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Faut-il croire au pardon de Soro Guillaume ? Voici ce qu’en pense le FPI de Laurent Gbagbo.

Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net

Les spéculations sur le pardon de Soro Guillaume adressé au FPI et à ses dirigeants lors des obsèques du professeur Aboudramane Sangaré vont bon train. Et l’interrogation principale qui se dégage est la suivante : Faut-il réellement croire au pardon de Soro Guillaume ?

En effet, pour la grande majorité qui a cessé d’espérer bien longtemps en une bonne foi de l’enfant du Poro, il faut s’en méfier. Pour eux, le Président Laurent Gbagbo depuis l’opposition et jusqu’à son règne qui a duré 10 ans, a tout donné au Président de l’Assemblée Nationale mais en retour, a tout perdu par ce dernier; que faut-il encore attendre de lui alors ?

Père de la démocratie en Côte d’Ivoire, le fondateur du Front Populaire Ivoirien, selon eux, a mis à la disposition de la Fesci dont il fut l’un des secrétaires généraux les plus en vue, l’appareil de formation politique de son parti composé des plus éminents enseignants de sorte à donner aux dirigeants de ce mouvement politique une meilleure appréhension de leur lutte. Mais voilà que lors de la mise en place de l’association des anciens de la Fesci parrainée par Soro Guillaume, que tous avaient pour habitude de désigner comme le petit de Gbagbo, on annonce publiquement que ce dernier n’a rien à voir avec la Fesci.

Ce qui a bien entendu choqué les proches de l’ancien président ivoirien actuellement détenu à la Haye. Et dire que deux jours seulement après avoir tenu de tel propos venir se confesser pour déclarer ce que le FPI et ses dirigeants ont fait pour lui est un acte de trahison de soi-même, qui ne donne pas d’accorder une crédibilité aux larmes chatoyantes et étincelantes.

L’autre point d’achoppement entre « la grande majorité qui a cessé d’espérer bien longtemps en une bonne foi de l’enfant du Poro », est lié à la crise ivoirienne. L’homme est le commanditaire officiel de la rébellion qui a combattu militairement l’ex-président tout le temps qu’a duré son mandat et donné la mort à de nombreux dignitaires de son parti. Malgré cela, disent-ils, le président Laurent Gbagbo, soucieux de la paix et de la cohésion nationale, a accordé l’amnistie aux bourreaux et fait de Soro Guillaume son premier ministre. Il a réussi à les intégrer et à les faire accepter par les Ivoiriens, alors que ce dernier préparait dans l’ombre sa chute et sa déportation à la Haye. Et c’est ce qui a eu lieu, selon eux.

Sa rébellion est encore à l’origine des génocides à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Alors comment peuvent-ils croire au pardon d’une personne qui a toujours été à l’origine de toutes les douleurs et de toutes les trahisons, soutiennent-ils?  Cette perception de la réalité politique nationale n’est pas partagée par la petite majorité. Si celle-ci, bien entendu, ne croit pas, un seul mot, au pardon de Soro Guillaume, qu’il considère également indigne de confiance, elle estime qu’il faut tenir compte de la réalité politique pour fermer les yeux sur les douleurs.

Pour cette catégorie de militants pro-Gbagbo, la politique est la saine appréciation des réalités du moment, et donc « à beau fermer la porte à l’étranger, il se jette dans les bras de l’ennemi ». Pourquoi donc ne pas faire de Soro Guillaume un allié redoutable pour vaincre l’ennemi commun ? Il faut remarquer que Soro qui n’a pas connu Houphouët-Boigny, a beaucoup appris auprès de Laurent Gbagbo, durant ses années Fesci et sa présence à ses côtés comme premier ministre.

Avant de procéder à sa « cérémonie de pardon », il a organisé à l’hôtel Ivoire, un grand rassemblement de ses militants pour adresser un message fort à ses détracteurs et rassurer sur sa capacité de mobilisation qui fera de lui bien éventuellement un pion essentiel dans le débat politique ivoirien (Il a appris cela de Gbagbo). Une fois cette épreuve réussie, il se rend alors auprès de ceux qu’il estime capables d’être ses alliés pour discuter.

Il s’agit notamment du FPI et du PDCI. Ces derniers, désormais convaincus de la place qui est la sienne dans le paysage politique ivoirien refuseraient difficilement de faire de lui un partenaire, car dans le pire des cas, il se retournera contre eux, comme à son habitude. Pour donc la deuxième catégorie des pro-Gbagbo, il faut faire de Soro Guillaume un allié par défaut pour vaincre Ouattara. Dès lors, il ne s’agit pas de croire à son pardon mais de faire semblant de le croire, car sans Soro, tout combat contre Ouattara est voué à la défaite.

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