Par Jean Levry – Afriquematin.net
La Banque mondiale a présenté, le jeudi 12 juillet 2018 au gouvernement ivoirien, son 7ème rapport sur la situation économique de la Côte d’Ivoire intitulé « Pour que demain ne meure jamais : La Côte d’Ivoire face au changement climatique ». La cérémonie qui a eu lieu à l’auditorium de la Primature a permis à l’institution de donner un certain nombre d’informations primordiales pour le développement du pays.
Outre la croissance économique avoisinant les 8% en 2018 mais qui n’est pas encore inclusive, il ressort de ce rapport que « la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique ». Le pays occupe la 147ème place sur 178, en raison de sa position géographique, la structure de son économie et de son manque de préparation. En plus, note la Banque mondiale, « la Côte d’Ivoire est l’un des pays avec le taux de déforestation le plus rapide au monde ».
Selon Pierre Laporte, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, « plusieurs causes expliquent la dégradation du capital naturel de la Côte d’Ivoire. Certaines sont humaines, d’autres naturelles. De plus en plus, les scientifiques s’accordent à donner une place prépondérante au changement climatique. »
Les récentes inondations à Abidjan sont là pour témoigner de cette menace écologique qui plane sur la Côte d’Ivoire. Pour faire face à ce défi climatique qui est une question de survie pour le pays, le rapport de la Banque mondiale recommande « une prise de conscience urgente et collective », car « l’inaction coûte plus chère que l’action ». Autrement dit, « bien que les coûts d’une stratégie de résilience soient indéniablement élevés pour le pays, ceux-ci seront inférieurs à l’inaction et ils pourront être compensés par des opportunités d’investissements climato-intelligents dans les secteurs porteurs qui créeront de nouveaux emplois.»
Le gouvernement qui l’a certainement compris, s’est engagé à mettre en place une politique d’adaptation face aux dangers du changement climatique en fixant la réduction de gaz à effet de serre à 28% d’ici 2030. Cependant, l’érosion côtière constituant un autre défi à relever pour la Côte d’Ivoire dont 2/3 du littoral est affecté. Ce phénomène, prévient Jacques Morisset, Coordonnateur sectoriel macroéconomie pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso et le Togo à la Banque mondiale et par ailleurs auteur du rapport, menace directement les populations ivoiriennes par la destruction de leurs habitations et le bouleversement de leurs moyens de subsistance, occasionnant ainsi des migrations susceptibles de provoquer des conflits.
Adama Koné, ministre de l’économie et des finances, représentant le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a, pour sa part, reconnu la pertinence du rapport et de son intitulé. Il a annoncé une table ronde pour la mobilisation de fonds en vue de la restauration du couvert forestier, de la résilience des régions côtières et la réforme de la cacao-culture sur lesquels le rapport met un accent particulier. « Pour nous, tout doit être mis en œuvre pour que demain ne meure jamais en Côte d’Ivoire », a-t-il conclu.