Par Kédjébo Kpandji, membre de la société civile
Les élections présidentielles en Afrique sont souvent marquées par des crises politiques, des violences et des contestations des résultats. Ces dérives, qui compromettent la stabilité et le développement du continent, soulèvent une question cruciale, « la communauté internationale reste-t-elle complice des crises causées par les scrutins ? »
A travers des organisations comme l’Onu, l’Ua, la Cédéao et l’Ue, la communauté internationale intervient souvent dans les élections africaines pour observer les scrutins et garantir leur transparence. Elle intervient également pour apporter un soutien technique et financier aux institutions électorales et faciliter le dialogue politique en cas de tensions.
Ces interventions sont généralement perçues comme positives, mais elles peuvent aussi être critiquées pour leur manque de neutralité ou leur incapacité à prévenir les crises. En Afrique, les élections présidentielles sont souvent suivies de contestations des résultats, accusés d’être truqués ou manipulés, de violences politiques, parfois meurtrières, entre partisans des différents camps et de crises institutionnelles, avec des gouvernements contestés ou des coups d’État. Ces dérives sont alimentées par des facteurs internes (faiblesse des institutions, instrumentalisation de l’ethnicité) mais aussi externes.
A ce titre certains observateurs accusent la communauté internationale de fermer les yeux sur les fraudes électorales pour préserver des intérêts stratégiques ou économiques, de légitimer des régimes autoritaires en reconnaissant des élections contestées et d’intervenir de manière sélective, en fonction des alliances politiques ou des ressources naturelles des pays concernés.
D’autres estiment que la communauté internationale est souvent impuissante face à des gouvernements africains qui refusent de respecter les normes démocratiques, notamment la souveraineté nationale, qui limite les possibilités d’intervention, le manque de moyens pour imposer des sanctions efficaces. Et la complexité des dynamiques locales, rend difficile toute solution externe.
Plusieurs exemples illustrent les limites de l’action internationale comme en Côte d’Ivoire où la crise post-électorale de 2010-2011 a dégénéré en guerre civile malgré l’intervention de l’Onu et de la France. Comme en République démocratique du Congo en 2018, les élections contestées ont été validées par la communauté internationale, malgré des preuves de fraudes, ainsi que le troisième mandat controversé d’Alpha en 2020.

