La Rédaction
A quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020, le maire de la commune de Brobo, délégué départemental du Pdci6Rda (Bouaké 4 Brobo commune) et chercheur en science politique, Kouamé Yao Séraphin, a bien voulu donner son avis sur la situation politique actuelle de la Côte d’Ivoire, au cours d’un point de presse en ligne.
Monsieur le maire, à quelques mois des échéances électorales, du 31 octobre 2020, comment vous sentez-vous ? Et comment les appréhendez-vous, ces échéances ?
Je me sens comme un ange et je n’ai aucune appréhension. Bien au contraire, cela me soulage de savoir que le calvaire des Ivoiriens et Ivoiriennes prend fin bientôt.
Croyez-vous réellement en la chance du votre parti, le Pdci-Rda de remporter cette élection présidentielle de 2020 ?
J’en suis certain, ce n’est qu’une question de temps. Il ne reste plus que quelques mois et ce débat sera clos. Le Pdci-Rda est plus fort que jamais. Le retour au pouvoir du parti de Félix Houphouët-Boigny, en cette année 2020, ne fait l’ombre d’aucun doute.
Sur quoi fondez-vous votre certitude ? Ne craignez-vous pas des actions de fraude ? Déjà qu’on parle de possibilité d’enrôlement illégaux, mieux, ne craignez-vous pas la confiscation de la victoire du Pdci-Rda, notamment avec la Commission électorale indépendante (CEI) aux ordres que décrie l’opposition ?
Ce serait manquer gravement de discernement politique que de ne pas penser à toutes ces difficultés. Mais, non, je n’ai aucune crainte par rapport à l’issue de l’élection présidentielle 2020. D’une part, parce que nous avons le plus grand parti politique de Côte d’Ivoire, le plus organisé et le plus structuré. Une position forte que vient renforcer notre alliance avec le camp Laurent Gbagbo et l’opposition significative.
D’autre part, parce que je fais profondément confiance aux Ivoiriens et Ivoiriennes. Ils savent d’où nous venons, où nous en sommes et où il est de notre intérêt commun que nous allions. Ils savent ce qu’il y a à faire. Et croyez-moi, ils vont le faire en toute responsabilité. Bref, toutes ces questions que vous évoquez trouveront des solutions satisfaisantes et démocratiques avant l’élection. Notre parti y travaille avec ses alliés. Il n’y a aucune raison de craindre quoi que ce soit.
Plusieurs personnalités de votre parti politique, le Pdci-Rda ont rallié le RHDP. Il nous a été rapporté que vous avez fait l’objet de plusieurs démarches, mais que vous restez ferme sur votre position, malgré des propositions alléchantes. Qu’en est-il?
C’est exact, je ne sais pas si j’ai un mérite pour cela. Pour moi, c’est une question de volonté, de choix. Ainsi va la vie. Certain choisissent l’argent facile ou les postes, d’autres les valeurs et vertus. Pour ma part, l’enjeu ne se situe pas au niveau des propositions, fussent-elles alléchantes, mais plutôt au niveau des convictions. Il faut que la gouvernance ivoirienne se mette à la disposition des Ivoiriens et Ivoiriennes, c’est-à-dire au service des intérêts du Peuple et non de ceux du parti au pouvoir. Ce n’est pas ce qu’on constate actuellement. De toute facon, je considère que c’est un épiphénomène. Je suis trop occupé à me battre pour la victoire de mon parti pour trouver le temps d’écouter des courtisans.
Que diriez-vous à ceux qui sont partis ?
Que voulez-vous que je leur dise ? Ils ont opéré un choix qu’ils estiment meilleur pour eux-mêmes et leurs familles, certainement pas pour le pays. Il leur revient de décider pour eux-mêmes. Mais, je pense qu’ils seraient plutôt bien avisés de revenir avant qu’il ne soit trop tard. Il n’y a pas de honte à reconnaître qu’on s’est trompé. On n’a pas besoin de leur dire qu’ils ont eu tort. Ils le savent, puisqu’ils le constatent au quotidien.
Que pensez-vous de la candidature du Président Bédié. N’avez-vous pas le pressentiment que cela ne froisse les électeurs et les décourage, surtout que certains, notamment les jeunes, semblent exiger de tourner la page ?
Eh bien, c’est légitime si c’est ce que veut la jeunesse. Moi-même, je suis jeune (NDLR : 42 ans) et mon vœu le plus légitime est le renouvellement de la classe politique. Mais faisons attention à ce que le camp en face essaye de nous vendre. La situation actuelle est délicate. La convention appréciera si elle est propice à un passage de flambeau.
En tout état de cause, je suis à fond derrière le Président Bédié en tant que président de mon parti et en tant que candidat à la candidature du Pdci-Rda pour la joute présidentielle prochaine. Je serai à fond derrière lui s’il est choisi par la convention pour nous mener à la victoire le 31 octobre 2020.
Au sein du Pdci-Rda, il n’y a pas mal de personnalités, jeunes et seniors, qui ont la carrure et la compétence pour conduire les destinées de la Côte d’Ivoire. Je n’en citerai aucun pour ne frustrer personne. Mais, dans les circonstances actuelles, le meilleur choix est le Président Bédié.
Quels sont les arguments qui vous motivent tant à choisir le Président Bédié ?
D’abord, en l’état actuel de nos textes, rien n’empêche le Président Bédié d’être à nouveau Président de la République de Côte d’Ivoire. On veut stigmatiser son âge. C’est ridicule. On sait à quel point l’âge est vénéré en Afrique. Et puis, depuis quand la vieillesse est une maladie ? Pour ma part, je n’ai aucun problème quant au retour du Président Bédié au pouvoir. Ça ne serait qu’un juste retour des choses, une belle réparation d’une injustice qui a fait plonger la Côte d’Ivoire dans le noir. Ce serait aussi une sacrée récompense pour tout le sacrifice qu’il a consenti et continue de consentir pour ce pays.
Cet homme mérite le Prix Nobel de la Paix. Par ailleurs, j’ajoute à cela le fait qu’une présidence de Bédié pourrait ramener la sérénité et être gage de stabilité, de réconciliation et de paix, et partant contribuer à un passage de flambeau réussi. Enfin, l’homme est extrêmement compétent en matière de gouvernance républicaine et démocratique. Le pays a besoin de toutes ses qualités pour non seulement se reconstruire, mais également pour se réconcilier, ramener la Paix et sauver la Nation.
Quels conseils donneriez-vous aux autres potentiels candidats ?
Si on pense aux mêmes personnes, ce sont de grand(e)s hommes et femmes. Je crois qu’ils n’ont pas besoin de mes conseils pour savoir que l’heure est à l’union sacrée et non à la frustration. Avoir de la hauteur et s’impliquer activement auprès du Président Bédié, dans le cadre de la présidentielle à venir, seraient la meilleure attitude pour mieux se positionner dans le futur. De toute façon, le Président Bédié ne fera qu’un seul mandat. A quoi leur servirait-il de se griller maintenant ? Mais, c’est à eux de voir.
En affichant de façon si directe votre parti pris pour le Président Bédié, ne craignez-vous pas d’être l’objet de représailles de la part de ces potentiels candidats, si la donne devait changer en leur faveur ?
Comment ça ? Pouvez-vous être plus explicite ?
Je veux parler des nominations aux postes importants de l’Etat comme ministre, PCA ou directeur général et dans les instances du parti comme Secrétaire exécutif ou vice-président…
Je ne me bats pas pour des postes. Si c’était le cas je serais au Rhdp, via le Rdr, depuis 2013 déjà. Je me bats pour la Côte d’Ivoire. Alors, si nous menons le même combat et qu’on estime que d’autres méritent tel ou tel position par rapport à ma modeste personne, ça me va. Pourvu que les Ivoiriens et Ivoiriennes soient satisfait(e)s et heureux-ses dans leur pays.
On parle de vous comme quelqu’un de charismatique, de compétent et d’un grand sens éthique, qualités que recherchent les électeurs. Dans le Gbêkè, les gens ne tarissent pas d’éloges à votre égard. Seriez-vous intéressé par la Présidence de la République en 2025 ?
Merci pour les compliments, je ne sais pas si je les mérite, mais, rassurez-vous, je travaille au quotidien pour m’améliorer, pour me rapprocher de Dieu, comme j’aime à le dire. Pour répondre à votre question, non je n’y pense pas du tout, pour l’instant. Ma lutte est exclusivement consacrée au retour du Pdci-Rda au pouvoir en 2020. Pour le reste, le temps, qui est un autre nom de Dieu, nous le dira.
Comment jugez-vous la décision du Président Ouattara de ne pas briguer un 3ème mandat ?
Vous avez bien dit troisième mandat. C’est interdit par le Peuple souverain de Côte d’Ivoire, à travers la Constitution. Donc, c’est un non-événement. Je veux tout de même saluer son courage et sa sagesse, même s’il n’avait pas d’autres choix.
Quelle est votre position sur les questions relatives à la Carte nationale d’identité et à la liste électorale ?
Bien entendu, ma position est celle officiellement adoptée par le Pdci-Rda. En tant que délégué du parti, je préfère concentrer mon énergie sur les actions de terrain, l’objectif étant de mettre tout en œuvre, afin de faire enrôler et identifier tous nos militants et sympathisants, hommes et femmes, jeunes et vieux.
A cet effet, mon équipe et moi, aidés par quelques cadres engagés, nous multiplions les actions au quotidien. Cela se traduit concrètement par des réunions et tournées d’information et de sensibilisation, des communiqués radio, des aides financières, des dons matériels et la mise en place de dispositifs matériels et informatiques. Pour parler spécifiquement de la CNI, si le début a été timide, notamment à cause des problèmes administratifs et techniques, sans oublier la crise sanitaire, la situation tend à s’améliorer.
On note beaucoup plus d’engouement depuis mon communiqué radio du mercredi 20 mai 2020. Il faut dire que l’ouverture d’un second bureau au centre culturel Nanan Aka Brou II en plus de celui de la sous-préfecture, la mise en place d’unités additionnelles mixtes et l’affectation d’agents supplémentaires facilitent énormément l’opération. En ce qui concerne l’inscription sur la liste électorale, nous sommes dans la phase préparatoire. Nos militants et sympathisants sont sensibilisés et prêts.
Un mot sur la gestion de la crise sanitaire ?
Je voudrais m’incliner sur la mémoire de tous ceux qui y ont perdu la vie et dire mes condoléances à leurs familles et proches. Je souhaite un prompt rétablissement à ceux qui sont malades. Cela dit, la gestion de la pandémie de COVID-19 nous a ramenés à l’âpre réalité : nous sommes encore loin d’un pays émergent, d’un Etat moderne.
De la gestion de la polémique de l’INJS à la mise en œuvre d’un plan de riposte, en passant par la communication, la politisation de l’assistance ou encore la motivation du personnel de santé, c’est un déplorable spectacle. Cette maladie nous a violemment interpelés sur l’urgence de moderniser notre système de santé dans tous ces aspects et de songer réellement à accorder de l’importance à la recherche scientifique.
Enfin, elle nous a fait comprendre qu’il faut rapidement changer de gouvernance, afin de donner une réelle chance à la construction de la Nation. Heureusement, le 31 octobre prochain, les Ivoiriens et Ivoiriennes en auront l’occasion.
Pensez-vous que cette date sera-t-elle respectée ?
Pour l’instant, c’est la date et notre parti travaille par rapport à cela. Si un report se justifie, cela ne changera rien à notre détermination. Mais, dans une telle hypothèse, le Président doit en tirer les conséquences, notamment sur le plan politique.