Premier ministre et membre d’un parti écologique de gauche en Islande, Katrin Jakobsdottir semble satisfaite que son pays soit en dehors de l’Union Européenne, étant donné les échecs de la zone euro. Elle n’épargne pas non plus l’OTAN.
Katrin Jakobsdottir, Premier ministre islandais depuis novembre 2009 et leader du Mouvement des verts et de gauche de son pays, ne s’est pas montrée tendre avec l’Union européenne (UE) dans une interview publiée le 29 octobre par le journal en ligne Eurobserver. «Je ne pense pas que nous devrions entrer dans l’UE maintenant. Je pense qu’il n’y a aucune raison de postuler», déclare-t-elle en premier lieu. Elle se dit ainsi «critique» à l’égard des politiques économiques de l’UE, en s’étonnant que la zone euro ait été créée «sans qu’aucune politique fiscale et d’imposition ne soit réellement centralisée».
Katrin Jakobsdottir lance en outre une violente diatribe contre les institutions de l’UE, considérant la Banque centrale européenne comme «très puissante sans être très démocratique». Elle constate de fait que «les politiques économiques de l’UE sont très éloignées des citoyens de la zone euro et ont créé des divisions qui ne devraient pas exister».
Si l’Islande a bel et bien demandé l’adhésion à l’Union Européenne en 2009, les différentes élections nationales ont remis en cause le processus, notamment avec l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2013. Reykjavík a ainsi officiellement abandonné le processus en mars 2015. Toutefois, l’Islande est restée membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et de l’Espace économique européen (EEE), deux unions destinées à favoriser des accords libre-échange avec le continent. Le chef du gouvernement confesse d’ailleurs que le libre-échange avec l’UE a sans aucun doute été bénéfique pour l’Islande : «La position de l’Islande au sein de l’EEE nous a été bénéfique.»
«Quand nous examinons notre économie, notre structure sociale et notre processus décisionnel, je pense que nous nous en sommes bien tirés sans être membres de l’UE», ajoute-t-elle.
L’Islande restera dans l’OTAN malgré l’opposition du Premier ministre
Actuellement, Katrin Jakobsdottir forme une coalition avec plusieurs formations de droite. Celle-ci ne compte pas remettre en cause l’adhésion de l’Islande à l’OTAN, datant de 1949. Pour autant, Katrin Jakobsdottir et son parti ne sont pas sur la même ligne politique concernant l’Alliance atlantique : «La position de mon parti est que nous sommes contre l’adhésion de l’Islande à l’OTAN. Cependant, nous sommes le seul parti au Parlement islandais à tenir cette position.»
«Nous reconnaissons qu’il existe une forte majorité en Islande en faveur de l’adhésion à l’OTAN, mais nous ne sommes pas favorables à l’idée d’une présence militaire permanente ici en Islande», poursuit-elle en défendant la diplomatie et en désapprouvant «toute militarisation accrue de l’Atlantique Nord».