plutôt  de faire en sorte qu’ils puissent, si nécessaire, se réinstaller dans des zones appropriées et conserver leur niveau de revenu ; sinon en trouver un meilleur. Le contrat parlait de remembrement agrosylvopastoral, qui consistait à l’arrêt immédiat des défrichements, préalable au démarrage des négociations entre les différents partenaires, les délimitations des séries agricoles et pastorales permettant de prendre en compte diverses situations.  Tels que les groupes autochtones importants vivant en forêts avant le déclassement ou l’installation des villages déguerpis, l’installation de manière libre de gros villages d’allochtones…

L’impuissance de l’Etat !

En ce qui concerne les principes de réinstallation il y avait la possibilité de transplantation dans le domaine rural pour les exploitations agricoles en production et le maintien des plantations paysannes dans les séries agricoles et pastorales. Bref ! L’Etat de  Côte d’Ivoire, à travers son ministère des Eaux et Forêts avait-il été impuissant face à la forte demande de terre fertile pour la production cacaoyère et surtout l’introduction des nouvelles cultures comme l’hévéaculture et les plantations de  palmier à huile ? Toujours est-il qu’après le Pdg d’alors,  de la société du développement des forêts de Côte d’Ivoire (Sodefor), Soundélé Konan, il y a eu de cerveaux  comme le Dr Venance Kouadio Nguettia à la tête de cette structure. Ce dernier avait jeté les bases de la Contractualisation, qui  consistait à   introduire des arbres  forestiers à faible densité dans une culture pérenne, cela s’appelle la Complantation. La mise en œuvre de ce système agro-forestier résultait  de la conclusion d’un accord entre la Sodefor et le paysan. Un reboisement à faible densité autour de plus de cent  pieds à l’hectare avec des essences locales de lente révolution. Dont les travaux de création sont réalisés par le paysan lui-même avec pour objectif de faire cohabiter les plans forestiers et les cultures agricoles sur une longue période.

Les bailleurs de fonds dégoutés

Le loyer adopté était de douze (12.000) milles Fcfa/ha pour toutes les exploitations agricoles. Ce contrat entre la Sodefor et l’exploitant devrait être de cinq(5) ans renouvelable… La mise en œuvre de cette nouvelle  expérience de gestion des forêts classées devrait permettre non seulement de freiner l’intrusion des paysans mais aussi de donner des moyens supplémentaires à la Sodefor dans la reconstitution de la forêt ivoirienne. Toutes les forêts classées de Côte d’Ivoire étaient concernées par ce système de  Contractualisation. La phase pilote de ce projet avait eu lieu  dans deux forêts classées, celles de Brassué, dans le département d’Abengourou et d’Irobo dans le département de Tiassalé. Le projet Contractualisation devrait prendre forme sur toute l’étendue la Côte d’Ivoire quand une décision politique mit fin aux fonctions du brillant ingénieur agro-forestier en 2011 du Dr Venance Kouadio Nguettia en sa qualité de Directeur général. Les bailleurs de fonds dégoûtés par  les nominations fantaisistes au ministère des Eaux et Forêts de 2000 à 2011 n’ont plus voulu soutenir la Sodefor qui est passée d’Epic à Epn, en 2012. Les ministères des Eaux et forêts successifs ont-ils échoué ? Les directeurs généraux de la Sodefor ont-ils pu travailler ?

La politique a dévasté  la forêt ivoirienne

 De 2000 à 2011, la Côte d’Ivoire a connu au moins sept (7) ministres des Eaux et forêts avec au moins six (6) directeurs généraux nommés à la tête de la Sodefor. A partir  de là, ces grands commis ont  oublié leur différentes missions qui leur ont été  dévolues. A chacun de faire la politique  qui sied le pouvoir en place. On vient pour servir son parti politique et non la nation. Des DG de la structure ayant échoué, on avait fait appel, en 2008 pour sa compétence, au Dr Venance Nguettia, ce cadre, n’appartenant à aucune chapelle politique et  anciennement directeur général entre 2003 et 2005. Mais avec le changement du régime il n’a pu mettre en application le projet contractualisation qui pouvait sauver à la fois les exploitations agricoles et reconstituer la forêt ivoirienne. Et voilà que la forêt ivoirienne est en déclin. Des hectares de forêts classées sont aux mains des communautés étrangères qui les exploitent à souhait, en  complicité avec certaines  autorités ivoiriennes. Et le régime actuel se trouve à la phase d’expulsion systématique des occupants. Faut-il sauver l’économie verte et tuant l’économie cacaoyère ? Le ministre Alain Richard Donwahi Ahipo dit être à la recherche de plus 600 milliards de francs Cfa pour la reconstitution et la préservation du couvert végétal national. C’est un aveu d’échec du ministère des Eaux et Forêts. Peut-on affirmer.

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