Par Iris Fabiola Yaëlle/afriquematin.net
Les conflits fonciers sont de plus en plus récurrents à Abidjan et sa banlieue au moment où la Côte d’Ivoire connait un boom immobilier. Si ces conflits sont couramment liés à la méconnaissance de la législation foncière, aux difficultés pour obtenir, dans des délais raisonnables, les titres de propriété pour faciliter les transactions, la cause principale de ces litiges reste sans nul doute l’action des pouvoirs traditionnels ou propriétaires terriens qui attribuent à plusieurs personnes un même terrain.
En effet, c’est le 8 juin 1999 qu’un protocole d’accord est signé entre les villages d’Akouai-Santai et Akandjé (commune de Bingerville) représentés par leurs chefs respectifs, Ogri Joseph et Bada Gnango Gérard, d’une part et le Ministère du logement et de l’Urbanisme représenté par son Directeur de Cabinet, Nanou Désiré.
La conclusion de cet accord fait suite à plusieurs négociations entreprises par les représentants des deux villages aux motifs que le lotissement de Djorogobité1 est effectué sur des parcelles de terre appartenant aux dits-villages.
Le 14 juin 1999, soit 6 jours après la signature du protocole d’accord, le Ministre du logement et l’urbanisme, d’alors feu Albert Kakou Tiapani, adresse deux lettres d’attribution référencées 991336/MLU/SDU du 14 juin 1999 et 991337/MLU/SDU du 14 juin 1999 au représentant de la communauté villageoise d’Akouai-Santai notamment le Chef du village pour lui notifier les lots revenant à ladite communauté ainsi que les ilots dans lesquels ces lots sont situés.
Ce sont ces lots appartenant au village d’Akouai-Santai que le village de Djorogobité tente aujourd’hui d’arracher à leurs propriétaires, vingt ans plus tard après la signature du protocole d’accord. Et pourtant, les acquéreurs des lots d’Akouai-Santai sont inscrits sur le guide du village et certains ont même leur ACD.
Ce site qui jadis se trouvait fortement enclavé a aujourd’hui pris de la valeur avec le passage de la nouvelle autoroute Abatta-CHU d’Angré, d’où l’intérêt soudain des chasseurs de terrains nus. Les villageois de Djorogobité, sans aucune décision de justice, ont commencé à clôturer les différents terrains et procéder à des fouilles, d’où le mécontentement actuel des populations d’Akouai-Santai et des propriétaires.
Cette situation d’expropriation en cours risque de créer les jours à venir, un affrontement entre les différentes populations. C’est le lieu donc d’interpeler les pouvoir publics afin de prendre les dispositions pour le règlement à l’amiable de cet autre conflit qui risque d’embraser la zone.