Le combat du siècle a eu lieu le 30 Octobre 1974 à Kinshasa en Rdc (ex-Zaïre). Cette confrontation physique qui a opposé Mohamed Ali, alors champion du monde à Georges Forman, a été très épique. Georges Taï Benson revient, sur cet évènement qui a marqué tous les Ivoiriens.
Vous avez suivi avec beaucoup d’attention cet évènement, considéré comme mondial. A votre avis, les Ivoiriens avaient-ils une préférence pour ce combat entre Mohamed Ali et George Foreman ?
Faut-il savoir que Cassius Clay (Mohamed Ali), c’est par ce premier nom que tous les peuples l’appelaient a été champion olympique. Ensuite, il a rejeté le nom des esclaves. Alors ça, les Africains, ils bouillonnent pour ça ! Ensuite, il dit qu’il ne va pas au Vietnam, on lui enlève son titre, il est un martyr et il revient, il renaît. Ah non… C’est Mohamed Ali et personne d’autre !
A votre avis, pour ce combat du siècle, était-il attendu à Kinshasa ou à Abidjan ?
S’il y avait un mot plus grand que ça, j’allais l’utiliser, il y avait un ouragan d’attente. D’abord, nous avons une tradition de boxe ici (en Côte d’ivoire), parce que le président de la République, Félix Houphouët-Boigny, aimait et adorait la boxe.
Je présentais une émission d’anthologie de boxe un samedi après-midi, « Les Grands Combats d’Autrefois ». Je vous rappelle qu’il suivait avec attention ces différentes séances. Alors, le président m’appelait parfois, avant l’émission pour me demander « s’il y avait un KO dans le combat du jour ». Et lorsque je lui répondais qu’il n’y avait pas de KO, je devais changer le programme. Donc nous avions cette habitude-là de boxe.
Pour ce derby, la télévision ivoirienne devrait-elle acheter des droits de retransmission du combat en direct ? Comment avez-vous procédé pour tenir les Ivoiriens jusqu’à une heure aussi tardive (3h du matin) devant leur télé ?
On avait loué le boxing club de Treichville, d’alors, le Palais des Sports où j’ai fait un programme de boxe et de variétés, un combat, des chanteurs, etc. Et ça a maintenu les gens en éveil et c’est au moment où ce combat allait passer, qu’on se rend compte que nous n’aurions que le son international, vu l’ambiance du stade de Kinshasa, on n’avait pas le son avec le commentaire français.
Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
Il y avait une pression, tu as le président et le peuple qui n’a pas dormi, qui a attendu, puis tu vas venir leur dire : « On n’a pas les images, on n’a pas le son »… mais tu es fusillé par tout le monde le lendemain !
Certaines langues ont raconté que pour assurer le commentaire en direct, vous décidiez de foncer de Treichville jusqu’au siège de la RTI ? Quel(s) commentaire(s) ?
Personne n’était presque visible dans les rues, tout le monde était t rentré et resté devant son écran de télévision ou alors au Palais des Sports. -Je me rappelle que je suis rentré en vitesse à la télévision cette nuit-là.
Et là, aussi tôt rentré, à l’antenne, on me met rapidement le casque et puis j’affabule : « Mesdames et messieurs, bonjour, nous sommes arrivés en retard, malheureusement au stade de Kinshasa… ». Personne ne s’en rend compte. Je suis fier de dire que cette nuit-là, nous avons évité une catastrophe et nous avons fait plaisir au président Houphouët. Mais surtout, nous avons fait plaisir à cinq millions d’Ivoiriens.
Apparemment le combat a été suivi, comment les populations ont-elles réagi au chaos de George Foreman et de la victoire de Mohamed Ali ?
Quand il est tombé, moi j’ai enlevé mon casque. Ah oui ! J’ai jeté le casque ! Et j’entendais le bruit de dehors : « Oh ! Ali ! Ali ! Ali ! ». On a rapidement pris une caméra… en tant que journaliste, en tant que reporter, tu es excité par ça ! Autant je suis revenu du Palais des Sports où il n’y avait personne… autant le match terminé, par boutade, c’est l’équipe nationale de Côte d’Ivoire qui venait de gagner la Coupe d’Afrique et les spectateurs, et les téléspectateurs scandaient « Ali ! Ali ! Ali ! Ali ! », où dans les rues, les gens se sont éparpillés et contents. -C’était fantastique.
Quel a été le sentiment aussi des Ivoiriens après ce combat entre Mohamed Ali et George Foreman ?
J’ai senti de la fierté, tout le continent était fier de voir deux grands champions quand même venir sur le sol africain. Et puis susciter tant d’émotions, de respect, etc. Mais surtout, un champion exceptionnel, Mohamed Ali.
Source : rfi.fr avec afriquematin.net
N.B : Le titre est de la Rédaction