Un mois après la démission de Guillaume Soro du perchoir, poussé vers la sortie à cause de son refus d’adhérer au Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et le progrès(RHDP), l’Assemblée nationale ivoirienne a un nouveau président.
Il s’appelle Amadou Soumahoro qui l’a emporté face à Jérémie N’Gouan du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda).Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que le Rhdp est majoritaire à l’Assemblée et que son candidat bénéficiait du soutien d’une vingtaine de députés du Pdci-Rda, favorables au parti unifié à l’origine de tout le branle-bas sociopolitique que connait la Côte d’Ivoire si fait que les alliés d’hier sont subitement devenus des ennemis.
En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la présidentielle de 2020 promet d’être épique et électrique – au regard de la recomposition actuelle de la classe politique. A cela il faut ajouter la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo qui, on le sait, compte toujours des milliers de militants et de sympathisants. On pourrait donc assister au « tout sauf Ado » d’autant le chef de l’Etat s’est mis à dos son frère ainé Henri Konan Bédié et son désormais ex- bras qui, rappelons-le, a contribué à le faire roi. C’est dire qu’Ado risque gros.
Pour preuve, Soro a déjà montré des signes de rapprochement avec les deux poids lourds du landerneau politique ivoirien que sont Bédié et Gbagbo. C’est de bonne guerre. Car, quoi que l’on puisse dire, l’on ne peut pas reprocher à l’enfant de Korhogo de faire valoir ses ambitions même si sa démarche, il faut le dire, n’est pas exempte de risques. Et pour cause, d’abord, sans le parapluie du pouvoir, l’on sait que l’ex-président de l’Assemblée nationale, tout comme Ouattara, est un client potentiel de la Cour pénale internationale (CPI). Si pour l’instant, en raison de leur position au pouvoir, les responsabilités des leaders de l’ex-rébellion dans les violences post-électorales n’ont pas été établies, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas les mains tachées de sang.
A cette menace qui plane comme une épée de Damoclès sur la tête du jeune leader sénoufo, il faut ajouter toutes les embuches que ne cesseront de jeter sur la route, ses désormais adversaires politiques pour le faire trébucher.
Par ailleurs, en passant du camp de la majorité présidentielle à celui de l’opposition, Soro Guillaume doit s’attendre à des défections dans son propre camp ; ce qui ne sera pas sans fragiliser davantage ses assises. Cela dit, son départ de la majorité présidentielle ne sera pas non plus une piqûre indolore pour le président Ouattara. Car, non seulement Alassane Dramane Ouattara perd un compagnon de lutte dont les coups de canon ont permis son accession au pouvoir, mais aussi il donne la preuve qu’en politique, les alliés d’hier peuvent devenir des adversaires. En effet, après avoir roulé dans la farine Henri Konan Bédié et ses compagnons d’infortune, c’est de Guillaume Soro qu’il se débarrasse comme un malpropre, rendant encore plus difficile l’équation de la réconciliation nationale dans un pays où les plaies consécutives à la crise post-électorale de 2010-2011, sont encore béantes.
Source : allafrica.com