Par Keren Bossouma/afriquematin.net
Veuve et mère de cinq (5) enfants, Koumi Alloua Clémentine fait partie des femmes qui se battent pour assurer leur pitance quotidienne. Sous un soleil de plomb ou sous une pluie battante, elle arpente tous les jours, les rues de la commune d’Aboisso pour vendre du jus de fruits.
A l’instar de toutes les veuves, tout était bouleversé chez Koumi Alloua Clémentine après la mort de son mari. Son identité, son projet de vie et surtout ses finances ont bien évidemment connu un changement. Face à cette réalité, elle décide de quitter la commune d’Aboisso pour se rendre à la capitale économique pour se « chercher ». «En 2020, lorsque j’ai décidé de quitter la ville d’Aboisso, il me restait qu’un billet de 10.000 FCFA. En regardant mes enfants et ce que je possédais comme argent, après réflexion, je me suis dit qu’il faille aller à l’aventure. Et un beau matin je me suis retrouvée à Abidjan. Étant donné que je ne sais ni lire ni écrire, j’ai décidé d’être femme de ménage ».
Arrivée sur les bords de la Lagune Ebrié, elle dépose sa valise chez le couple Laurent Aka installé dans un quartier de la commune de Bingerville, comme femme de ménage. « En tout cas j’ai été bien accueillie, nos premiers échanges avec mes employeurs, ont été fructueux et positifs. J’ai été claire en leur disant que je suis analphabète et tout ce que je sais faire c’est la cuisine. Je lui ai dit, papa, franchement c’est dur pour moi et pour mes enfants, je n’arrive pas à subvenir à nos besoins, voilà pourquoi je me retrouve chez vous, ici », relate la trentenaire.
Après les échanges, le couple a fixé un salaire mensuel en dessous du Smig. En dépit de cet aspect, Koumi Alloua Clémentine était très heureuse de percevoir cette somme qui va certainement changer sa vie au bout de quelques mois. « Il me payait 25.000F par mois et dans ce revenu, j’envoyais 15.000F à mes enfants qui vivaient chez ma grand-mère et j’économisais 10 000 Fcfa. Quelques mois plus tard, mon patron a augmenté mon son salaire et j’ai pu économiser une somme de 200.000 Fcfa au bout d’un an, fin de mon contrat», fait-elle savoir avec un sourire fin.
Bien avant son départ sur Aboisso, lors d’une ballade, Alloua rencontre une commerçante de jus de fruit dans la commune de Cocody, plus précisément à quelques encablures de l’église St Jean. Elle s’approche de cette dernière et prend des renseignements sur son commerce. Sans langue de bois, celle-ci lui révèle son secret. « Mon attention est attirée par la présence d’une dame qui pressait des oranges, à l’aide d’une machine pour en tirer du jus. Je me suis approchée et je lui ai demandée les techniques de production à l’aide de cette machine. Cette dame m’a donné tous les secrets, c’est ainsi que j’ai eu le courage de me lancer dans cette aventure, sur ses conseils. Je loue le Seigneur de m’avoir donné l’opportunité, le courage de me lancer dans ce commerce et de prendre ma petite famille en charge,», reconnait-elle.
Choisir l’oisiveté, la paresse, le courage, Koumi Alloua Clémentine a fait la troisième option son credo. « J’ai choisi de faire le commerce de jus d’ananas, d’orange, de pamplemousse, du citron, du gnanmankoudji. Pour le moment je ne me plein pas. Cette activité me procure un revenu substantiel, qui me permet de sortir un tant soit peu la tête de l’eau », affirme-t-elle.
Toutefois, Koumi Alloua Clémentine veut encore mieux faire. C’est pourquoi, elle sollicite un soutien aux autorités compétentes de la ville d’Aboisso. « Je demande l’appui des personnes de bonnes volontés afin de m’aider à développer mon petit commerce. Singulièrement, je demande au maire N’gouan Jérémie de m’octroi un espace, un congélateur, car la demande est forte et je n’arrive pas à satisfaire ma clientèle ».
Pour conclure, Koumi Alloua Clémentine invite ses sœurs à ne pas baisser les bras, car, dit-elle « tout effort a un prix».